Actualité
A Montpellier le maire se fout
du sort des assassinés de Palestine
Jacques-Marie BOURGET
Mardi 24 septembre 2019
Un citoyen de Montpellier, se croyant
dans un pays libre et démocratique,
veut, dans les rues, faire entendre la
sauvagerie réservée aux Palestiniens.
Pas de chance il froisse des tympans et
trouble le macadam. Alors le maire et
ses flics en font un gibier.
A Montpellier la
Septimanie est morte avec George Frêche,
le mégalo qui l’avait promue, ne reste
plus que la Septi-sale manie. Celle par
exemple de pourchasser José-Louis
Moraguès, un militant qui ne supporte
pas la torture faite au peuple
palestinien. Et qui l’affiche en
réclamant le boycott de l’État d’Israël.
Ce Moraguès, vous allez voir, va bientôt
sortir avec sur le dos le poids de
l’infamie, pour aimer la justice et le
droit, mais ni Netanyahou et ses clones,
il sera vite déclaré « antisémite ».
Cet entêté persiste
à convaincre les habitants de
Montpellier de la nécessité de ce
boycott. Une démarche légale pour qui
n’exige pas de claironner le refus des
produits sortis de l’État d’Israël. En
effet l’innocent qui hurle devant un
« Super U » « n’achetez pas les oranges
de Jaffa », il est mort. Sa supplique
entre dans un dispositif « d’atteinte à
la liberté du commerce ». Ce qui est
bien plus grave qu’une bombe qui pleut
sur des gosses de Gaza. Vous aurez noté
que la sublime Taubira, qui a naguère
fait du vélo au ministère de la Justice,
femme aussi de droite que de gauche
façon clignotant, n’a pas abrogé la
circulaire qui permet à nos procureurs
de conduire en correctionnelle tout
boycotteur ! Donc Moraguès est seul avec
son bon droit (moral) et quelques potes
à dire le bien, qui passe mal.
Pourtant
Montpellier est une ville jeune,
moderne, ouverte à la mode, la preuve la
femme de Robert Ménard y enseigne le
journalisme. Mieux, en cette époque où
Régis Debray associe Stendhal à Macron
et sa troupe, la ville s’est donnée un
maire qui se nomme Saurel. Peut-pas
mieux faire pour plaire à Jupiter. Car
ce Saurel, après un passage au PS
incubateur de traders et banquiers, est
aujourd’hui « En Marche ». Pas pour être
élu mais « pour faire barrage » – non
contre le Pacifique, mais « contre le
FN ». Sans se rendre compte que Macron
n’est plus au pas, mais galope vers
Marine, et s’il le faut, qu’il marche
sur l’eau. Et c’est ce Saurel, arracheur
de dents et dehors, qui martyrise
José-Louis. Il lui reproche, par ses
tracs, de salir la rue, avec son
mégaphone de troubler la surface des
tasses de thé des dames de la Comédie.
Ce qui est, pour des gens à thé, une
offense à la laïci-thé. Donc José-Louis
et son gang « occupent l’espace
public », « polluent de façon sonore, et
portent atteint à la santé de l’homme »
(sic), « revêtent des
tee-shirts » qui ne plaisent pas à
Netanyahou... Que des choses
intolérables pour une grande ville
démocratique. Huit fois que le Ben Laden
de Montpellier a été convoqué chez les
flics qui n’ont pas que ça à faire.
Pendant ce
temps,qui tire les LBD dans les doux
yeux des Gilets Jaunes ? Cela est
honteux, ridicule, haineux, grotesque.
Pour faire plaisir au CRIF, mouvement
passé de la Résistance au soutien des
Libermann, Bibi et de leurs aimables
tireurs sur civils. Souhaitons que
Saurel n’a pas été invité au troisième
mariage de son ancien frère de PS,
Manuel Valls. Car là-bas, à Majorque
sous la toile de cirque, ça en faisait
de « l’atteinte à la santé de l’homme ».
Laissons ces
malheureux qui, un jour, auront honte
d’eux-mêmes. Allons en Allemagne où le
vendredi 13 septembre 2019, le tribunal
administratif de Cologne (le
Verwaltungsgericht Köln) a enjoint
la ville de Bonn de permettre à
l’Association des femmes
germano-palestiniennes d’avoir accès au
Festival annuel de la culture et de la
rencontre de Bonn (« Vielfalt ! – Bonner
Kultur – und Begegnungsfest »). La ville
en avait exclu l’association car
celle-ci soutient le mouvement BDS pour
les droits des Palestiniens. Selon le
tribunal, la ville de Bonn n’a, « en
aucun cas », démontré la moindre
justification à cette exclusion.
Pourtant, le 14 mai
2019, le conseil municipal de Bonn a
adopté une motion intitulée « Pas de
place pour le mouvement BDS antisémite à
Bonn ». La motion demandait à toutes les
institutions municipales de Bonn de
refuser leurs installations aux groupes
BDS et de s’abstenir de soutenir les
initiatives de la campagne BDS, ou des
groupes poursuivant les objectifs du
BDS.
Dans sa décision,
le tribunal de Cologne clarifie le
statut de cette motion, et des autres
motions anti-BDS : « Les motions du
conseil municipal de Bonn, comme celles
du parlement de la
Rhénanie-du-Nord-Wesphalie (du 20
septembre 2018) et du Bundestag allemand
(du 17 mai 2019), ne constituent pas des
actes législatifs mais des résolutions
politiques ou des expressions d’une
volonté politique. Ces motions ne
peuvent à elles seules justifier, d’un
point de vue juridique, la restriction
d’un droit légal existant ». Paf !
Saurez, en tant qu’expert, prends-ça
dans ton protège-dents. Le tribunal
déclare que l’exclusion de l’Association
des femmes du festival sur la base de
son soutien au mouvement BDS constitue
un « traitementinégal »(« Ungleichbehandlung »),
qui n’est « en aucun cas justifié ». Le
tribunal conclut par conséquent que la
conduite de la ville de Bonn enfreint le
principe d’égalité énoncé à l’article 3
de la Loi fondamentale allemande, et
qu’elle viole également le droit de
l’association à la liberté d’opinion et
d’expression garantie par l’article 5 de
la Loi fondamentale.
Un ami – un peu
approximatif et dérangé – m’affirme que
l’Allemagne et la France se trouvent
dans l’Union Européenne. En tout cas
c’est ce qui se passe, me dit-il, quand
il s’agit d’unifier la taille des radis
mis sur le marché. Mais là, pour le
respect des Droits de l’Homme et contre
les crimes de guerre ? Y’a pas de
taille.
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