Le Saker
Israël pousse (une fois de plus) à la
guerre contre l’Iran
Moon of Alabama

Vendredi 27 novembre 2020
Par
Moon of Alabama – Le 25 novembre
2020
Une campagne est
en cours cherchant à pousser le
président américain Donald Trump à
attaquer l’Iran avant qu’il ne quitte
son poste. Il est probable que le
Premier ministre israélien Benjamin
Netanyahou, avec l’aide du secrétaire
d’État Mike le Pompeux, soit le cerveau
de cette campagne.
La campagne a
débuté le 16 novembre avec un article du
New York Times qui
affirmait que Trump avait demandé
qu’on lui présente les options pour
bombarder l’Iran :
Le président Trump
a demandé à ses principaux conseillers,
lors d'une réunion du Bureau ovale
jeudi, s'il y avait des opportunités
pour agir contre le principal site
nucléaire iranien dans les semaines à
venir. La réunion a eu lieu le lendemain
du jour où les inspecteurs
internationaux ont signalé une
augmentation significative du stock de
matériel nucléaire dans le pays, ont
déclaré lundi quatre responsables
américains, en poste et en retraite.Certains
conseillers de haut niveau ont dissuadé
le président d'aller de l'avant avec une
frappe militaire. Les conseillers - dont
le vice-président Mike Pence, le
secrétaire d'État Mike Pompeo,
Christopher C. Miller, le secrétaire à
la défense par intérim, et le général
Mark A. Milley, le chef d'état-major des
armées - ont averti qu'une frappe contre
les installations de l'Iran pourrait
facilement dégénérer en un conflit plus
important dans les dernières semaines de
la présidence de M.Trump.
Il est peu probable
que Trump veuille ruiner son héritage en
lançant une autre guerre au
Moyen-Orient. Il veut se représenter à
la présidence en 2024. L’un de ses
principaux arguments de vente était et
reste « l’Amérique d’abord »,
c’est-à-dire éviter les guerres qui
n’ont aucune valeur pour les États-Unis.
Il existe un
précédent pour une telle campagne
israélienne. En 2008, Netanyahou avait
également essayé de pousser
l’administration Bush sortante à lancer
une guerre contre l’Iran :
Au cours des
derniers jours de l'administration Bush
en 2008, les responsables israéliens,
craignant que l'administration Obama
entrante ne cherche à l'empêcher de
frapper les installations nucléaires de
l'Iran, ont cherché à obtenir des
États-Unis des bombes anti-bunker, des
bombardiers et l'aide des services de
renseignement pour une frappe dirigée
par Israël.Le vice-président
Dick Cheney a écrit plus tard dans ses
mémoires qu'il soutenait cette
initiative. Mais pas le président George
W. Bush...
Bien qu’Israël ait
les capacités d’attaquer l’Iran, il
n’osera jamais le faire sans le soutien
explicite des États-Unis.
Mike le Pompeux,
l’équivalent de Cheney dans la tentative
actuelle d’entraîner les États-Unis vers
une guerre, veut également se présenter
à la présidence – si ce n’est en 2024,
alors plus tard. Il a 56 ans et peut
attendre encore quelques années. Il
essaie actuellement d’obtenir le soutien
du vote évangélique et de la campagne
sioniste en faisant autant que possible
plaisir à Israël :
Lors de sa récente
visite en Israël, le secrétaire d’État
Mike Pompeo a ajouté de nouvelles
sanctions contre l'Iran tout en publiant
une déclaration du Département d’État
défendant la tactique de "pression
maximale" de Trump contre la République
islamique. Il s'est vanté des dommages
causés à l'économie iranienne : "La
campagne de pression maximale contre le
régime iranien continue d'être
extraordinairement efficace.
Aujourd'hui, l'économie iranienne est
confrontée à une crise monétaire, à une
dette publique croissante et à une
inflation en hausse. Avant la campagne
Pression maximale, l'Iran exportait près
de 2,5 millions de barils de pétrole par
jour. Maintenant, il se bat pour
exporter à peine un quart de ce volume".
La campagne
israélienne pour une nouvelle guerre
s’est accompagnée de plusieurs
« fuites » assez sensationnelles qui ont
mis en évidence
un tel événement :
Les États-Unis ont
rapidement déployé plusieurs bombardiers
lourds au Moyen-Orient cette semaine,
dans une menace apparente contre l'Iran,
sur fond de spéculations disant que le
président américain Donald Trump prévoit
de mener une action militaire contre
Téhéran avant l'entrée en fonction du
président élu Joe Biden. ...Chose inattendue,
des avions B-52H Stratofortress ont été
vus voler vers l'espace aérien israélien
samedi, en route vers la base où ils
seront stationnés, probablement au
Qatar. Les avions ont été repérés
s'approchant d'Israël sur un logiciel de
suivi civil avant qu'ils n'éteignent
leurs transpondeurs, les rendant ainsi
invisibles pour ces applications.
La rotation de
bombardiers B-52 vers le Qatar est
loin d’être inattendue :
C'est la troisième
fois en un an et demi que des
bombardiers B-52, capables de
transporter des armes nucléaires et
d'autres munitions puissantes, ont été
déployés dans la région dans le cadre de
menaces tacites envers l'Iran.
La base du Qatar
est le point de lancement des B-52 pour
l’appui aérien en Afghanistan. Comme
les États-Unis réduisent actuellement
leurs effectifs en Afghanistan dans le
contexte d’une recrudescence de
l’activité des talibans, un soutien
aérien supplémentaire est nécessaire
pour couvrir cette retraite.
À la manière
typique de Netanyahou, une récente
« réunion secrète » entre Pompeo,
Netayahou et le prince Muhammad bin
Salman d’Arabie Saoudite a été
divulguée immédiatement après
qu’elle ait eu lieu. Le fait qu’il y ait
eu une fuite intentionnelle rend peu
probable que la réunion ait porté sur
une attaque imminente contre l’Iran :
L’information
contradictoire de lundi concernant cette
rencontre - les médias israéliens ont
affirmé qu'elle avait eu lieu, sans
aucune source d'information, et le
ministre saoudien des affaires
étrangères l'a nié - a mis en lumière la
politique intérieure de chaque pays et a
montré à quel point les deux pays
restaient éloignés de la perspective
d'un échange d'ambassadeurs. ...
M. Netanyahu, qui a
souvent été accusé de divulguer des
informations à des fins politiques,
avait de bonnes raisons de clamer que
les relations avec l'Arabie saoudite
allaient s'intensifier. Il est désireux
d'améliorer sa position chez lui en tant
que leader capable de transformer les
ennemis d'Israël en amis et de détourner
l'attention des allégations de
corruption.Le calcul est
différent pour le prince Mohammed, qui a
dit aux visiteurs américains qu'il ne
considère pas Israël comme un ennemi
mais que l'ouverture trop rapide de
relations officielles pourrait inspirer
les extrémistes et être utilisée contre
lui dans une région où Israël reste
impopulaire.
Une autre « fuite »
israélienne aujourd’hui est également
destinée à
donner l’impression d’une attaque
imminente contre l’Iran :
Ces dernières
semaines, les forces de défense
israéliennes ont reçu l'instruction de
se préparer à la possibilité que les
États-Unis mènent une attaque militaire
contre l'Iran avant que le président
Trump ne quitte ses fonctions, me disent
de hauts responsables israéliens. ...
De hauts
fonctionnaires israéliens me disent
qu'ils s'attendent à ce qu'Israël soit
prévenu avant toute attaque américaine
contre l'Iran. Mais ils craignent que
cela ne soit pas suffisant pour se
préparer pleinement. D'où l'ordre donné
à l’armée israélienne de commencer à
prendre des mesures préparatoires en
partant du principe qu'un tel scénario
est possible.
L’Iran a réagi à la
campagne israélienne en soulignant que
toute attaque contre lui dégénérerait en
une
guerre plus importante :
Un conseiller du
chef suprême iranien, qui est un
candidat possible à la présidence en
2021, avertit que toute attaque
américaine contre la République
islamique pourrait déclencher une
"guerre à part entière" au Moyen-Orient,
pour les derniers jours de
l'administration Trump. S'adressant à
Associated Press, Hossein Dehghan a
adopté un ton dur, familier pour les
membres des Gardiens de la révolution,
une force paramilitaire iranienne dans
laquelle il a longtemps servi avant de
devenir ministre de la défense sous le
président Hassan Rouhani.
(Pourquoi un
avertissement d’escalade potentielle, si
l’Iran devait être attaqué, est-il
qualifié de « ton dur » au lieu d’être
une évidence ?)
L’Iran a également
demandé à ses alliés de la
« résistance »
d’éviter les provocations qui
pourraient servir de prétexte à une
attaque :
L'Iran a demandé à
ses alliés au Moyen-Orient d'être en
état d'alerte et d'éviter de provoquer
des tensions avec les États-Unis qui
pourraient donner à l'administration
sortante de Trump une raison de lancer
des attaques dans les dernières semaines
du mandat du président américain, ont
déclaré des responsables irakiens.
L’ordre, donné en
personne par le commandant par
procuration des Gardiens de la
Révolution à l’étranger, le brigadier
général Ismail Qaani, a été lancé un
jour après que sept roquettes aient
atterri près de l’ambassade américaine à
Bagdad.
Que cette adresse
au calme soit rendu public permettra de
qualifier tout nouvel incident de
provocation sous fausse bannière.
Au cours des 20
dernières années, toutes les nombreuses
rumeurs d’attaques imminentes contre
l’Iran ont été le produit de la
propagande israélienne. Je ne vois pas
pourquoi cette fois-ci serait
différente.
Israël n’ose pas
attaquer l’Iran. Le Hezbollah, l’allié
de l’Iran au Liban, a suffisamment de
missiles pour détruire l’industrie
israélienne. Et puis il y a ceci :
Aᴍɪʀ @AmirIGM -
8:39 UTC - 4 nov. 2020L'Iran montre ce
qui est essentiellement un système pour
lancer des missiles à une fréquence
rapide depuis ses sanctuaires de
missiles souterrains. Cela compense le
faible nombre de ports de lancement dans
ces bases et augmente la possibilité de
déborder les systèmes anti-missiles ABM.
-
vidéo

Les tentatives de
Netanyahou de manipuler les États-Unis
afin qu’ils attaquent l’Iran ont été
multiples. Mais l’héritage de Trump est
en jeu. Je doute fort qu’il le risque
pour une attaque qui aurait des
conséquences immenses et imprévisibles.
En quoi lui
serait-elle bénéfique ?
Moon of Alabama
Traduit par Wayan,
relu par Jj pour le Saker Francophone
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