Corse
La Corse mûrit et… s’insurge…
Edmond Simeoni
Lundi 22 février 2016
L’île a souffert dans son histoire mille
tourments dont les agressions externes –
Barbaresques, Rome, Pise, Gênes, la
France-, constituent le soubassement
essentiel du malheur collectif ; depuis
cinquante ans, la flamme de l’inévitable
et nécessaire Résistance s’est avivée ;
multiforme, avec des violences par
principe regrettables mais pas toujours
évitables. Avec un refus constant,
répressif, dilatoire de la France qui
nie le peuple corse, le fait national et
méprise les choix démocratiques de notre
Assemblée de Corse, dépositaire de la
souveraineté populaire.
Depuis peu, la raison l’emporte sur la
passion ; le FLNC – organisation
clandestine indépendantiste et
violente-, a donné le signal de son
choix, désormais, de la lutte
démocratique, rejoignant ainsi la
mouvance autonomiste par cette décision.
Les étudiants ont démontré in Corti,
depuis un an, leur pugnacité, et leur
sens de responsabilités en réduisant
considérablement les affrontements avec
les forces de l’ordre et en privilégiant
des occupations pacifiques, des grèves
de la faim, les démarches conjointes
avec le Président de l’Università, le
dialogue avec les forces politiques
démocratiques. La ville est rassurée car
elle sent que l’effervescence de notre
jeunesse, est justifiée, de bon aloi,
maîtrisée. L’avenir est donc moins
anxiogène. De plus, l’action pour
prévenir la violence, portée par Umani
avec Jf Bernardini ou encore
« Alternatives non-violentes » avec
François Vaillant, sèment dans la
jeunesse les graines de la conscience et
de l’espérance en la démocratie.
Les incidents graves de Reims entre les
supporters du SCB, la blessure grave et
inacceptable de Maxime, la condamnation
à 5 mois de prison d’un jeune
manifestant à Bastia,- excessive,
inopportune- Rémi, arrêté à l’audience,
ont aggravé inutilement le contentieux.
La manifestation, hier à Bastia, à
l’appel de Bastia 1905, du SCB, du
Rinnovu, est un succès populaire
important ; son déroulement , ordonné,
sans aucun débordement, est à la fois
une démonstration de force, réelle, et
de maturité ; c’est surtout un gage de
bon augure pour le proche avenir ; car,
malheureusement, le refus de Paris de
toute véritable évolution politique, de
tout signe de détente sur les
prisonniers, démontre bien la voie, plus
imposée que réellement choisie de la
Collectivité Unique, est une impasse
puisque l’Etat campe sur des positions
initiales et majeures de blocage
inacceptables. Or, la confiance est
l’ingrédient de base pour résoudre la
crise corse et elle est totalement
absente. La lutte est donc devant nous.
Il faut la poursuivre avec
détermination, avec constance, sur tous
les terrains – en prohibant la
violence- ; les grèves ciblées qui
pénalisent l’Etat, les manifestations
répétées comme celle contre le refus
d’une intercommunalité rationnelle, ou
les protestations contre la politique
des déchets ou encore des transports,
surtout l’internationalisation de la
« question corse », la contestation
contre la précarité ou l’atonie
économique, la paralysie des
Institutions de l’Etat, offrent une
panoplie inépuisable de lutte.
Pour utiliser une métaphore sportive,
nous jouons à domicile mais l’arbitre,
les instances sont contre nous
systématiquement ; la moindre violence
est prétexte à nous sanctionner, à nous
disqualifier pour nous exclure du match.
Il faut donc faire appel à
l’intelligence, à la créativité, à
l’endurance, à la volonté pour faire
échouer leur misérable politique ; qui
s’aggrave, au prorata de la progression
de nos idées d’émancipation. Leur
politique, désormais démasquée, rejetée,
ne peut qu’échouer car elle est assise
sur l’injustice, le mépris, les
manœuvres ; notre combat est porté par
le Droit international, la recherche de
la dignité collective du peuple corse ;
la liberté qui ne se monnaye pas nous
attend, à terme. Vinceremu.
Publié le 28 février 2016
Le
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