Chronique
Quand le diable prêche la bonne parole
Chérif Abdedaïm
© Chérif
Abdedaïm
Samedi 26 avril 2014
Quand les Palestiniens se
réconcilient entre eux, ceux qui
prétendent tuer les populations pour
instaurer leur «démocratie», semblent
fâchés. Et pourtant, ces Américains aux
interventions meurtrières, là où ils
passent, n’ont jamais cessé de parler
d’instauration de la paix dans le monde.
En novlangue, c’est du déjà vu avec
notamment le concept de «pacification».
Récemment, les Etats-Unis ont indiqué
qu'ils étaient «déçus» par l'accord de
réconciliation entre les deux
principales factions palestiniennes, qui
pourrait «sérieusement» compliquer les
efforts de paix. Délires chroniques,
réflexion parano, quand on sait que la
vision américaine de la paix se traduit
par des incohérences contre nature. Cela
dit, et en dépit de ce mécontentement
américain, l'accord palestinien qui
pourrait mettre fin à une scission
interne de sept ans entre le Fatah et le
Hamas, serait en vue d’une éventuelle
discussion pour la formation d’un
gouvernement d’union nationale d’ici
cinq semaines. Le moment de l'accord est
«troublant» et les Etats-Unis sont
«déçus» par cette annonce, a indiqué la
porte-parole du département d'Etat Jen
Psaki lors d'une conférence de presse.
«Cela pourrait sérieusement compliquer
nos efforts -- pas seulement nos
efforts, mais les efforts entre les
parties, plus précisément, dans le but
de prolonger les négociations », a
déclaré Mme Psaki. Les négociations de
paix parrainées par les Etats-Unis entre
Israéliens et Palestiniens approchent de
leur échéance du 29 avril sans qu'aucun
règlement ne soit en vue. Les
négociateurs israéliens ont informé
leurs homologues palestiniens qu'ils
avaient annulé une réunion prévue
mercredi soir pour protester contre
l'accord palestinien. Plus tôt mercredi,
le Premier ministre israélien Benjamin
Netanyahu avait expliqué que M. Abbas
devait choisir s'il voulait la paix avec
Israël ou avec le mouvement Hamas,
qu'Israël considère comme un groupe
terroriste. Abbas a répondu que l'accord
de réconciliation n'allait aucunement à
l'encontre des négociations de paix avec
Israël. Soulignant les principes de
longue date des Etats-Unis au sujet de
la question de la réconciliation, Mme
Psaki a précisé que le gouvernement
palestinien devait s'engager «sans
ambigüité et de manière explicite» à la
non-violence, reconnaître l'Etat
d'Israël, et accepter les précédents
accords entre les parties. Peu après
l’annonce de l’accord de réconciliation,
l'aviation israélienne a effectué une
frappe sur le nord de Ghaza, blessant
six civils palestiniens, dont un très
grièvement, selon le ministère de
l'Intérieur du Hamas. L'armée
israélienne a affirmé avoir mené «une
opération de contre-terrorisme», mais a
reconnu avoir manqué sa cible. Nous
voilà face à une vraie situation de
terrorisme que les Américains n’osent
pas évoquer. Comme si les civils
palestiniens massacrés au quotidien
étaient des sous hommes qui ne méritent
aucune compassion. Quand le diable
prêche la bonne parole !!!
Article publié sur
La Nouvelle République
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de l'auteur pour publication
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