Moyen-Orient
L’Iran reste calme pendant que les
États-Unis et
la Grande-Bretagne continuent leurs
provocations
Moon of Alabama
Samedi 13 juillet 2019
Par
Moon of Alabama – Le 11 juillet 2019
La Grande-Bretagne
s’est jointe à la campagne de pression
et de provocation des États-Unis contre
l’Iran. Elle crée des incidents pour
mettre l’Iran dans une position
défensive et essayer de provoquer une
réaction violente.
Tôt dans la
journée, « deux responsables
américains» ont diffusé une histoire
effrayante sur l’Iran qui a conduit à
cette
manchette de CNN : « Des
bateaux iraniens ont tenté de s’emparer
d’un pétrolier britannique dans le
détroit d’Ormuz»
Des bateaux
iraniens armés ont tenté en vain de
saisir un pétrolier britannique dans le
golfe Persique mercredi, selon deux
responsables américains ayant eu
directement connaissance de l'incident.Le pétrolier
British Heritage quittait le golfe
Persique et traversait la région du
détroit d'Ormuz lorsqu'il a été approché
par des bateaux du Corps des gardiens
de la révolution islamique
iranienne.
Les Iraniens ont
ordonné au pétrolier de changer de cap
et de s'arrêter dans les eaux
territoriales iraniennes voisines, selon
les autorités.
Les mêmes ‘deux
fonctionnaires américains’ ont
informé ABCNews :
Un navire de guerre
britannique a empêché cinq petits
bateaux iraniens de tenter de diriger un
pétrolier britannique vers les eaux
iraniennes mercredi, selon deux
responsables américains.
Fait remarquable,
le rapport officiel britannique fut
publié après que ces responsables
américains aient répandu l’information.
Il expose quelques différences
significatives :
Le ministère
britannique de la Défense a déclaré que
"trois navires iraniens ont tenté
d'empêcher le passage d'un navire
commercial, le British Heritage, à
travers le détroit d'Ormuz"."Le HMS Montrose
a été forcé de se positionner entre les
navires iraniens et le British Heritage
et d'émettre des avertissements verbaux
aux navires iraniens, qui se sont
ensuite détournés", selon le
communiqué du ministère.
...
"Il n'y a pas eu
de confrontation au cours des dernières
24 heures avec des navires étrangers, y
compris britanniques", ont déclaré
les Gardiens de la révolution
dans un communiqué.
Les fonctionnaires
américains ont parlé de cinq bateaux,
pas de trois. Ils ont prétendu que les
bateaux ont essayé de s’emparer du
navire, alors que les Britanniques ont
simplement dit qu’ils se trouvaient
probablement sur le chemin du navire.
Ces deux fonctionnaires américains ne
semblent pas avoir une telle
«connaissance directe de l’incident».
De son coté, l’Iran dit qu’il ne s’est
rien passé du tout.
Il y a de fortes
raisons de croire que la déclaration
iranienne est la plus proche de la
vérité.
Le British
Heritage est un
transporteur de pétrole brut d’une
longueur hors tout de 274 m, d’une
largeur de 49 m et d’un tirant d’eau
maximal de 17,8 m. Il est inconcevable
que trois bateaux rapides de 20 pieds
[environ 6 mètres, NdT] en fibre de
verre, typiques de ceux qu’utilisent les
Gardiens de la Révolution,
puissent tenter de « saisir » ou
même « gêner » un navire aussi
énorme.
Selon CNN,
le navire venait de Bassorah, en Irak,
s’était arrêté sur la côte saoudienne et
avait ensuite quitté le golfe Persique.
Il ne transportait aucune cargaison au
moment de l’incident. C’est assez
curieux, car un transporteur de pétrole
brut est généralement chargé et ne livre
pas de pétrole brut aux pays du golfe
Persique.
Voici une carte
maritime du dernier trajet du British
Heritage.
Il est également
intéressant de noter que le navire avait
coupé son signal AIS, voir la ligne
pointillée, pendant son passage dans le
détroit d’Ormuz.
CNN a
également noté que :
Le 10 juillet, le
navire avait éteint ses transpondeurs
pendant près de 24 heures, ce qui le
rendait indétectable par les radars.
Lorsqu'il a mis en marche ses
transpondeurs vers 13 h, il semble qu'il
avait traversé le golfe Persique escorté
par le HMS Montrose.
Éteindre son AIS
dans une zone à forte circulation et
surtout la nuit est très dangereux.
L’AIS signale le type, la vitesse et le
cap d’un navire, et d’autres navires
utilisent ces données pour planifier
leur propre route. Mais même sans AIS,
le navire sera toujours visible sur les
radars de surveillance iraniens qui
contrôlent le détroit d’Ormuz. Un navire
perçu sur écran radar mais sans signal
AIS est donc suspect.
Pourquoi le
vaisseau britannique faisait-il une
telle chose ? S’agissait-il d’une
tentative pour attirer l’attention des
garde-côtes ou de l’armée iranienne ?
Il me semble que ce
pétrolier britannique vide, qui était
suivi par une frégate britannique,
servait d’appât. Il y avait probablement
des Royal Marines à bord en attente
d’une tentative iranienne de s’emparer
du navire. L’Iran ne s’est pas fait
avoir.
Le 4 juillet,
l’armée britannique postée à Gibraltar
a détourné le pétrolier Grace 1 qui
transportait du
pétrole brut iranien vers la Syrie.
Le navire avait prévu de
s’approvisionner à Gibraltar. L’enclave
sous contrôle britannique n’a
modifié sa réglementation locale
qu’un jour avant l’arrivée du navire :
Un nouveau
règlement, introduit le 3 juillet,
permet à Gibraltar de désigner et
d'immobiliser des "navires spécifiés"
pour une durée maximale de 72 heures si
son préfet a des motifs raisonnables de
soupçonner une infraction aux règlements
de l'UE.
En plus, Grace 1
peut être retenu jusqu'à ce que toute
autre procédure judiciaire, même lancée
dans d'autres juridictions, contre les
propriétaires du pétrolier soit réglée.
La saisie a déclenché une querelle
diplomatique entre le Royaume-Uni et
l'Iran, même s’il apparaît que la
capture a été effectuée à la demande des
États-Unis.
Tomasz Wlostowski,
avocat spécialisé dans les affaires
réglementaires de l’UE, a constaté qu’il
n’existait
aucune base juridique dans la
législation et la réglementation de l’UE
en matière de sanctions pour saisir ce
pétrolier.
Aujourd’hui, la
police de Gibraltar
a arrêté le capitaine du navire :
Gibraltar Chronicle
@GibChronicle -
14:45 UTC - 11 Jul 2019La police de
#Gibraltar a arrêté le capitaine et
l'officier en chef du superpétrolier
Grace 1, soupçonné d'avoir enfreint
les sanctions de l'UE contre la Syrie, a
confirmé un porte-parole de la police
royale de Gibraltar.
Le porte-parole a
également confirmé que des documents et
des appareils électroniques ont été
saisis sur le navire.
Les deux hommes ont
été arrêtés jeudi après-midi et
interrogés. Aucune des deux n'a été
inculpé à ce stade et les enquêtes se
poursuivent.
Le 3 juillet, un
avion espion de l’armée américaine
avait franchi à deux reprises
l’espace aérien iranien, probablement
pour provoquer une réaction. Le piratage
du Grace 1, le 4 juillet,
constitue une autre provocation de
l’Iran, prévue par les États-Unis mais
exécutée par les Britanniques. Le
passage du British Heritage, à
vide et sans AIS mais avec une escorte
militaire semble être une ultime
tentative pour pousser l’Iran à un acte
de revanche. Comme cela n’a pas
fonctionné, John Bolton a diffusé
l’histoire effrayante d’une tentative
ratée de « saisie » du navire.
Les Britanniques disent que l’incident
était moins grave, et l’Iran
dit que cela ne s’est jamais
produit. L’arrestation du capitaine du
Grace 1 est un échelon de plus
sur l’échelle de la provocation.
Les gens qui ont
planifié ces provocations ne comprennent
pas comment l’Iran agit et réagit. Il
est évident que ses forces militaires
ont l’ordre de ne pas réagir aux
provocations, car cela pourrait
permettre aux John Bolton de ce monde
d’escalader vers une guerre.
L’Iran réagira à
ces provocations et surtout à la saisie
de son pétrolier par les Britanniques.
Mais, comme nous l’avions déjà noté dans
un
article précédent, ses réactions à
de tels incidents sont presque toujours
asymétriques et surviendront à un
endroit et à un moment inattendus.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan,
relu par Jj pour le Saker Francophone
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