Opinion
On marche sur la tête … et dans le
brouillard !
Christian Vanneste
Les Femen
sonnent les cloches à
Notre-Dame / Michel Euler/AP/SIPA
Jeudi 11 septembre 2014
« Ce qui se conçoit bien s’énonce
clairement, et les mots pour le dire,
arrivent aisément ». La célèbre formule
de Boileau résume ce qui fut le sommet
de la pensée et de la civilisation
françaises, le classicisme. Il n’y a
rien d’étonnant à ce que la confusion la
plus totale règne dans les discours de
notre époque alors que la France
poursuit un déclin qui semble
irréversible. Nous avançons dans une
sorte de purée de pois idéologique où
plus rien n’est clair ni distinct.
Certes, ce brouillard intellectuel est
en grande partie importé et contraire à
nos habitudes mentales, mais peu à peu
il s’installe au fur et à mesure que
l’on s’habitue à parler anglais et à ne
plus penser en bons Français cartésiens.
C’est ainsi qu’en politique
étrangère, nous nous appliquons à suivre
fidèlement les méandres de la politique
menée par la baudruche médiatique de
Washington. Celle-ci vient de déclarer
qu’elle ferait la guerre tout en ne la
faisant pas, avec des frappes aériennes,
mais sans troupe au sol, comme en
Somalie ou au Yémen où ça dure depuis
des années. Contre qui, cette guerre ?
Contre un Etat islamique, qui n’est ni
un Etat ni islamique selon l’éminent et
néanmoins prématuré Prix Nobel de la
Paix. Un pouvoir qui s’étend sur deux
pays et contrôle la seconde ville de
l’un d’eux n’est pas un Etat. Une
religion fondée par un chef de guerre et
qui durant toute son histoire a connu
des appels à la violence conformes à son
texte fondateur, même si elle ne peut
être réduite à cela, ne produit pas le
fanatisme par hasard, mais il ne serait
pas correct de le dire. Tout cela pour
faire passer l’idée qu’on reste allié
aux riches sunnites du Golfe et qu’on
continue à faire la guerre à la Russie
et à ses amis syrien ou iranien. Non
seulement la politique calamiteuse
d’Obama en Syrie nous a entraînés dans
cette chienlit, mais il persiste !
L’Europe offre la même confusion.
Tandis que certains pays menacent
d’éclater, certains politiciens rêvent
toujours d’une Europe Fédérale.
Peut-être même ces derniers se
frottent-ils les mains en entrevoyant
une Europe des Régions ? Mais cette
brume intellectuelle propre aux
technocrates bruxellois leur cache le
réveil des Peuples. Il est quand même
extraordinaire de voir qui présidera la
Commission. Jean-Claude Juncker vient
d’être désavoué par les électeurs de son
pays, et aussitôt il devient l’un des
responsables principaux de l’Union
Européenne. Quant à son pays, c’est l’un
des plus petits. Ce n’est pas une
Nation, mais une province érigée en
pseudo-Etat, incapable de défendre son
indépendance, parce que cela
correspondait au compromis des
puissances, l’Allemagne, la France, le
Royaume-Uni au moment de sa création.
Son insolente richesse, l’un des PIB par
habitant les plus élevés du monde est
liée à sa situation exceptionnelle de
paradis fiscal. Il est vrai qu’il est
toujours plus facile d’avoir des impôts
moins lourds lorsqu’on compte sur les
autres pour qu’ils vous défendent. C’est
donc Monsieur Juncker qui va demander à
l’un de ses commissaires, Monsieur
Moscovici, « notre » commissaire, chargé
de l’économie sans doute en raison de
ses résultats mirobolants en France, de
rappeler à l’ordre la France qui n’en
finit pas d’échouer dans ses tentatives
de redressement. A quand l’Europe
présidée par le Prince de Monaco ?
La politique française est dans le
coton. Dans notre curieuse démocratie où
les élus ont peur de leurs électeurs, le
détour est devenue la règle. Sarkozy élu
à droite avait aussitôt ouvert à gauche
et perdu un temps précieux avant la
crise en augmentant les dépenses quand
il fallait les réduire. De même, ce
grand cachottier de Hollande a mis deux
ans pour avouer qu’il n’était pas
socialiste, mais social-démocrate voire
social-libéral, comme si cette chimère
était possible. Deux ans perdus de plus,
et une dette qui augmente avec des taux
attractifs, c’est vrai, mais qui
seraient rassurants si l’on continuait à
distinguer l’investissement pour
l’avenir qu’il faudrait faire et qu’on
n’a plus les moyens de réaliser et le
fonctionnement actuel que l’on finance
sur le dos des générations futures, le
muscle et la graisse, pour utiliser des
images crues. Une nouvelle fois, la
France annonce qu’elle ne respectera pas
ses engagements. Notre déficit devait
être de 3% en 2014. Finalement, il
dépassera 4% et ce sera de même l’année
prochaine. Que sont devenus les impôts
supplémentaires ? Où sont passées les
diminutions de dépenses qui n’étaient
d’ailleurs que des réductions
d’augmentation ? Mystère ! C’est la
faute à la déflation et à l’Allemagne !
L’absence de compétitivité française n’y
est pour rien !
Mais c’est notre Justice qui a battu
cette semaine tous les records en
matière de confusion. Un groupe de
femmes hystériques se livrent à une
provocation obscène dans l’enceinte de
Notre-Dame. Elles le font au nom de la
laïcité et contre le fanatisme, comme si
la laïcité n’était pas le respect des
religions et la neutralité à leur égard,
et comme si Notre-Dame était connue pour
ses prédications obscurantistes. Les
agents de sécurité expulsent celles qui
manifestement troublent l’ordre public
et contreviennent à la destination du
lieu. Ce sont bien-sûr les dits-agents
qui sont condamnés. Il faut avouer que,
même avec une tête solide, être obligé
sans cesse de marcher dessus, ça finit
par faire mal !
Christian Vanneste,
Député Honoraire - Président du RPF -
Président d'honneur de Famille et
Liberté
Les dernières mises à jour
|