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France-Irak
Actualité
Palmyre et les limites de
la propagande de guerre anti-Etat
islamique
Gilles Munier
Lundi 28 mars 2016
La Russie et l’Iran
ont mis le paquet pour faire de Bachar
al-Assad le « libérateur de Palmyre
», avant la reprise des pourparlers
de Genève, le 15 avril prochain. L’armée
gouvernementale en aurait bien été
incapable sans l’aide des spetsnaz
, des Gardiens de la révolution
iranienne et des milices chiites
irakiennes. Mi-mars, les Russes
annonçaient que leur aviation effectuait
« 20 à 25 raids par jour » et
que « 158 objectifs de l’Etat
Islamique » avaient été touchés. On
imagine l'étendue des destructions dans
l'oasis.
Les « troupes
gouvernementales syriennes » ont
donc repris Palmyre - Tadmor, en
arabe - qu’elles avaient laissé
tomber en mai 2015 entre les mains de l’EI,
pratiquement sans combats. On
s’interrogera longtemps sur l’étrange
cécité des satellites d’observation
russes et américains qui n’ont pas
détecté à temps les colonnes de
djihadistes progressant vers la «
Perle du désert »… et sa
terrible prison où furent massacrés
à bout portant, en 1980, plus d’un
millier d'opposants pour la plupart
Frères musulmans. A croire que
l’occupation des ruines arrangeait
médiatiquement le régime Assad, alors
aux abois…
La reconquête de
Palmyre a fait pousser un « ouf »
de soulagement aux archéologues du monde
entier et aux amoureux de sites
antiques. Ils n'oublieront jamais que l’EI
a détruit le temple de Bel -
assimilé au dieu Zeus - et celui de
Baalshamin – le maître des cieux
- pour effacer encore une fois des
traces de religions antérieures à
l’islam, qu'il a fracassé le Lion
d'Athéna et fait exploser trois tours
funéraires dans la Vallée des tombes.
C’est évidemment beaucoup trop. Mais
l’UNESCO, qui parle à ce sujet de «
crimes de guerre », ne doit pas
oublier que les djihadistes ne sont pas
les seuls à s’être servis sur le site.
En 2012, le
bruit courrait que des gangs monnayaient
leur soutien au régime syrien, ou leur
neutralité, en échange
d’un permis de fouille. Dès cette
époque, de nombreux vols de pièces
archéologiques auraient été commis. Des
groupes armés rebelles installés dans la
palmeraie
se sont emparés des ruines une
première fois et ont pillé des
sarcophages pour financer leurs
activités. Fin-2012-début 2013, quand la
ville a été reprise par l’armée de
Bachar al-Assad et les milices
shabiha
(voyous
alaouites), des photos de soldats
emportant des bustes palmyriens ont été
publiées.
Cette fois,
apparemment, les dommages provoqués par
l'Etat Islamique à Palmyre ont
été moindre que ceux claironnés par la
propagande de guerre occidentale, et
c’est tant mieux. L'EI les
avaient d'ailleurs revendiqués, vidéos à
l'appui.
Selon le directeur
des Antiquités syriennes, il faudrait
cinq ans pour restaurer ce qui a été
détruit.
Photo :
Une vue du site de Palmyre, prise avant
la guerre civile
Vidéo : Premières
images du site et de la ville de
Palmyre, filmées par la télévision russe
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Le
dossier Syrie
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