France-Irak
Actualité
Le général Qassem Suleimani,
cible prioritaire de l'administration
Trump ?
Gilles Munier
Vendredi 20 janvier 2017
Depuis
la mort de l’ancien président
"modéré" Ali Akbar Rafsandjani,
des médias occidentaux – reprenant
des dépêches de l’agence
Reuters - s’inquiètent de la
« montée en puissance des Gardiens de la
révolution » en Iran. Pour cela, ils
mettent en avant, notamment, la présence
du général Qassem Suleimani, chef de la
Force al-Quds considéré en
Occident comme un « dur de dur »
(et pourtant ami du défunt!), parmi
les personnalités se recueillant
devant le cercueil.
Dans
une tribune publiée sur le site
Ekurd, Michael Rubin, chercheur
à l’American
Enterprise Institute (AEI),
agite à nouveau la menace que fait peser
le général sur la politique américaine
au Proche-Orient. Il se demande pourquoi
son nom n’est pas sur la liste des «
terroristes » recherchés par les
Etats-Unis,
Pour
Rubin, Qassem Suleimani est un des plus
grands terroristes vivants. Il l’accuse
d’avoir fait tuer « des centaines
d’Américains en Irak et en Afghanistan
et même planifié une attaque terroriste
contre Washington ». Il suggère à
l’administration Trump – où il compte
de nombreux amis - d’envoyer des
forces spéciales capturer le général…
Plus facile à dire qu’à faire, mais
l’idée est dans l’air.
L’American
Enterprise Institute n’est
pas n’importe quel think thank.
C’est devant ses membres que George W.
Bush a
exposé, en février 2003, son projet
de démembrement du Proche-Orient. Rubin
qui a conseillé l’Autorité
provisoire de la Coalition – organisme
créé pour administrer l’Irak
après l’invasion de 2003 – ainsi que
Donald Rumsfeld au Pentagone, y est
considéré comme un spécialiste du monde
arabo-kurde.
Est-ce
un hasard si, concomitamment, l’ancien
vice-président sunnite irakien
Tariq al-Hashemi - réfugié en
Turquie - a choisi la chaine de
télévision saoudienne Al-Arabiya
pour révéler
une conversation qu’il aurait eue en
2007 avec Qassem Suleimani, à Téhéran ?
Le général lui aurait alors dit qu’il
aidait la résistance anti-américaine et
l’Armée du Mahdi de Moqtada al-Sadr
- ce dont personne n’a jamais douté
- mais aussi… Al-Qaïda.
Il ne
faut évidemment pas prendre pour argent
comptant tout ce qu’affirme Tariq al-Hashemi.
Qui peut croire que le général Suleimani,
connu pour sa discrétion à toute
épreuve, a fait des confidences relevant
du secret d’Etat au chef d’un courant
sunnite irakien jouant la carte
américaine? Il n’empêche que les
allégations d’Al-Hashemi apportent de
l’eau au moulin de ceux qu’exaspèrent
les apparitions du général iranien sur
les fronts anti-rebelles en Syrie et
anti-Etat islamique en Irak, et
qui veulent l’éliminer.
En
Iran, j’ai pu le constater, le général
Suleimani jouit d’une immense
popularité. Il est considéré comme un
héros, voire adulé. Une action menée
pour l’enlever - comme cela a été le
cas sous l’administration W. Bush –
ou pour le faire tuer par un drone, ne
serait pas seulement abracadabrantesque,
d’une irresponsabilité crasse, mais un
crime aux répercussions telluriques.
Sur
le même sujet, lire aussi :
Qassem Suleimani, un «Guevara» chiite
(1er janvier 2015)
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