Chronique
«Touche pas à leurs potes !»
Chérif Abdedaïm
© Chérif
Abdedaïm
Lundi 3 mars 2014
La LDJ (Ligue de Défense Juive)
rend hommage, par écrit sur son site, à
l’assassin de 25 musulmans en prière à
la mosquée d’Ibrahim, à Hébron en
février 1994, il y a 20 ans.
Apologie d’un massacre qui ne fait pas
lever un sourcil le ministre de
l’Intérieur français, Manuel Valls,
pourfendeur exclusif de quenelles. Les
fascistes de la LDJ peuvent ainsi
célébrer Baruch Goldstein, en toute
impunité. Il n’y aura ni interdiction,
ni procès, ni Conseil d’Etat.
L’incitation à la haine et à la violence
est autorisée quand elle vise des
Palestiniens. En revanche, Boualem
Snaoui, l’un des porte-parole
départemental d’«Ensemble» a été emmené
menotté, et a passé près de 8 heures en
garde à vue dans les commissariats de
Deuil-la-Barre et d’Enghien. ET pour
quelle raison ? Une plainte déposée par
René Taieb, candidat PS aux élections
municipales de Montmagny, et responsable
du CRIF pour le département, pour
dégradation de ses affiches apposées sur
les panneaux dédiés à la libre
expression publique dans la commune de
Montmagny et «incitation à la haine
raciale». Ce que le suppôt du CRIF
qualifie de «haine raciale», ce sont les
affiches apposées par Boualem portant
les mentions suivantes : «En 4 ans,
l’armée israélienne a détruit 12 000
maisons palestiniennes et déraciné 200
000 oliviers (rapport B’tselem, ONG
israélienne)». Quel rapport donc avec la
sécurité d’Israël ? Dans ce cas de
figure, certains pourraient s’interroger
pour la énième fois pourquoi les
autorités françaises passent sous
silence les actes racistes (agressions
et autres) des «guerriers d’Israël» en
France alors que la moindre critique du
régime sionistes est passible de dures
sanctions. La réponse pourrait nous être
fournie par les révélations qui
éclaboussent ça et là la scène politique
française. Dans ce sens, la dernière en
date nous est débitée par un homme
d'affaires américain dévoué à la cause
sioniste affirmant que François Hollande
avait reçu de l'argent via son
organisation lors des primaires
socialistes de 2011. Le 4 décembre 2013,
le site d'un hebdomadaire de la
communauté juive californienne, dénommé
The Jewish Journal, a publié un article
détonnant -et jusqu’alors passé
inaperçu- à propos de l'activisme
pro-israélien en France. Intitulé
«Pouvoir Juif and French conserns over
the nuclear deal», le papier de Rob
Eshman postule l'idée suivante: la
position intransigeante de Paris envers
Téhéran - sur la question nucléaire -
s'expliquerait partiellement par le
lobbying efficace et discrètement
pratiqué par ELNET (European Leadership
Network), une organisation sioniste
fondée en 2007. Son président et
cofondateur, Larry Hochberg, est un
entrepreneur américain qui, après avoir
fait fortune dans le commerce des jouets
et des vêtements sportifs, s'est investi
dans la cause pro-israélienne en
rejoignant l’AIPAC (groupe de pression
auprès des parlementaires) et en
dirigeant l’association des «amis des
forces de défense d'Israël» (FIDF).
Ainsi, interrogé par The Jewish Journal,
Larry Hochberg se vanta d'avoir
influencé avec succès des dirigeants
européens et notamment français. Au
cours de cette interview, il confia
également que les donateurs
pro-israéliens ont donné un tiers de
l'argent pour aider Hollande à battre
Martine Aubry lors des primaires. Voilà
donc ce qui expliquerait le parti pris
des dirigeants français à l’égard du
régime sioniste. «Touche pas à leurs
potes !»
Article publié sur
la
Nouvelle République
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l'auteur pour publication
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