France-Irak
Actualité
Rapport Chilcot – Et maintenant,
il faut juger Tony Blair
Gilles Munier
Lundi 11 juillet 2016
Le rapport Chilcot,
c’est à dire l’enquête de la commission
sur l’engagement britannique dans la
guerre d’Irak, a enfin été publié. Il ne
fait que confirmer ce que les
observateurs indépendants savaient de la
situation dans ce pays depuis la
Première guerre du Golfe, à savoir que
la menace irakienne n’existait que pour
ceux qui voulaient renverser Saddam
Hussein à tous prix.
L’embargo, seule
arme de destruction massive
En janvier 2003, je
suis allé à Bagdad, Taji, Bassora et Oum
Qasr avec l’écrivain gaulliste Philippe
de Saint Robert, un groupe d’officiers
français (CR) - spécialistes des
armes NBC - des scientifiques, des
journalistes et des membres des
Amitiés franco-irakiennes. Nous nous
sommes rendus sur des lieux mentionnés
dans un rapport de Tony Blair comme
étant des caches d’armes de destruction
massive, notamment au complexe militaire
de Zulficar, à Taji, pour constater que
les tubes d’aluminium qui y étaient
entreposés étaient impropres à quelque
utilisation que ce soit en matière
nucléaire…
En mars 2003, j’ai
visité d’autres sites soi-disant
sensibles dans les régions de Bagdad et
de Mossoul, avec une autre délégation
qui fit le même constat que Philippe de
Saint Robert : le rapport Blair était un
tissu de mensonges. En Irak «la seule
arme de destruction massive, c’était
l’embargo ».
Le bilan du
renversement du régime baasiste est
effroyable : plus d’un million de civils
tués, des destructions sans nombre,
l’implosion de la société irakienne, la
partition de facto du pays, des
millions de déplacés et de réfugiés, le
terrorisme, une guerre de religion… en
un mot le chaos.
Crimes de guerre et
crime contre l’humanité
Il aura fallu 7 ans
pour que l’enquête sur l’engagement
britannique en Irak soit publiée, 13 ans
pour que la Grande-Bretagne reconnaisse
officiellement certains de ses crimes.
George Galloway – député exclu du
Parti travailliste parce qu’il
s’opposait à la guerre –
a remercié Sir John Chilcot d’avoir
rendu à son pays un peu de son honneur.
Un peu, seulement, car il reste à juger
Tony Blair pour crimes de guerre. Rien
moins. C’est ce que réclament Jeremy
Corbyn, chef actuel du Parti
travailliste, et plusieurs pétitions en
ligne sur Internet. La Cour Pénale
Internationale (CPI), accusée à
raison de « tropisme africain »,
pourrait gagner en crédibilité en
ordonnant la comparution de l’ancien
Premier ministre britannique.
Si ce procès a lieu
un jour – qui sait ? - Blair
devra s’expliquer sur ses mensonges et
leurs conséquences, sa relation de
vassalité à l’égard de George W. Bush…
et sur
la mort plus que mystérieuse, en
juillet 2003, de David Kelly, inspecteur
de l’ONU expert en armes de destruction
massive qui contredisait ses dires.
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