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Iran : Le mécontentement des
«déshérités»
Gilles Munier
La
politique de Rohani a été conspuée par
les manifestants
Jeudi 4 janvier 2018
En mai dernier, en Iran, j’ai assisté
aux derniers jours de la campagne pour
l’élection présidentielle à Kermanshah,
Paveh (Kurdistan) et Téhéran.
Etaient en lice : Hassan Rohani –
président sortant, mollah dit modéré
– et Ebrahim Raïssi, descendant du
prophète Muhammad, considéré comme
conservateur.
Rohani avait à son
actif la levée des sanctions
internationales liées au programme
nucléaire iranien et donc la promesse
d’une amélioration de la situation
économique.
De Raïssi, je
savais qu’il dirige Astan Quds Razavi,
une des grandes organisations
caritatives du monde musulman, et le
sanctuaire de l’imam Reza (8ème
imam chiite), à Machhad.
Raïssi me
semblait, de par sa sensibilité et ses
activités en faveur des plus pauvres, le
plus apte à répondre aux besoins de
réforme de l’économie iranienne, de
faire pencher la balance en faveur de ce
qu’on appelle les « déshérités ».
Hassan Rohani a été
réélu au premier tour avec 57% des votes
exprimés. Ses promesses électorales ne
se sont évidemment
pas matérialisées.
Comme il fallait
s’y attendre, la désillusion des
« déshérités » et des jeunes au
chômage a fini par exploser. Ces
derniers jours, on a assisté en quelque
sorte au second tour de l’élection
présidentielle sous la forme de
manifestations de rues. Et des opposants
de tous poils, manipulés par les
Etats-Unis, l’Arabie saoudite ou Israël
– comme les
Moudjahidine du Peuple ou le
PJAK - en ont profité pour
surfer sur le mécontentement d’une
partie de la population et faire déraper
les manifestations.
Comme il fallait
aussi s’y attendre, les médias
occidentaux ont donné à ces événements
un écho disproportionné, laissé
croire que l’heure du changement de
régime était venue. C’était méconnaitre
les réalités du pays.
Cela dit, on voit
mal comment Rohani peut redresser la
barre. Sans changement radical et
surtout rapide de sa politique
économique et sociale d’autres
explosions de « ras-le-bol » sont
à prévoir.
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