Russie politics
Election présidentielle russe:
Sobchak 1 - Navalny ?
Karine Bechet-Golovko
Lundi 22 janvier 2018
La carte de l'opposition médiatique se
précise: Ksénia Sobchak vient d'obtenir
ses 100 000 signatures, nécessaires à
l'officialisation de sa candidature à
l'élection présidentielle russe et
Alekseï Navalny vient de voir fermer le
Fonds qui s'occupait du financement de
son état-major de campagne, sans être
toutefois candidat.
Navalny et Sobchak font tous les deux
l'actualité de la marge politique russe.
La marge, car ils ne représentent rien
en capacité positive électorale, mais
ont une capacité de nuisance qui n'est
pas négligeable.
De son côté. A. Navalny prévoit
d'organiser le 28 janvier une grande
démonstration de force publique des
"Electeurs en grève", puisque le 30
décembre dernier la Commission
électorale a osé refuser d'enregistrer
sa candidature (malgré les pressions
internationales) en raison de son casier
judiciaire, pour le moins non vierge.
Evidemment, n'étant pas candidat, il est
difficile d'avoir un état-major à
financer, ce dont s'occupait son
Fond, qui vient d'être liquidé par
la justice et avait
perçu plus de 275 millions de
roubles.
K. Sobchak, elle,
s'oppose officiellement à cette
démarche, car elle estime nécessaire de
participer aux élections pour donner le
choix aux gens. Ce qui est absolument
logique. Ce qui l'est moins est de
donner un choix "négatif" - contre tous,
quand il est important de convaincre
avec un programme positif - à moins que
les grandes positions de ce programme ne
puissent obtenir de soutien populaire,
alors autant le faire oublier ...
Elle a toutefois réussi à obtenir ses
100 000 signatures populaires, même
si certains bruits plus que dérangeants
courent, notamment sur certaines "aides"
surprenantes venant d'administrations
locales.
Quoi qu'il en soit, ces individus ne
représentent aucune force politique en
tant que telle - pour le moins à
l'intérieur du pays. Chacun à sa manière
développe une démarche destructrice. Du
côté de Sobchak, la
destruction se veut intérieure,
systémique, par la participation et la
négation de la valeur politique et
démocratique du système, le
candidat contre tous. Mais au
moins c'est le jeu démocratique que
d'intégrer aussi ceux qui le dénient. Du
côté de Navalny, l'attaque
est extérieure: il s'agit de
discréditer la démarche électorale par
ce nouveau mouvement de "grève
générale électorale", médiatisé
par lui. Des jeunes distribuant des
prospectus appelant à manifester contre
ces élections.
Le profile de ces
activites fait plus penser à des paumés,
qu'à des personnes ayant un projet
positif pour améliorer la société ...
La technologie de
déstabilisation électorale s'est
améliorée par rapport aux autres pays
d'Europe de l'Est, il est vrai que la
Russie demande des efforts
supplémentaires. Il n'est plus
nécessaire d'attendre que les élections
aient lieu pour contester leur
légitimité, c'est leur principe même qui
est en jeu. Qu'il s'agisse de
l'intérieur par Sobchak, ou de
l'extérieur par Navalny. Ces énergumènes
sont finalement très complémentaires,
au-delà de la farce jouée de leur
combat grotesque. Ils emploient les
mêmes méthodes et poursuivent finalement
le même but. C'est peut-être la raison
pour laquelle Sobchak se dit
prête à travailler et avec Navalny,
et avec Khodorkovsky.
Quel avenir haut en
couleur! Il faudra bien choisir la
couleur de celle-ci. Mais chaque chose
en son temps.
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