L'actualité du
droit
La politique du gouvernement
présente-t-elle
encore le moindre intérêt ?
Gilles Devers

Photo:
D.R.
Mercredi 16 septembre 2015
Ça c’est une
vraie question. Hier, le Premier
ministre,
le dénomé El-Blanco, a pris la
parole devant l’Assemblée nationale pour
engager l’armée française sur des
opérations extérieures, à savoir
bombarder des sites du territoire
syrien, contrôlée par Daesh. On essaie
de comprendre ?
Il y a
deux ans...
Il y a deux
ans, en août 2013, Hollande prenait son
air martial tendance guimauve étoilée,
en frémissant d’envoyer les Rafale
sur le territoire syrien,... pour
frapper les places fortes du régime
d’El-Assad. Le Parlement britannique
s’était opposé à une telle agression
militaire, qui sans une autorisation du
Conseil de sécurité, engagerait la
responsabilité de l’Etat, et l’excellent
Obama avait suivi, larguant en pleine
érection mirlitonne, le
guerrier en pyjama Hollande…
Ouf, une
catastrophe évitée.
Il y a
un an...
Il y a un an,
se mettait en place une coalition
internationale pour frapper Daesh, avec
une nébuleuse sans but bien défini,
médiatiquement organisée entre les
États-Unis et la Turquie. Les télés nous
avaient gentiment montré les jolies
images des bombes tombant sur des sites
« stratégiques », et ça, ça marche
toujours. Bon, mais je reste comme la
fosse, septique.
Je n’ai ni
toutes les cartes, ni les dessous des
cartes, mais je constate :
1/ Daesh
s’est plutôt renforcé, avec des
manipulations médiatiques qui marchent
du tonnerre de Dieu, pendant que des
accords économiques se mettent en place,
car Daesh et Al-Nostra ne peuvent vendre
ni le pétrole, ni les produits textiles
sans des intermédiaires puissants auprès
des Etats impliqués dans le bazar.
2/ D’autres
très dangereux groupes terroristes,
comme Al Nostra, filiale d’Al Qaïda, ont
des pratiques aussi violentes, mais ne
font pas de vidéos des décapitations, de
telle sorte que notre vaillante presse,
qui se dope à l’émotion, n’en parle pas.
Pourquoi ?
3/ Quel
serait, en 2015, le mouvement politique
syrien capable de se présenter comme
alternative aux uns et aux autres ?
Alors, voilà…
Pour des
raisons maintes fois exposées ici, et
j’y reviendrai sans relâche, je souhaite
le meilleur accueil possible pour tous
les réfugiés des guerres. Il y a eu trop
de morts, c’est insupportable.
Je respecte
les oppositions tranchées d’analyse face
à des événements de cette ampleur, mais
dans le même temps, je constate que nous
trouvons des chiffres qui font
pratiquement consensus. La population
syrienne, c’est 23 millions d’habitants.
On compte près de 8 millions de
personnes déplacées en interne, qui ont
fui les terres de combat pour se
réfugier dans les zones contrôlées par
l’Etat. Entre 3 et 4 millions de Syriens
ont rejoint les camps de réfugiés dans
les pays limitrophes – Liban, Jordanie,
Syrie – et environ 10 % d’entre eux qui
cherchent à rejoindre les terres
européennes.
Dites-moi si
les chiffres sont faux, je rectifierai
aussitôt.
Ces
personnes, en désarroi, ne cherche
refuge ni en Arabie Saoudite, ni au
Qatar, qui pourtant alimente la guerre
contre le régime d’El-Assad. Je pose
bien la question « pourquoi », si ce
n’est que la réponse est évidente.
Et
maintenant ?
Il y a un
mois, le chef de guerre en pyjama
Hollande refusait d’attaquer Daesh, car
c’était conforter le pouvoir d’El-Assad.
La France allié objectif des terroristes
semblant de combattre avec Vigipirate.
Désolé mais ces mecs nous prennent
vraiment trop pour des demeurés.
Donc rien de
nouveau sur le plan militaire… mais il y
a 10 jours, la presse a publié la photo
bouleversante d’un enfant syrien de
trois ans mort sur une plage turque, et
soudain les chiffres se sont accordés
pour dire que près d’un million de
personnes arrive en 2004 en Europe pour
demander un refuge.
Désormais,
explique le fin chef de guerre Hollande
il est « nécessaire d’attaquer Daesh.
- Pourquoi
« nécessaire » un jour, alors que ce
n’était pas nécessaire la veille ?
- Parce que
le gouvernement fonctionne à l’émotion
- Tu veux
dire que du simple fait de cette photo,
et de l’effervescence médiatique qui a
suivi, Hollande a changé sa politique
militaire du jour au lendemain ?
- Ben oui.
Mais ce n’est pas ce que je pense, c’est
ce qui se passe.
- Donc, il y
a un mois il ne fallait pas bombarder
Daesh, car le vrai ennemi c’était El-Assad,
et un mois plus tard c’est l’inverse.
- Oui.
- Mais la
France n’est pas directement menacée par
Daesch qui n’a pas d’aviation, et
comment la France peut-elle engager des
actions militaires sur un territoire
lointain comme la Syrie, qui est un
territoire reconnu par l’ONU et
souverain ?
- De tout ce
que je lis, la Syrie est maître de son
espace aérien, et soit la France a
obtenu un accord avec la Syrie pour agir
sur son territoire, soit ça va être
chaud de chez chaud pour les Rafale.
- Bombarder
des sites contrôlés par Daesh peut faire
des dégâts, mais en quoi cela peut-il
détruire Daesh ?
- Il faudrait
d’abord savoir quels sont les relais de
Daesh qui lui permettent de vendre du
pétrole et des textiles : quels sont les
intermédiaires ?
-Tu veux dire
que les vêtements achetés pour la
rentrée de mon gosse, et qui étaient à
bon prix, venait peut-être des
territoires contrôlés par Daesh ?
- Bien sûr.
Toute la clé est économique. Qui cherche
le profit ? Les médias nous vendent un
islamisme intégriste qui fait des
ravages, alors que la question réelle
est celle de mafieux, plus ou moins
étatiques, qui veulent faire du fric
sans travailler.
- Comme des
maquereaux ?
- Exact.
Ensuite, pourquoi focaliser sur Daesh ?
Notre excellent mais grippé ministre des
affaires étrangères avait expliqué
qu’Al-Nostra faisait sur le terrain du
bon boulot. Sauf que cette filiale d’Al
Qaïda a exactement les mêmes méthodes
que Daesh.
- Donc, on va
bombarder Daesh et Al-Nostra ?
- Je n’en
sais rien, et j’ai juste entendu qu’on
allait bombarder Daesh, du fait de sa
surface médiatique. Totalement nul du
point de vue des populations syriennes.
- El-Blanco
affirme qu’ « aucun arrangement avec
Bachar Al Assad n'est possible ».
- El-Blanco
elle dit n’importe quoi et ce n’est pas
nouveau. Le problème est que sur la
scène syrienne, la parole française,
entre les mensonges, les approximations
et les trahisons, ne vaut pas un
centime.
- Alors
pourquoi lâcher les Rafale ?
- Parce qu’il
faut vendre encore beaucoup…
- La France,
avec son vote sans valeur de l’Assemblée
nationale, contrairement à ce qui se
passe chez nos amis britanniques, veut
attaquer Daesh, mais c’est le territoire
syrien. Aussi, vient cette question
toute simple : Comment les avions
militaires français peut-il intervenir
sur le territoire syrien sinon pour
obtenir un accord des autorités
syriennes ? La guerre est complexe et
tout ne se trouve pas dans le JO
le lendemain, mais il y a quand même des
questions assez sérieuses à se poser.
-Mais à quoi
vont servir ces bombardements français,
s’ils peuvent avoir lieu ?
-
Politiquement à rien.
- Rien ?
- Rien.
- Alors, El
Blanco ?
- C’est le
mec qui sert à rien.
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