Politique
Spectaculaire "fuite" du dernier rapport
des préfets :
La société française au bord de
l'insurrection
François Asselineau
Jeudi 14 novembre 2013
C’est un “scoop” dont le gouvernement
se serait sans doute bien passé :
le quotidien Le Figaro du 13
novembre rend compte du dernier rapport
de synthèse adressé daté du 25 octobre
dernier adressé par le secrétariat
général du ministère de l’Intérieur aux
plus hautes autorités de l’État à partir
des notes de synthèse établies par les
101 Préfets sur la situation de la
France.
Ce document est stupéfiant à
deux égards :
- d’une part, par la gravité de la
situation décrite : on y voit la société
française en pleine déliquescence et
dans une situation qu’il n’est pas
exagéré de juger pré-insurrectionnelle.
C’est ce que tout un chacun ressent
d’ailleurs autour de soi et que je
perçois, avec une acuité toute
particulière, en m’entretenant avec le
public, de plus en plus nombreux, qui
vient à
mes conférences à travers la France.
- d’autre part, par l’état de
rébellion sourde qui commence à se faire
jour dans toute la haute administration
française et dont témoigne ce document.
La tradition veut en effet que les
préfets, sans cacher la réalité des
situations, pèsent et soupèsent
néanmoins chaque mot avant de
transmettre des rapports désagréables à
leur ministre. Car celui-ci est aussi
leur patron et dispose de leur évolution
de carrière…
Or, les termes utilisés dans ce rapport
sont franchement très surprenants pour
quiconque est habitué au langage prudent
et feutré des préfets. Cela témoigne non
seulement de la gravité de la situation,
mais aussi de l’exaspération qui monte
dans les rangs de la haute fonction
publique : ce sont par dizaines que les
notes de synthèse préfectorales tirent
vigoureusement la sonnette d’alarme. Les
préfets, en somme, en ont marre eux
aussi.
Du reste, c’est sans doute cette
exaspération qui est à l’origine de la
“fuite” de ce document confidentiel dans
la presse.
Il serait intéressant de savoir qui a
organisé la fuite, dans la mesure où ce
document a normalement une diffusion
extrêmement limitée aux cercles du
pouvoir. Au sein même du gouvernement,
ou parmi les directeurs de cabinet des
ministres, y aurait-il des responsables
qui en auraient aussi assez ?
Quoi qu’il en soit, les événements ne
cessent de confirmer l’aggravation
continuelle de la situation, selon un
scénario que je n’ai pas cessé
d’annoncer depuis que j’avais remis
un rapport réellement prémonitoire de
110 pages à Nicolas Sarkozy, à
l’époque ministre des finances, donc mon
ministre de tutelle, le 18 juin 2004.
Le plus grave, c’est que rien
ne permet d’espérer une embellie durable
et que la course à l’abîme va se
poursuivre, tant que la France restera
dans l’UE et dans l’euro.
François ASSELINEAU
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