Cirepal
En hommage à
Joseph Samaha
L’agression…
mise à nu
Joseph
Samaha
Al-Akhbar,
19 février 2007
La
politique américaine vis-à-vis des situations palestinienne et
libanaise possède des traits communs :
1
– Washington désigne des forces populaires, ayant du poids et
une légimité, en tant qu’ennemis et faisant partie de l’axe
de l’extrémisme terroriste contre lequel il est supposé mener
une guerre décisive. Il n’y a aucun problème direct entre
Hamas et les Etats-Unis, ni en ce qui concerne le Hizbullah. Mais
l’hostilité est due au tournant belliqueux de la politique américaine,
d’abord, et de la centralité de la relation avec Israël,
ensuite. Et si nous pouvons extrapoler, et trouver des causes au
discours américain à propos de la place irakienne dans la guerre
planétaire contre le terrorisme, à cause de l’implication américaine
là-bas, il n’y a aucune justification américaine directe pour
appliquer ce discours au Liban et en Palestine.
2
– L’administration américaine propose aux forces locales
« modérées » ou « responsables » (selon
la dernière appelation) des missions qui dépassent leurs capacités
d’exécution. Cela, si elle le veut, nous pouvons trancher que
du côté palestinien, Mahmud Abbas est préféré sans le Hamas,
et du côté libanais, Fouad Sanioura est souhaité sans « le
Hizbullah et ses armes ». Mais ceci est une chose et
l’avancée vers une confrontation décisive et presque
impossible, en est une autre. Il faut remarquer, dans les deux cas
cités, que l’occupation israélienne a échoué, mais aussi la
dernière agression contre le Liban (sans parler des difficultés
de l’occupation américaine de l’Irak). Malgré tout, la
demande américaine n’a pas changé, une fois au nom de la
« feuille de route » et des « conditions du
quartet » (le mieux serait de dire « le legs du
quartet car il a déjà rendu l’âme) et une fois au nom des résolutions
1559 et 1701.
3
– Les Etats-Unis accordent des aides financières et militaires
aux « forces modérées » tant qu’elles sont en
conflit avec les « forces extrémistes ». C’est ce
qui s’est passé lors des affrontements à Gaza. C’est ce qui
s’est passé à la conférence de Paris 3. Mais lorsqu’il
s’avère que l’ « aide » la plus efficace
serait d’amener Israël à reculer, Washington devient hésistante
ou refuse net. L’administration actuelle a passé six ans à
refuser d’ouvrir « un horizon politique » à Yasser
Arafat puis à Mahmud Abbas et au gouvernement du Fateh, puis à
Mahmud Abbas et au gouvernement du Hamas et actuellement, le plus
probable, à Mahmud Abbas et le gouvernement d’union nationale.
On peut dire la même chose concernant le Liban où l’évocation
des « fermes de Shebaa » et des violations israéliennes
est chose interdite même si un rôle est donné aux forces
internationales et l’ONU.
4
– Lorsque la situation est si évidente, il devient difficile de
parler de simples « erreurs ». Il semble que
Washington préfère l’anarchie en Palestine et au Liban, à la
paix civile dont la condition est de rassembler les « forces
du bien » et les « forces du mal » dans un
gouvernement d’unité nationale. Washington va trouver une
formule pour boycotter le gouvernement d’union nationale en
Palestine, c’est ce qu’a déclaré Ehud Olmert à la place de
George Bush, même si Rice a décidé de reporter sa position.
C’est ce qui est arrivé au Liban lorsque l’ambassadeur américain
Jeffrey Feltman est intervenu, sur le terrain, soutenu par des déclarations
de l’administration, pour couper court à tout règlement
interne équilibré même si l’alternative consiste à garder la
crise ouverte. Il est devenu légitime, au Liban, de poser la
question pour savoir si Washington accepte les points de règlement
proposés par la majorité parlementaire et gouvernementale. Ce règlement
peut sembler, aux yeux des Américains, pas assez radical. Comment
en serait-il alors s’il fallait lui ajouter le communiqué
ministériel actuel et la question des armes, renvoyée au
« dialogue interne », pour mettre en avant la paix
sociale. Nous pouvons ajouter que des forces libanaises concernées
ne voient pas d’intérêt dans ce règlement, ni dans une
solution qui satisfasse les revendications de l’opposition.
George
Bush a refusé un projet américain pour un règlement global dans
la région, fermant les dossiers ouverts et empêchant
l’ouverture d’autres. C’est ce que propose essentiellement
le rapport Baker – Hamilton, et selon ce rapport, il est supposé
qu’Israël aide les Etats-Unis à sortir de l’impasse
irakienne en contrepartie du service qui lui a été accordé en détruisant
l’Etat irakien.
Au
lieu de cela, George Bush a préféré poursuivre la confrontation
stratégique soutenu par une tactique simulant la reprise des négociations
au niveau palestinien. Mais cette tactique demeure toujours dans
le cadre stratégique car son passage obligé est la guerre
fratricide palestinienne. « L’accord de la Mecque »
a gelé la lutte, la tactique a échoué ou presque, et l’axe de
la modération peut se retrouver sans feuille de vigne… Ainsi,
l’agression ne peut que se poursuivre… nue !
Message
de condoléances du prisonnier Samir Qintar, détenu dans la
prison sioniste de Haddarim, en Palestine occupée
Maître
Elias Sabbagh, avocat, a transmis la lettre suivante de Samir
Qintar :
« C’est
avec une grande tristesse que j’ai appris la nouvelle du départ
du grand écrivain et journaliste, M. Joseph Samaha.
Le
décès de Joseph Samaha est une perte immense pour les plumes
libres, dignes et propres qui ont défendu le droit et les
questions justes de notre nation, et notamment leur point
culminant, la résistance héroïque au Liban, en Palestine et en
Irak.
Je
suis extrêmement triste à cause de cette douloureuse atteinte.
Et la tristesse entre quatre murs a un goût différent, une
tristesse mortelle gît au fond de mon cœur.
Joseph…
Je ne t’ai pas rencontré, mais je te connais bien, car il
suffit pour moi de savoir que tu es le maître de l’engagement
dans l’attitude et envers la question, pour que cela constitue
la clef pour comprendre ton parcours de lutte et ta plume qui a écrit
comme on sculpte dans la roche.
Ton
legs est grand. Il demeurera dans la mémoire des libres et des
dignes de ma patrie du Liban, dans la nation et le monde.
Nous
nous courbons devant toi, notre cher, notre ami, Joseph Samaha, et
nous te promettons de rester fidèles à la ligne que tu as défendue.
La
fidélité à Joseph Samaha signifie l’alignement… plus
justement, l’alignement permanent aux côtés du camp de ceux
qui refusent l’hégémonie, du camp de la lutte pour la démocratie
et la liberté.
Je
présente à la famille du disparu et à la famille du quotidien
al-Akhbar mes sincères condoléances, que Dieu accorde au disparu
Sa vaste miséricorde ».
Traduit par Centre
d'Information sur la Résistance en
Palestine
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