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La fin de l’Union bancaire?
Jacques Sapir
© Jacques
Sapir
Mercredi 10 février 2016
Dans le mouvement de baisse que l’on
observe sur les principales places
boursières européennes, les sociétés les
plus attaquées sont les banques. Ceci
n’est pas étonnant car une crise
bancaire larvée est en train de se
développer au sein de la zone Euro.
Cette crise peut avoir des causes
techniques très différentes, d’un pays à
l’autre, voire d’une banque à l’autre.
Mais, la simultanéité de ces crises est
un signe qui ne trompe pas. De même, la
réaction des autorités nationales,
passant sur le ventre des règlements
européens de « l’Union bancaire », est
elle aussi un signe révélateur.
Cette crise a commencé au Portugal,
et s’est ensuite propagée en Italie.
Dans ce dernier pays, 4 établissements
sont en grave difficulté. Le montant des
mauvaises dettes (soit des impayés) dans
leur bilan dépasse les 15%. Les raisons
sont diverses. Pour certaines de ces
banques, c’est la situation des petites
et moyennes entreprises, auxquelles
elles avaient prêté, qui est la cause de
la montée des « mauvaises dettes ». Pour
d’autres, il s’agit d’opérations
hasardeuses sur les marchés financiers.
Dans un cas comme dans l’autre, le
problème de fond reste le même : la
dépression de l’économie italienne, ou
le PIB par habitant est aujourd’hui au
niveau des années 2000-2001. Et l’on
voit bien l’origine du problème :
l’Euro.
Plus intéressant encore, la crise
s’est étendue à l’Allemagne, avec les
difficultés rencontrées par Deutsch
Bank, dont les CDS (des assurances de
crédit ou « Credit Default Swap ») ont
fortement augmenté ces derniers jours.
Cette hausse des CDS indique
l’inquiétude des opérateurs.
Graphique 1
Evolution des
CDS pour Deutsch Bank
Source : Bloomberg
La direction de cette banque a
multiplié depuis lundi les déclarations
rassurantes sur la santé de cette
banque. Mais, on sait bien que si la
situation de cette banque ne posait pas
de problèmes, ces déclarations ne
seraient pas nécessaires. On sait aussi
que, quelque soit le montant des
réserves de liquidités de la banque, si
les partenaires de cette dernière
perdent confiance, ou ont simplement un
doute, sur sa liquidité, l’interruption
du crédit interbancaire sera immédiate.
Rappelons qu’en 2008 la banque Bear
Stearns a été mise en faillite en
24h sur un problème de ce type.
Il est clair que l’importance de
Deutsch Bank est
incommensurablement plus importante que
celle de Bear Stearns.
Deutsch Bank est ce que l’on
appelle une « banque systémique ». Le
gouvernement allemand ne pourra la
laisser faire faillite.
Le problème est que dans le cas du
Portugal et dans celui de l’Italie, ce
sont les autorités nationales qui ont dû
agir. Les sauvetages bancaires, dont on
prétendait qu’ils seraient désormais
réalisés par la BCE sont en réalité fait
par les autorités nationales. L’Union
bancaire, annoncée à cors et à cri par
les européistes de tout poil ne
fonctionne tout simplement pas. On
risque de le voir à nouveau avec le cas
de Deutsch Bank en Allemagne.
La re-nationalisation des sauvetages
bancaires sera un clou supplémentaire
dans le cercueil de l’Euro.
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