France-Irak
Actualité
«Gestion de la Barbarie »,
livre de chevet du djihadiste
Gilles Munier
Jeudi 14 mai 2015
Le terme «
sauvagerie » est celui qui convient
le mieux pour qualifier les pratiques de
l’Etat islamique. Mais ce n’est
pas le diaboliser que de l’employer, car
ce sont celles détaillées dans
«Gestion de la barbarie », un de
leurs manuels de combat, écrit dans les
montagnes afghanes sons le pseudonyme
collectif d’Abu Bakr Naji, un collectif
d’éminents stratèges du djihadisme
moderne comprenant Mohammad Hasan Khalil
al-Hakim - tué au nord Waziristan en
2008 par un drone américain – et
Abou Moussab al-Souri, capturé par les
Américains au Pakistan en 2005, livré en
2007 à la Syrie, libéré fin 2011 par
Bachar al-Assad et peut-être toujours en
vie.
L’ouvrage, diffusé
en arabe sur Internet en 2004, a été
traduit aux Etats-Unis sous le titre de
« Management of savagery » par le
Olin Institute for Strategic Studies
de l’université d’Harvard, un think
tank fondé en 1989 par Samuel
Huntington, « prophète » du
Choc des civilisations, et étudié au
Combating Terrorism Center (CCR)
de l’Académie militaire West Point,
le Saint Cyr étasunien. En France, il a
été publié en 2007 aux Editions de
Paris, mais est passé pratiquement
inaperçu. Et pourtant…
La « sauvagerie
» ou la « barbarie » dont il
est question dans le livre est la
situation de chaos et de désespérance
dans laquelle se débattraient
actuellement les musulmans. Selon Abu
Bakr Naji, la conjoncture n’a jamais été
aussi propice au rétablissement du
Califat et à l’instauration d’un ordre
social régi par la charia. Dans le 4ème
chapitre de l’ouvrage, il préconise
l’utilisation de la violence à outrance,
comme par exemple de liquider les otages
« de manière terrifiante » et de
le médiatiser pour « semer l’effroi
dans les cœurs de l’ennemi et de ceux
qui les soutiennent ». On pense
évidemment au sort réservé par l’EI
aux otages égorgés et à Moaz al-Kasasbeh,
le pilote jordanien brûlé vif.
Tout attentat
spectaculaire médiatisé, comme ceux de
Bali (octobre 2002 – 202 morts,
principalement Australiens) et de la
synagogue de la Ghriba à Djerba (11
avril 2002 – 19 morts) – ou
encore celui contre Charlie Hebdo,
médiatisé à l’extrême -, permet,
selon l’auteur, d’attirer de nouveaux
jeunes au djihad. L’objectif étant d’en
recruter 500 000 de par le monde pour
mener le combat à son terme. On en est
loin, mais pour y parvenir Abu Bakr Naji
n’est pas à court de suggestions et de
stratégies. Il prévient tout de même
ceux qui s’engagent, que le djihad
«n’est rien d’autre que violence,
cruauté, terrorisme, terreur et
massacre». On ne peut être plus
clair.
© G. Munier/X.
Jardez
Publié le 14 mai 2015 avec
l'aimable autorisation de Gilles Munier
Le sommaire de Gilles Munier
Le
dossier Irak
Les dernières mises à jour
|