L'actualité du
droit
Le reflux de l’extrême-droite est
amorcé,
et irrémédiable
Gilles Devers
Mercredi 10 février 2016
2015 aura été le dernier bon
cru pour l’extrême-droite française,
alors que s’amorce pour 2016 un reflux,
irrémédiable, qui dans quelques années
ramènera ce vote à ce qu’il a toujours
été en France : marginal et malodorant.
Le FN premier parti de France ?
Oui, dans les résultats électoraux de
2014 et 2015, mais pour quel bilan ? La
prise de gloire reste la mairie de
Hénin-Beaumont, ce qui ne serait jamais
arrivé si cette commune n’avait pas
d’abord été le lieu d’excellence de
la corruption PS. Et à part ça ? Le
FN a presque failli gagner deux régions
en France, mais n’a rien gagné du tout,
avec un vote qui s’est écroulé entre les
deux tours. Il faut dire qu’entre
s’amuser à faire peur et donner le
pouvoir à ces lunaires, il y a un monde.
Le vote FN est et reste d’abord
protestataire. Sur le plan politique, ce
parti refuse de faire des alliances, de
telle sorte qu’il n’aura jamais de
majorité de second tour, donc c’est
mort. Sur le plan économique, son
programme est une parfaite plaisanterie.
Le FN a acquis nombre de votes
populaires avec le slogan du maintien de
la retraite à 60 ans, mais vu son
programme économique de bonimenteur, qui
passe par la sortie de l’Europe, il n’a
aucun moyen de le financer. Et la sortie
de l’euro pour revenir au franc ?...
Super chouette pour faire cocorico sur
un plateau-télé, mais de quoi faire
flipper tous les retraités... Sans
oublier le fondateur défilé de Jeanne
d’Arc : un message puissant pour
construire la France de demain !
Les petits malins qui s’étaient
engouffrés sur les listes FN, pensant
monter dans l’ascenseur pour les jolies
places, se retrouvent tricards. Ayant
compris qu’il est en échec car il reste
une meute de frapadingues, le FN parle
de changer de nom... Il va bientôt nous
annoncer qu’il veut rester dans l’euro…
Les dirigeants du FN viennent de passer
un WE à chercher des solutions, mais
tout montre un parti divisé et
ingouvernable. Son axe politique est la
« dédiabolisation », genre «
cure de désintoxication »,... de
quoi mobiliser les foules ! Et au final,
on trouve effectivement du délire à
l’eau plate : Marine Le Pen lance sa
campagne présidentielle de 2017 avec le
slogan « La
France apaisée »…
Non mais franchement, qui peut
imaginer un instant cette fille
à papa président de la République ?
Défaite certaine en 2017, et dans la
foulée, à peine une poignée de députés.
Le FN est le grand parti des trouillards
et des loosers, et la défaite lui va
comme un gant.
Les activistes, qui trouvent le
« FN apaisé » un peu mou du genou, sont
allés manifester à Calais, et ce n’est
pas allé bien loin... Calais identifie
l’incapacité des gouvernements de Droite
et de Gauche à gérer la situation de
2000 personnes par une négociation
directe avec la Grande-Bretagne… Un
échec qui est une faillite politique et
humaine. Et à la manif, on trouve à
peine 1000 personnes, avec comme figure
de proue un
général à la retraite qui était chef
d’état-major sous Pierre Bérégovoy et
Edith Cresson. Un renouveau remarquable
et une magnifique voie d’avenir… Wahou
les petits de chez Petits !
Cet échec de l’extrême-droite
est irrémédiable car le FN avait une
occasion en or, avec un pouvoir par
terre. Les leaders officiels Hollande et
Sarkozy sont discrédités et rejetés du
fait de leur bilan. Au sein du PS ou des
Rep, aucune idée, aucune figure… A
gauche du PS, rien de vivant… Si Juppé
émerge, c’est qu’il est mieux que les
autres, mais bon… L’extrême droite avait
donc une situation inédite pour
s’imposer, et c’est raté.
Le FN va donc bientôt retrouver
son douillet caniveau, mais ses idées
ont envahi l’espace politique, et ça,
c’est un fait. Oki. Mais pour faire
quoi ? Et combien de temps ? Ses idées,
excellentes pour structurer l’électorat
de la peur, sont nulles, ne marchent pas
et conduisent nulle part.
Prenons l’exemple de la
déchéance de nationalité, qui est un pur
projet FN. Par le chantage aux
investitures pour les législatives,
Hollande va réussir à faire voter le
troupeau des députés PS. Peut-être
trouvera-t-il une majorité des deux
tiers pour modifier la constitution.
Mais pour faire quoi ? Où compte-t-il
aller avec sa déchéance de nationalité ?
C’est du pur produit d’extrême droite :
tout à l’affichage, prime à la violence
sociale et rien de sérieux. Vous
imaginez un pays comme la France
expliquant : « Je renonce à m’occuper de
mes plus grands criminels et je les
refile aux autres » ?
Avec beaucoup de regrets, je
constate que la société a adhéré à ces
théories de la peur, se plaçant dans une
position de repli, comme si l’exercice
des libertés lui faisait peur. Ce recul
de l’extrême droite, c’est l’échec d’une
combinaison mortelle : le repli sur soi
et l’exercice égoïste des petites
libertés.
Nous verrons combien de temps
cela durera, mais au final, et malgré
maintes tentatives, rien est revenu
remettre en cause l’essentiel. Ce qui
fait le pays, et cela marche tous les
jours, c’est la solidarité sociale et
les libertés publiques.
J’ai donc décidé d’être
candidat aux élections présidentielles
de 2028. Mon programme sera :
« renforcer les mécanismes de
solidarité, développer les libertés
publiques et faire la fête entre amis ».
Mon premier ministre sera une femme,
peut-être diplômée, mais surtout
connaisseuse de ce qu’est la vie. Elle
sera aussi à l’aise des deux côtés de la
Méditerranée, car c’est l’avenir de la
France, et si elle est musulmane, ça ne
sera pas plus mal.
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