L'actualité du
droit
Charlie crache sur le cadavre d’un
enfant
Gilles Devers
Dimanche 17 janvier 2016
Amateurs de rire, voici un
dessin qui va vous ravir tant il s’en
dégage un puissant humour… Un grand
moment à partager entre amis.
C’est sordide, propagandiste et
islamophobe : c’est Charlie. Ce
dessin, c’est l’histoire d’un enfant
dont tout le monde connait le nom et
l’histoire. Une vie broyée – votre
enfant, le mien, tous les enfants – par
la violence du monde. Après les
attentats de Paris, la presse publie des
biblios des victimes du terrorisme, pour
leur rendre un peu de vie. Charlie
crache sur le cadavre d’un enfant.
Chacun son style.
Un dessin de Charlie,
franchement, je m’en contrefiche, comme
tant d'autres… Tout le problème est que
Charlie est devenu le
panache blanc auprès duquel se
rallient notre « gouvernement » et la
flopée de ses cireurs de pompes :
députés, presse, petits barons de
province, mendiants de médaille…
En réalité, il y a deux
problèmes : Charlie qui pue, et
la propagande gouvernementale qui colle
à Charlie…
Charlie qui
pue
La famille d’Aylan peut
certainement faire un procès pour ce
dessin, que Charlie a choisi de
diffuser dans le numéro spécial
« mémoire », à un million d’exemplaires.
Un peu d’humour mal placé ?
Non, une analyse vicieuse.
Le sens du dessin est que cet
enfant, dont le monde entier connait
l’identité et l’histoire, était voué,
comme ses coreligionnaires, à être un
intrus, un pauvre d’esprit car
non-occidental, un basané qui sera
toujours étranger dans un monde trop
élaboré pour lui. Tôt ou tard, le
rupestre zarabe allait occuper son temps
à agresser les femmes, en leur pelotant
les fesses. Heureusement, sa mort a
évité le passage à l’acte. Pour Riss, il
s'agit de « migrants » et non de «
réfugiés ». Marine approuve.
Une analyse très violente.
Massivement violente pour la
mémoire d’Aylan, pour le
droit à l’intimité de la vie privée
de cet enfant. C’est contre son gré que
le monde entier connait son nom. Tant
pis pour lui : Charlie ne
respecte rien. Riss dézingue un gosse de
trois ans.
Riss va répondre qu’il ne faut
pas en rester à une lecture simple,
qu’il faut interpréter, contextualiser…
Il faut chercher le sublime dans le
crachat...
Le problème d’Aylan, ce n’est
pas le départ de Syrie, qui est le choix
de ses parents. Quitter la Syrie en
2015… tous les points de vue
circulent, on en reparlera. Mais pour
Aylan, la seule question est le devoir
des Etats européens, tenus par leur
constitution, la signature de la
Convention sur les réfugiés et de la
Convention européenne de sauvegarde des
droits de l’homme d’accueillir toute
personne en situation de précarité. Un
impératif qui ne se discute pas.
Les Etats signataires de la
Convention européenne de sauvegarde des
droits de l’homme – 48 Etats, un vrai
bloc de civilisation incluant la Russie
et la Turquie – sont tenus de respecter
les articles 2 (droit
à la vie) et 3 (refus
des traitements inhumains et dégradants)
en toute circonstance, et ils doivent
agir préventivement pour s’assurer de
l’effectivité de ces droits.
Or, en septembre 2015, lors du
décès d’Aylan et de ses proches, rien de
sérieux n’était fait. Le sens de
l’événement, c’est l’Europe – première
puissance économique du monde – qui
refusait de mettre à disposition des
bateaux pour qu’aucun être humain ne
meure noyé dans les eaux de la
Méditerranée. En juillet 2013 à
Lampedusa,
le Pape l’avait dit, dans
l’indifférence. Un enfant meurt parce
que l’Europe manque à tous ses devoirs…
Et Charlie se marre parce que
cet enfant était programmé agresseur de
femmes…
Bien sûr que Charlie
mérite un procès, mais le plus grave est
ailleurs.
La propagande
Charlie publie ce qu’il veut,
et basta. Là où ça devient
grave, c’est avec l’idolâtrerie
« républicaine » autour de ce journal
nihiliste et provocateur, focalisé sur
son chiffre d’affaires. La fusion
« Etat-Charlie », c’est la
catastrophe. La question n’est pas les
frelatés de Les Républicains
que sont Hollande et Valls… La question,
c’est la France, un grand peuple, qui a
tant à dire au monde, un membre
permanent du Conseil de sécurité, que le
monde entier observe.
Associer Charlie et la
République, c’est ajouter une bouse de
plus au romantisme arrangé de notre
histoire, après les guerres de religion,
le roi et la reine décapités en place
publique, la Terreur, le rétablissement
de l’esclavagisme par Naboléon, les
terrifiantes guerres de conquête par ce
même criminel, la répression de la
Commune de Paris par le gouvernement
républicain, Jules Ferry et
la supériorité de la race blanche,
la colonisation destructrice,
l’assemblée du Front populaire de 1936
remettant les pleins pouvoirs à Pétain,
l’appareil d’Etat livrant les Juifs à
Hitler, les crimes contre l’humanité
dans les colonies, les Algériens jetés
dans la Seine le 17 octobre 1961, la
destruction de l’Afrique par la
Françafrique…
Et tant d’autres... Alors,
aimer son pays, et toujours, mais (1) ne
pas confondre le gouvernement et le
pays, et (2) regarder les faits sans le
maquillage, pour identifier les
falsificateurs et les propagandistes, et
les rejeter.
Des journalistes tués par des
tueurs masqués, c’est 100% de consensus
de condamnation dans le pays. A
commencer par la communauté musulmane
qui sait les problèmes que lui posent
ces criminels, dotés d’un petit pois
vérolé à la place du cerveau.
Mais Charlie, c’est no way.
L’insupportable impératif « être
Charlie » pour être un bon
Français, comme certificat d’adhésion
aux valeurs de la République, de la
laïcité intégrée… Stop, please.
Lisez Charlie, regardez le
dessin d’Aylan. Si le dessin ne suffit
pas, lisez « Mohicans »,
le livre de Denis Robert.
Les dirigeants de l’Etat ont
commis une faute grave en voulant faire
de « je suis Charlie » un
principe, alors que ce journal ne
représente qu’un nihilisme catin et
bourgeois.
Dégage Charlie : tu
pues.
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