Réseau Voltaire
Lettre ouverte aux Européens coincés
derrière
le rideau de fer israélo-US
Hassan Hamadé
Abdelhakim Belhaj,
commandant du Groupe islamique
combattant en Libye (GICL). Financé par
le MI6, il tente quatre fois
d’assassiner Mouamar el-Kadhafi. Il
devient le n°3 d’Al-Qaïda. Réfugié au
Qatar, en 2010, il revient en Libye dans
un avion militaire et est nommé par
l’Otan gouverneur militaire de Tripoli.
Il est toujours recherché par le Comité
des sanctions des résolutions 1267
(1999) et 1989 (2011) des Nations unies.
Mercredi 21 mai 2014
Vu d’Occident, l’Otan mène la guerre
contre le terrorisme. Mais sitôt sorti
de ce monde bien ordonné, la vérité est
autre : l’Otan est le maître du
terrorisme international, protégeant des
camps d’entraînement d’Al-Qaïda en Libye
et en installant d’autres sur son propre
sol, en Turquie. Jamais Al-Qaïda n’a
renversé de gouvernement ni conquis de
nation, toujours il a détruit des
sociétés, appliquant pour Washington la
doctrine straussienne du chaos
constructeur. Pour Hassan Hamade, la
civilisation débuta en Syrie, tandis que
l’Europe, l’Amérique du Nord et Israël
ne sont encore qu’au stade de la
barbarie. Vous n’en avez pas conscience
et pensez être supérieurs ? Il vous
ouvre les yeux.
Je vais vous raconter
des choses graves que le rideau de fer
imposé à l’Union européenne vous empêche
de savoir. Je vais vous parler de la
liaison dangereuse qui vous uni, à votre
insu, à la plus redoutable des
nébuleuses terroristes opérant sur la
scène internationale : Al-Qaïda !
Oui, Al-Qaïda, celle que le
dictionnaire politico-sécuritaire de
votre « Occident » définit comme la mère
accoucheuse de la plus cruelle des
mouvances terroristes se réclamant de
l’islam.
Al-Qaïda est considéré comme l’ennemi
stratégique du « monde civilisé »,
tout en constituant une menace imminente
pour les pays que vous imaginez « en
voie de civilisation ». Et pour que
ces derniers puissent continuer leur
marche dans votre voie, ils ont besoin
d’être protégés de ce danger terroriste
qui les guette. C’est pourquoi tout
contact avec Al-Qaïda ou avec ses
branches, ses réseaux ou ses dérivées
est strictement interdit, condamné, et
le cas échéant réprimé. C’est un
principe indiscutable que les États-Unis
ont établi. Ils se sont arrogés le
monopole de veiller à son respect et de
contrôler son application. Mais ce
respect n’a jamais dépassé les limites
du discours politico-médiatique,
c’est-à-dire celles de la propagande,
dans sa plus simple et basse expression,
car on ne peut plus parler de médias
libres chez vous, dans l’espace
atlantiste, mais plutôt d’outils de
propagande.
Cette propagande s’est révélée plus
que jamais mensongère sur le théâtre
d’opération syrien où certaines branches
et dérivées d’Al-Qaïda —tels le Front
Al-Nosra et l’Émirat islamique en Irak
et au Levant— ont gagné une notoriété
mondiale en participant à la guerre
d’anéantissement que livre l’axe
israélo-US au plus ancien pays du monde,
la Syrie. Durant ces trois années de
guerre d’agression, la nébuleuse
d’Al-Qaïda a fait preuve d’une
discipline exemplaire dans l’application
stricte et rigoureuse des plans établis
par le commandement US. Elle s’est
montrée la plus à même d’exécuter la
stratégie du « chaos constructeur »
qui passe nécessairement par la
destruction de la société syrienne, en
même temps que par celle des
infrastructures économiques et
étatiques. Il s’agit d’une vaste
invasion de la barbarie pour détruire la
civilisation.
L’Otan, en respectant scrupuleusement
les directives de Washington, apporte sa
protection immédiate à la formation et
au fonctionnement du front armé engagé
dans le projet israélo-US de
démantèlement de la Syrie, en
transformant ce berceau commun de la
Chrétienté et de l’Empire arabe en « champs
de carnage ou triomphe la mort » [1].
Cette œuvre apocalyptique s’inscrit dans
la lignée des crimes suprêmes, fierté
anglo-saxonne sanguinaire, après
Hiroshima et Nagasaki (1945) la
Palestine (depuis 1948…) le Vietnam
(1962-1975) l’Irak (depuis 1991…) pour
n’en citer qu’un échantillon choisi
seulement au cours des récentes
décennies.
Le mensonge, toujours le mensonge,
principal levier de la propagande US,
dans le domaine politico-sécuritaire
comme dans le domaine économique, se
manifeste selon la technique saisie par
le fameux Observatoire du mensonge de
George Orwell, ainsi cette impitoyable
entreprise belliciste est mise en marche
sous les drapeaux combinés de la « Démocratie »
et des « Droits de l’homme ». Les
gouvernements sous-traitants, chargés de
mener cette entreprise, sont appelés « les
Amis de la Syrie ». Les combattants
de base, des dizaines de milliers de
djihadistes, issus de plus de 80
nationalités, sont désignés comme des « opposants
armés » ou des « combattants de la
liberté » etc.. plus menteur que çà, tu
meurs.
N’est-ce pas le mensonge qui a donné
à cette gigantesque déstabilisation du
monde arabe l’appellation de « printemps
arabe » ? Force est de constater que
partout où passe ce « printemps »
s’installe la confrérie des Frères
musulmans. Dans son ombre, fleurissent
les organisations terroristes les plus
violentes et démarre le processus de
destruction des sociétés. Nombreux sont
les exemples à commencer par la Libye
dont la partie sud, le Fezzan, s’est
transformée en un sanctuaire de camps
militaires d’Al-Qaïda, entre les villes
de Ghat (près de la frontière
algérienne) et de Sabbah (proche du
Niger). Selon les services atlantistes,
il y existe trois camps où sont formés
des terroristes qualifiés (des experts
en explosifs et dans la préparation des
voitures piégés, etc…) pour répondre aux
besoins du voisinage africain (Mali,
Niger, Tchad, Algérie, Nigeria). Ces
terroristes pas comme les autres
entretiennent des relations très solides
avec certaines organisations
extrémistes, comme Aqmi et Boko Haram.
Leurs universités du terrorisme
répondent aux « besoins » d’autres pays,
tel que la Syrie, devenue ces temps-ci
une destination privilégiée pour ses
lauréats. Les cours y sont donnés par
des « professeurs » pakistanais,
égyptiens, saoudiens, yéménites et
autres. Pour les deux mois de décembre
2013 et janvier 2014, cette très
prestigieuse université a envoyé en
Syrie 5 000 djihadistes de nationalités
multiples… [2]
Une idée de la situation dans cette
zone a été donnée par l’ex-chef d’état
major des armées françaises, l’amiral
Édouard Guillaud, lors d’une rencontre
avec une vingtaine de journalistes, à
Paris, le 26 janvier 2014, une semaine
avant son départ à la retraite. Il
déclarait : « Le Sud de la Libye est
devenu un véritable trou noir (…) un
lieu de régénération,
d’approvisionnement en armes des
terroristes, c’est le nouveau centre de
gravité du terrorisme ».
Graves sont ces révélations. Surtout
lorsqu’elles viennent d’un homme qui n’a
vécu aucun cas de conscience face à la
mission qu’il était chargé d’exécuter en
Libye, en étroite coordination avec son
homologue britannique. Mais ces
révélations pour choquantes qu’elles
puissent paraitre ont le mérite d’être
vraies. Cependant, les aveux de l’amiral
ne s’arrêtent pas là. Il va beaucoup
plus loin jusqu’à proposer une nouvelle
intervention militaire (cela veut dire
un nouveau round de destruction de ce
qui n’a pas été encore totalement
détruit dans le pays). Il déclare in
texto : « L’idéal serait de
monter une opération internationale avec
l’accord des autorités [libyennes].
Et il faudra bien, un jour, se poser
la question d’une intervention. Mais le
problème, c’est qu’il faudrait d’abord
qu’il y ait un État dans le Nord du pays » [3].
L’Otan et la
« commodité du mensonge »
À écouter l’amiral dans ses aveux, on
ne dirait pas que la France ait joué un
quelconque rôle dans la guerre
d’agression de 2011, la destruction de
l’État libyen et la transformation de
son vaste territoire en un « nouveau
centre de gravité du terrorisme ».
N’est-ce pas cette participation à l’une
des entreprises guerrières les plus
sales, les plus criminelles et les plus
mensongères qui a été malhonnêtement
présentée comme une noble assistance de
la part de la France et du Royaume-Uni à
la genèse du prétendu « printemps
arabe » ? Sans parler des 160 000
victimes des innombrables massacres et
tueries qui ont accompagnés cette guerre
d’agression [4]
Venons-en à la « commodité du
mensonge » [5]
qui ne cesse de marquer le discours
atlantiste sur cette gigantesque
déstabilisation qui frappe plusieurs
pays pris pour cibles par la stratégie
du « chaos constructeur »
états-unien. Cette « commodité du
mensonge », relayée par le
terrorisme du système médiatique, veut
vous faire croire et nous faire croire
encore que l’Otan se trouve incapable de
paralyser ces usines de production de
terroristes si ce n’est de les anéantir.
La réalité des faits, sur le terrain,
offre un démenti catégorique, sans
appel, à ces mensonges grotesques
compte-tenu de la parfaite domination de
l’espace aérien libyen par l’aviation
franco-britannique ainsi que de la
surveillance continue du territoire
sud-libyen par les satellites « occidentaux »
qui guettent le moindre mouvement, le
moindre bruit, dans l’immensité du
Sahara, avec une attention toute
particulière réservée aux « trois
centres de formation accélérée au djihad ».
Nul n’ignore l’extrême précarité de ces
académies de terrorisme situées en plein
air, dans l’étendue sahraouie, sans
aucune couverture, s’offrant en cibles
faciles à tout ennemi qui pourrait venir
du ciel.
Ceci étant, l’aviation
franco-britannique, à elle seule, assure
la véritable protection à ces trois
bases d’Al-Qaïda dans la zone du sud
Libyen. Cette réalité, pour perverse
qu’elle puisse vous paraitre, et que le
rideau de fer israélo-US vous occulte,
apporte, par voie de conséquence, un net
démenti aux allégations mesquines de
Paris, de Londres et des autres
capitales de l’Alliance du mensonge
commode, selon lesquelles le bloc « occidental »
est déterminé à accomplir la grande et
lourde tache de terroriser les
terroristes, de les « détruire »,
selon l’expression de François Hollande.
Essayons de planer, ensemble cette
fois-ci, dans le vide de la bonhomie,
toujours guidés par les discours
pédagogiques de vos dirigeants
atlantistes, toujours orientés par la
pensée unique que propagent vos médias,
conformément au code de conduite défini
dans le dictionnaire du politiquement
correct, et imaginons le président
français sérieux dans sa volonté de « détruire »
ce terrorisme. Une seule conclusion
s’impose : qu’il le fasse et nous serons
les premiers à l’applaudir. Il a devant
lui trois cibles faciles à détruire.
C’est pour lui un jeu d’enfant compte
tenu de sa parfaite maitrise de l’air.
Chacun sait que dans une zone
géographique désertique, telle que le
Fezzan, celui qui maitrise l’air
contrôle le sol. Le président doit
passer à l’attaque, sans perdre plus de
temps. Il est bien placé pour le faire,
surtout que c’est dans cette redoutable
usine de terroristes que sont formés les
combattants les plus dangereux qui
menacent les « intérêts français »
au Mali, dans toute la zone du Sahel et
ailleurs sur le continent africain.
Boko, Alep et
« Damas sur Scène »
L’affaire Boko Haram [6]
est venue s’ajouter au dossier pour
mettre en évidence une fois de plus la
perversité des gouvernements totalement
inféodés au diktat de Washington.
D’abord Boko Haram, qui n’est qu’un
mouvement d’imbéciles et de criminels,
trouve ses besoins en « terroristes
qualifiés » assurés provisoirement
par cette même Académie des hautes
études en terrorisme du Fezzan. Pourquoi
donc tout ces coups de théâtre —dont la
scène la plus mensongère fut présentée à
Paris, en forme de conférence réunissant
autour d’un personnage excessivement
médiocre cinq présidents africains
directement concernés par le dossier en
question, sous le contrôle direct de la
bannière étoilée— et ne pas attaquer
directement la source, au Fezzan ? Il
faudrait être absolument stupide, pour
prendre au sérieux ce soudain réveil de
l’humanisme, de la Maison-Blanche, de
l’Élysée ou du 10 Downing Street, ou
prendre pour de vraies les larmes,
celles de crocodiles versées sur le
triste sort des filles nigérianes par
les épouses, les concubines et les
maitresses des chefs d’États otanesques.
Pourtant, toutes et tous, non seulement
demeurent insensibles aux multiple
appels à l’aide de la population civile
de la métropole martyre d’Alep —une
population assoiffée, affamée,
ensanglantée, prise en otage par les
takfiristes—, mais ils apportent leur
soutien illimité à ces terroristes qui
« font du bon boulot » selon
Laurent Fabius [7].
Laurent Fabius encourage à
l’assassinat de Bachar el-Assad.
N’oubliez pas que dans l’arbre
généalogique de la confrérie des Frères
musulmans, Boko Haram, le Front Al-Nosra,
l’Émirat islamique en Irak et au Levant,
le Front islamique et compagnie sont de
véritables sœurs jumelles, prises en
charge à leurs naissances par les
monarchies du Golfe, toujours sous les
directives anglo-saxonnes. Cependant,
les sœurs jumelles reconnaissent,
toutes, à Al-Qaïda un droit d’ainesse
indiscutable confirmé par une
prodigieuse historicité qui remonte à la
fameuse guerre d’Afghanistan contre
l’URSS, dans les années 80 du siècle
dernier.
Il s’agit d’un choix posé par
Washington seul. Voilà pourquoi le
président Hollande, tout comme David
Cameron, s’avère animé d’une
exceptionnelle force d’inertie. Il
parait que, pour faire usage de la force
des armes, il lui faudrait avoir la
permission de Washington. Oui, la
permission de Washington. « Nous
devons attendre la décision du Congrès »...
ainsi parla François Hollande. C’était
le 6 septembre 2013. La Maison-Blanche
venait de reculer sans prévenir ses
Alliés, après la mise en garde du
président russe Vladimir Poutine qui
n’avait pas hésité à qualifier,
solennellement, son visiteur le
secrétaire d’État US John Kerry de « menteur »
lorsqu’il accusait la Syrie de bombarder
chimiquement sa propre population. Donc
il est encore tôt, trop tôt même, pour
oublier cette fameuse déclaration du
président Hollande, révélatrice d’une
extrême vassalité vis-à-vis de son
supérieur hiérarchique otanesque. Il est
des déclarations qui resteront gravées
dans les annales des relations
internationales. Celle du 6 septembre
2013 en est une, elle en dit long sur la
véritable nature des relations
transatlantiques, plutôt des relations
entre l’occupant US et l’occupé
européen. Le premier ordonne, certes en
fonction de ses intérêts, le second
exécute. Et les intérêts de l’Européen
où sont-ils ?
François Hollande n’interviendra pas
sans l’aval du Congrès états-unien
C’est là où s’opère la combinaison
diabolique entre le dirigeant européen
et la violence du rideau de fer dont la
principale vocation consiste à priver le
plus large public de tout accès à la
vérité. Il s’agit d’un trucage continu
de l’information auquel se livre la
machine médiatique. Par le biais de « l’info-flation » [8]
le public subit, toujours à son insu,
une opération de décervelage, un
décervelage en masse des masses à
travers lequel le système médiatique
atteint le plus haut degré du terrorisme
appliqué. C’est bien à ce niveau que se
situe la dimension invisible qui
caractérise le rideau de fer israélo-US
et qui le différencie de celui qui
existait dans l’ex-bloc de l’Est. Son
rôle consiste à camoufler les véritables
contradictions stratégiques entre les
intérêts européens et les intérêts
états-uniens de sorte que vous, public
coincé derrière ce rideau de fer, ne
puissiez pas remarquer que vos
dirigeants servent les intérêts de
l’Empire et non les vôtres. C’est bien à
cause de ces créatures médiocre qui vous
gouvernent que vous vous retrouvez
depuis trois ans, et sans vous en rendre
compte, en liaison honteuse et
criminelle avec Al-Qaïda et ses
ramifications, dans le même camp que les
égorgeurs d’enfants, les éventreurs de
femmes, les cannibales, marchant
bras-dessus-bras-dessous avec la
confrérie des Frères musulmans,
participant activement, toujours sans
vous en rendre compte, à
l’anéantissement de la Syrie, notre
nation-mère, la belle Syrie, berceau de
la chrétienté avec son insolite
exemplarité du vivre en commun entre
religions, confessions et ethnies. C’est
ainsi que les gouvernements atlantistes
ne cessent d’innocenter les
organisations terroristes, de tous les
massacres que les dizaines de milliers
de leurs combattants étrangers
commettent sur le sol syrien, et
d’attribuer leurs tueries aux forces
gouvernementales.
Un djihadiste en Syrie mange le foie
d’une de ses victimes
Missions suspectes
des trois bases d’Al-Qaïda en Turquie
La propagande atlantiste est
tellement primitive que ses auteurs et
ses dépositaires s’enflamment à la
moindre remise en question de sa version
officielle. Ce fut le cas de
l’ambassadeur de France à l’Onu, Gérard
Araud, menteur de vocation,
ultra-sioniste d’adoption, sans
conviction, qui n’a pas trouvé autre que
le qualificatif d’« agent » pour
faire taire le très sérieux
correspondant de la chaine panarabe
Al-Mayadeen, Nizar Abboud, dont le
crime suprême a été d’oser demander au
diplomate, en toute politesse, un
éclaircissement sur les relations
triangulaires, Qatar-France-Al-Qaïda.
Exactement la même médiocrité, musclée
et arrogante, qu’étale fièrement son
supérieur hiérarchique, Laurent Fabius,
qui n’a pas hésité à exprimer son estime
pour le Front Al-Nosra qualifiant ses
crimes abominables de « bon boulot » [9].
Ceci alors qu’Al-Nosra annonçait « la
bonne nouvelle aux frères djihadistes du
monde entier » : la fusion totale de
ses structures organisationnelles avec
celles de la très redoutable Al-Qaïda Fi
Bilad Ar-Rafideine (Al-Qaïda en
Mésopotamie) qui est la version
irakienne de l’Aqmi maghrébine et du
Boko Haram nigérian. Désolé de revenir à
ces déclarations pour défendre la vérité
que l’info-flation cherche toujours à
vous occulter.
L’ambassadeur Gérard Araud qualifie
d’« agent » le journaliste Nizar Abboud
Cette expression, révélatrice d’un
sadisme absolu, du chef de la diplomatie
française, signifie en matière de
terrorisme appliqué que les lauréats de
l’Académie du Fezzan font du « bon
boulot » s’ils se dirigent tout
droit vers la Syrie et font du « mauvais
boulot » s’ils rejoignent Boko Haram
au nord du Nigeria et dans les environs
du Sahel. La prestigieuse Académie
continue à desservir les deux
destinations, conformément aux
directives de Washington que vos
gouvernements européens sont déterminés
à appliquer à la lettre.
Toujours dans le cadre des directives
de Washington, ruissellent les
pétrodollars des monarchies du Golfe
pour couvrir le financement de l’énorme
logistique déployée en vue d’assurer le
transfert des djihadistes, d’un pays à
l’autre ou d’un continent à l’autre, en
toute fluidité, sans aucun obstacle, par
mer, air et terre, ainsi que pour
l’organisation et la gestion des
structures d’accueil et d’hébergement.
Car il s’agit de plusieurs dizaines de
milliers de combattants farouches, venus
du Caucase, du Maghreb, d’Égypte, du
Pakistan, d’Afghanistan, d’Arabie
Saoudite etc… L’envoyé spécial du
secrétaire général des Nations unies,
Lakhdar Brahimi avait avancé, en avril
2013, le chiffre approximatif de 30 à
40 000 combattants étrangers [10],
alors que des estimations beaucoup plus
sérieuses évoquent des chiffres
dépassant les 100 000 combattants… puis
il s’agit de l’injection de ces
djihadistes au cœur même du pays à
abattre. L’exemple de la Syrie en est le
plus éloquent.
Attaquée par ces « combattants de
la liberté », infiltrés par les cinq
frontières terrestres depuis le Liban,
Israël, la Jordanie, l’Irak et la
Turquie, ainsi que par la Méditerranée,
la Syrie résiste depuis plus de trois
ans. C’est bien grâce à cette résistance
que tous vos masques sont tombés sur la
scène internationale. C’est la chute
finale sur le plan idéologique.
Désormais, votre « Occident » ne
peut plus dire un seul mot en matière de
terrorisme. Votre « Occident » ne
peut plus cacher son véritable visage de
principal fabricant de terroristes. Il
en est le protecteur, le financier, le
commanditaire, le commandant. Triste
vérité.
Le terrorisme constitue une des
principales composantes de l’arsenal
militaire de votre Otan. Ceci ne cesse
d’être prouvé et certifié. L’axe
Otan-Al-Qaïda se révèle à qui veut voir
et à qui veut entendre. Aujourd’hui
même, se déploient au cœur de la
Turquie, c’est à dire au cœur du
bouclier oriental de l’Alliance
atlantique, trois camps militaires
d’Al-Qaïda, regroupant chacun plusieurs
milliers de combattants, répartis dans
trois régions de grande importance [11] :
1.
Le camps de Şanlıurfa, situé dans la
zone frontalière avec la Syrie. C’est un
point de départ et une base arrière pour
des raids qu’effectue Al-Qaïda à
l’intérieur du territoire syrien. De ce
camps sont parties les troupes de choc
qui ont attaqué récemment la très
symbolique région de Kassab, un des
fiefs de la présence arménienne en Syrie
et un exemple vivant d’ouverture
socioculturelle, fierté du patriotisme
syrien [12].
2.
Le camps d’Osmaniye mérite une attention
très particulière car il projette la
lumière sur des dimensions soigneusement
occultées par le rideau de fer. Son
emplacement, en soi, est très
énigmatique d’autant qu’il est
révélateur du niveau de confiance qui
règne au sein de l’intimité
CIA-Al-Qaïda. D’abord le camps est situé
dans une zone sécurisée par la présence
de la très grande base militaire de la
US Air Force d’Incirlik. Voisinage
certes très significatif, mais ce n’est
pas tout.
Non loin de ces deux bases supposées
être des ennemies existentielles du « monde
civilisé », se trouvent les
intersections des oléoducs et des
gazoducs en provenance d’Irak et d’Asie
centrale qui débouchent dans le port
turc de Géihan sur le littoral
méditerranéen. Stop !
Al-Qaïda-oléoducs-gazoducs … ça
devrait nous rappeler quelque chose que
le rideau de fer néglige
volontairement : l’Algérie des années 90
du siècle dernier. Souvenez-vous mes
amis européens qu’alors que vos intérêts
étaient régulièrement attaqués et
endommagés, les milliers de kilomètres
de pipe–line qui sillonnaient et
sillonnent toujours l’immense territoire
algérien furent épargnés, voir même
protégés. Ce n’est pas par simple
coïncidence que la confiance règne entre
l’Empire et ses ennemis présumés.
L’Empire, parait-il leur accorde le soin
de veiller sur la sécurité de son artère
vitale. Méfiez-vous des attraits du
discours officiel, c’est dans ce qui est
officieux que se cache parfois la
vérité.
3.
Le camps de Karaman, situé dans la zone
nord-ouest d’Adana, considéré comme une
académie d’études avancée en matière de
terrorisme appliqué. Ce camps est plus
proche d’Istanbul que de la frontière
syrienne. Il semble moins impliqué dans
la guerre que ne le sont les deux
autres. Ce qui pose des points
d’interrogations quant à son objectif
véritable en territoire turc. Rien de
beau, ni de bon, ne peut venir de cette
nébuleuse infernale. C’est la boussole
indispensable dans toute recherche
concernant le rôle d’Al-Qaïda ou de sa
progéniture.
En ce qui concerne ces bases
précisément il s’agit d’essayer
d’explorer quel avenir est réservé à la
Turquie dans l’optique du « chaos
constructeur » en plein application
dans la région. Pour cela, il ne
faudrait exclure aucune hypothèse, dont
les scénarii les plus
catastrophiques ou les comparaisons qui
se présentent à l’esprit, sans
sollicitation de notre part, compte tenu
de l’intensité des cas du Pakistan et de
l’Ukraine. N’est-ce pas l’extrême
gravité des enjeux qui à poussé Kemal
Kılıçdaroğlu, président du Parti
Républicain du Peuple, kémaliste et
principale force de l’opposition, à
mettre en garde le Premier ministre
Recep Tayyip Erdoğan, lors de la récente
bataille des municipales, l’incitant à
rompre immédiatement ses relations avec
Al-Qaïda pour épargner à la Turquie des
retombées néfastes sur sa propre
sécurité nationale : « Nous avons
demandé à Erdoğan de se désengager
d’avec Al-Qaïda sinon ce serait
dangereux pour la sécurité nationale de
la Turquie ».
L’ambigüité qui entoure la mission de
ce camps de Karaman exige une
surveillance continue et justifie toutes
les craintes relatives à cette présence
d’Al-Qaïda sur la ligne de front de
l’Alliance qui prétend diriger la « guerre
contre le terrorisme ».
En juin
2010, les Frères musulmans organisèrent
la Flottille de la liberté pour
rejoindre Gaza et furent attaqués par
Tsahal en pleine Méditerranée. Le
Premier ministre turc vint visiter un
des blessés, Mahdi Al-Harati, présenté à
la presse comme un militant
turco-irlandais. Il s’agissait en fait
d’un agent de la CIA, membre d’Al-Qaïda.
En 2011, il commanda avec des officiers
français le siège de l’hôtel Rixos de
Tripoli (Libye) dans les sous-sols
duquel Mouammar el-Kadhafi s’était
réfugié. En 2012, il commanda une unité
du Front Al-Nosra en Syrie.
Ce n’est qu’un petit exemple,
parmi tant d’autres, sur la tombée
des masques et l’effondrement de la
citadelle des mensonges bâtie autour
de l’Otan depuis des dizaines
d’années. Votre « Occident »
et ses mauvaises fréquentations
menacent la paix du monde et
l’avenir de l’humanité. La légèreté
extrême de vos dirigeants ainsi que
leurs magouilles et leur cupidité
criminelle transforment vos régimes
politiques en des dictatures
prédatrices incompatibles avec
l’existence même d’un État de droit.
La politique qu’ils mènent en votre
nom glisse de manière irréversible
vers le totalitarisme.
Dure est cette constatation, mais
elle a le mérite d’être sincère.
[1]
Pierre Corneille dans Le Cid
[2]
« Ouverture tardive de la chasse au
Jihad en Libye », par C.A., Le Canard
enchaîné, 5 février 2014.
[3]
Le Canard Enchainé, 5 février
2014.
[4]
Estimation selon les rapports internes
de la Croix-Rouge internationale.
[5]
La raison assiégée, par Al Gore,
Seuil éd. 2008. Lire le chapitre réservé
à cette commodité.
[6]
« "La
face cachée de l’Affaire Boko Haram (Africom
Brezynski, Plan Yinon)" », Reggan
Lawson, YouTube, 17 mai 2014.
[7]
Cité in « Pression
militaire et succès diplomatique pour
les rebelles syriens », par Tsabelle
Mandraud (avec Gilles Paris), Le
Monde, 14 décembre 2012
[8]
C’est-à-dire l’inflation d’informations.
Le système de propagande occidental est
fondé sur la surabondance et non plus
sur la rareté. Ndlr.
[9]
Op. Cit.
[10]
« Briefing
to the Security Council by the Joint
Special Representative of the United
Nations and the League of Arab States
for Syria », par Lakhdar Brahimi, 19
avril 2013.
[11]
“Israeli
general says al Qaeda’s Syria fighters
set up in Turkey”, par Dan Williams,
Reuters, 29 janvier 2014.
[12]
« L’armée
turque aide des mercenaires étrangers à
pénétrer en Syrie » ; « L’armée
turque détruit un avion de combat syrien » ;
« Le
Conseil de sécurité refuse de condamner
l’attaque turco-terroriste de Kassab »,
Réseau Voltaire, 22, 23 mars et 4 avril
2014.
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