Chronique
Autrement vu
Chérif Abdedaïm
© Chérif
Abdedaïm
Mardi 13 mai 2014
Le monde actuel
risque un nouveau cataclysme avec
notamment le risque d’une troisième
guerre mondiale. Et pourtant, toute
approche belliqueuse est justifiée au
nom de différents principes «
démocratiques ». Là où l’on impose le
Patriot Act, on ne cesse de confabuler à
propos de ce concept, hélas, loin de la
vraie démocratie au sens étymologique du
terme.
Cela dit, il existe
aujourd’hui une intelligentsia
alternative qui démystifie avec
diligence l’imposture des gouvernements
quant à la prétention démocratique
qu’ils revendiquent.
Leurs approches,
certes toujours minutieuses et
originales, demeurent malgré tout
cloisonnées dans une dimension
communément historique, voire
universitaire et spéculative. En effet
tout débute immanquablement à Athènes,
au siècle de Périclès : c’est carrément
le modèle originel, sans lequel le mot
même de « démocratie » n’existerait pas.
L’éloge – à raison – est unanime.
Quelques-uns
ensuite rappellent certaines formules
plus égalitaires de partage du pouvoir
utilisées au Moyen-âge puis lors de la
Renaissance dans les communes italiennes
et dans la couronne d’Aragon, en
Espagne.
Enfin tous
dénoncent le travestissement opéré sur
la matrice démocratique lors de
certaines « révolutions » en faveur
d’une oligarchie bourgeoise qui n’eut
que faire du pouvoir du peuple.
Leurs exposés
varient quelque peu en fonction des
regrets ou des espoirs déclarés quant à
leur idéal démocratique, mais le
discours reste similaire dans ses
grandes lignes. Ils présentent un
pouvoir débarrassé de toute
représentation oligarchique ; une
souveraineté populaire où le bien public
coïnciderait avec l’intérêt commun et où
chacun, alors directement concerné et
libre d’expression, pourrait mieux
s’investir dans l’organisation de
l’endroit où il vit. Un pouvoir partagé
par tous donc, qui deviendrait une force
collective capable de changer les choses
dans l’intérêt général.
Assemblée
constituante, tirage au sort, rotation
des mandats, égale participation à la
vie politique, dialogue sur les réalités
publiques, obligation de rendre des
comptes sur ses charges, rôle centrale
des conseils et comités populaires. Les
pauvres auraient ainsi l’autorité sur
les plus aisés du fait de leur
supériorité numérique et parce que le
principe « méritocratique » serait
récusé. Plus de confiscation du pouvoir
par des experts faussement disparates
dans des partis paravents. Autrement dit
fin de la professionnalisation de
l’activité politique au profit d’un
véritable pouvoir du peuple.
L’histoire est
belle, mais la rappeler uniformément ne
suffit définitivement pas. D’ailleurs si
les pouvoirs en place laissent les
populations jouir de leurs droits
démocratiques c’est qu’ils n’ont rien à
en craindre. En effet dans «
diktacraties » actuelles, les pouvoirs
réels sont ceux que la minorité
n’exprime jamais et que la majorité
subit toujours. Les rêves démocratiques
édulcorent les consciences qui se
croient au mieux généreuses et
fraternelles, au pire charitables et
complaisantes. On nous apaise d’autant
plus que notre monde préfère rêver sa
liberté tout en achetant sa servitude…
Article publié sur
La Nouvelle République
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de l'auteur pour publication
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