Opinion
Pour en finir avec
l'imposture du nucléaire iranien
Karim R’Bati
Vendredi 22 novembre 2013
Contrairement à une certaine idée
reçue, bien ancrée dans les esprits, à
force de propagande médiatique, il n’y a
pas de bonnes ni de mauvaises bombes
nucléaires. Elles sont toutes sales,
dangereuses et chacune d’elles fait
peser, à elle seule, une lourde menace
sur la paix mondiale. Ce postulat étant
admis, on ne saurait établir que deux
catégories de pays dans le monde : des
pays dont le territoire est sanctuarisé
par des têtes nucléaires et des pays
dont le territoire ne l’est pas. Si l’on
ajoute à cela que le principe même d’une
bombe nucléaire, sa raison d’être si
vous voulez, est de ne pas être
utilisée, c’est-à-dire de servir comme
moyen de dissuasion, alors le constat le
plus évident ne peut que s’imposer de
lui-même. Et il est le suivant :
Tout l’arsenal mondial des armes
nucléaires ne sert à rien, si ce n’est à
menacer le destin de l’humanité toute
entière, cela n’est qu’une vérité
première. Or, au lieu de l’admettre, si
le club fermé des états hégémoniques,
qui pérore au nom de la communauté
internationale, en d’alimentant
l’imposture d’une prétendue menace que
représenterait tel ou tel pays tiers,
alors le bon sens le plus élémentaire
exigerait de nous, citoyens du monde,
que l’on décide librement entre deux
alternatives :
I.- Que tous les pays souverains, y
compris l’Iran ou la Corée du nord,
exercent pleinement leur droit de
sanctuariser leur territoire d’une
manière ou d’une autre et, notamment, en
se dotant de l’arme nucléaire.
II- Que toutes les puissances
nucléaires procèdent à l’élimination de
leurs stocks d’armes de destruction
massive, de sorte que toute menace
nucléaire ou toute terreur dissuasive ne
soit plus l’apanage de quelques états
voyous.
Nous en arrivons, donc, à deux destins
possibles, deux avenirs virtuels : dans
le premier, on peut imaginer un monde de
nations pleinement souveraines, aux
territoires sanctuarisés et où l’arme de
dissuasion nucléaire, démocratisée et à
portée de tous, représenterait sinon le
plus grand des dangers pour le devenir
de l’humanité sur terre – mais c’est
déjà cas aujourd’hui – du moins le plus
radical des instruments au service de
l’équilibre de la terreur et,
paradoxalement, de la paix. Quant au
second destin, il serait assurément
celui d’un monde pacifié, sans aucun
danger nucléaire ; un monde d’où
émergerait une authentique communauté
internationale réunie autour de valeurs
universelles et d’un cadre juridique
équitable et respecté par toutes les
nations. Bref, un monde où les relations
internationales ne seraient plus otage
de l’arrogance de quelques états, ni le
résultat de menaces de boycott ou de
quelque autre vil chantage de coulisses.
Entre ces deux utopies, n’est-ce pas la
seconde qui serait la plus sensée, la
plus raisonnable ? Combien même
manquerait-on de volonté politique en
nous alignant lâchement sur le diktat
des puissances occidentales et de leurs
alliés, si l’on devait remettre en cause
le droit légitime de tout état souverain
de sanctuariser son territoire, en
invoquant toute sorte d’arguments
fallacieux, alors la moindre des
conséquences exigerait que toutes les
puissances nucléaires se débarrassent de
leurs propres arsenaux d’armes de
destruction massive, ne serait-ce que
pour être cohérents vis-à-vis de leurs
propre rhétorique. Ce serait, en effet,
la plus belle des contributions à la
sécurité dans le monde et, surtout, un
gage de paix perpétuelle dont
bénéficierait l’humanité entière.
Toute autre rhétorique, notamment celle
des médias et des gouvernements
occidentaux ou celle de l’état raciste
et sioniste d’Israël sur la supposée
menace du nucléaire iranien n’est qu’une
simple manœuvre qui a pour seul but le
maintien, en leur faveur, de l’équilibre
de la terreur, mis au service de leur
hégémonie politico-économique. Quant on
entend la rhétorique de certains
commentateurs occidentaux sur la
supposée du nucléaire iranien sur la
paix ou sur la civilisation, on aurait
juste envie de répondre que si la
civilisation se résume à l’hégémonie
d’un peut petit club d’état qui menace
le reste du monde avec ses armes
nucléaires, si la civilisation consiste
en un ordre économique ultralibéral,
violent et injuste et qui ne reconnait
pas la souveraineté des peuples, alors
la plus grande menace à la paix, la
seule qui soit réelle et tangible de nos
jours, n’est autre que celle que fait
peser ces quelques états sur toute
l’humanité. Là aussi, c’est une
évidence, mais celle-là ne concerne ni
les simples d’esprit ni les complices de
l’injuste et immoral ordre mondial qui
nous est imposé.
Karim R’Bati
Publié avec l'aimable autorisation de
Demain Online
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