L'actualité du
droit
L'inacceptable impunité d'Israël
et ses causes
Gilles Devers
Mercredi 27 janvier 2016
Devant le Conseil de Sécurité,
notre ami Ban Ki-moon a presque failli
se fâcher à propos de la situation en
Palestine… C’est dire… Des propos plus
que mesurés qui ont
mis en transe les Israéliens,
pendant que les
Etats-Unis approuvent, et que les
Palestiniens
tirent contre leur camp… ce qui est
le vrai problème.
Ban a condamné les attaques menées
depuis plusieurs mois par des
Palestiniens contre des civils
israéliens mais a ajouté qu’il était
« dans la nature humaine de
réagir face à l’occupation qui sert
d’incubateur à la haine et à
l’extrémisme », ajoutant : « Les mesures
sécuritaires ne pourront pas réduire à
elles seules les violences. Elles ne
peuvent pas résoudre le profond
sentiment d'aliénation et de désespoir
ressenti par certains Palestiniens - en
particulier les jeunes. La force de la
loi doit être exercée sur tous ceux qui
commettent des crimes - avec une justice
s'appliquant de manière égale aussi bien
à l'encontre des Israéliens qu'à
l'encontre des Palestiniens. La
frustration palestinienne grandit sous
le poids d’un demi-siècle d’occupation
et la paralysie du processus de paix. »
Le secrétaire général s'est
ensuite déclaré « profondément inquiet »
de nouveaux projets israéliens de
construction de logements en
Cisjordanie : « Ces initiatives
provocatrices ne peuvent que faire
monter encore la tension et nuire à
toute perspective de règlement
politique ». Et Ban a souligné : « Pour
faire des progrès vers la paix il faut
un gel de l'entreprise de colonisation.
La poursuite des implantations est un
affront fait à la population
palestinienne et à la communauté
internationale et soulève des questions
fondamentales sur l'engagement d'Israël
envers une solution à deux Etats. Les
parties doivent agir, et agir
immédiatement, pour éviter que la
solution à deux Etats ne disparaisse
pour toujours. Mettre en œuvre cette
vision – deux Etats vivant côte à côte
dans la paix et la sécurité - offre le
seul moyen à Israël de conserver à la
fois sa majorité juive et son statut
démocratique. Alors que l'ensemble du
Moyen-Orient continue d'être en proie à
une vague incessante de terreur
extrémiste, Israéliens et Palestiniens
ont l'occasion de redonner espoir à une
région déchirée par l'intolérance et la
cruauté. Je leur demande instamment
d'accepter ce défi historique ».
Ban n’a pas oublié les réalités
palestino-palestiniennes : « Je continue
à penser que les conditions à Gaza
posent une menace grave pour la paix et
la sécurité sur le long terme dans la
région ».
Ce texte n’est pas un exploit,
mais le service minimum du rappel des
réalités, et il faut prendre cinq
minutes pour rappeler les
responsabilités vis-à-vis du peuple
palestinien.
La première est celle de l’ONU,
qui
en 1947 a adopté
un plan de partage de la Palestine.
Or, l’ONU - celle d’avant la
décolonisation qui était le club des
puissances impérialistes - n’avait aucun
droit pour donner ce qui ne lui
appartenait pas et elle ne pouvait
donner ni la terre de Palestine, ni la
souveraineté du peuple palestinien.
Jusqu’à preuve du contraire, on ne
partage que ce qui existe, et il est
bien évident que la Palestine existait,
une Palestine de
toutes les religions. Cette
recommandation a donc conduit à la
violence, la Nakba, et n’a jamais pris
fin.
La seconde est celle d’Israël,
avec
son armée professionnelle du crime
de guerre.
La troisième est celle des
puissances occidentales qui soutiennent
les yeux fermés la politique
annexionniste de l’État d’Israël, quels
qu’en soient les méthodes,
quel qu’en soit le coût. Pour en
rester à 1967, il ne serait pas
difficile pour les Etats européens de
condamner la colonisation de la
Cisjordanie et de Jérusalem-Est,
reconnue comme violation flagrante du
droit international par le Conseil de
sécurité, non
par des jolis mots mais par des
mesures efficaces, en poursuivant toutes
les entreprises européennes impliquées
et en refusant tout statut aux produits
issus de ce crime de colonisation.
La quatrième est celle des
dirigeants palestiniens qui se sont
laissés engluer dans des
négociations-reddition, conduisant au
dépeçage de la Cisjordanie et de
Jérusalem-Est, et la marginalisation de
Gaza, la plus grande prison à ciel
ouvert : 1,8 millions de personnes.
Après des évènements qui ont
brassé toute la société palestinienne
et tant de fausses pistes,
déserteur de la justice, Abbas s’est
finalement résolu à ratifier le Traité
de la Cour Pénale Internationale, mais
en renonçant à déposer plainte contre
Israël, et en dissimulant cette énième
rouerie par des déclarations de
perroquet énervé. La CPI peut agir
demain: il suffit d’un fax de Ramallah
déposant plainte.
Le sommaire de Gilles Devers
Les dernières mises à jour
|