Les enjeux
de la vie internationale
Les deux morts de Betunia et Al Dura
Charles Enderlin
© Charles
Enderlin
Vendredi 13 juin 2014
L’événement marque un changement
fondamental de politique de la part de
Tsahal. Il s’est déroulé hier, 11 juin
2014, à l’institut médico-légal d’Abou
Dis en Cisjordanie. Deux experts
israéliens dont, Hen Kugel, le directeur
de l’Institut médico-légal de Tel Aviv,
en compagnie de deux médecins légistes
palestiniens, d’un expert américain et
d’un autre canadien, ont procédé à
l’autopsie du corps de Nadim Nuwara. Ce
jeune palestinien avait été tué par une
balle réelle, à Betuniah, près de
Ramallah, le 15 mai dernier lors des
manifestations de la Nakba à quelques
dizaines de mètres d’une position
israélienne. Un autre adolescent,
Mohammed Abou Daher, y a trouvé la mort
dans des circonstances similaires, le
même jour. L’armée a immédiatement
annoncé que, sur place, les gardes
frontières n’avaient tiré que des balles
caoutchoutées.
Une mise en scène?
Très vite la communication israélienne a
accusé les Palestiniens de mise en
scène. Le ministre de la défense, Moshé
Yaalon, avait déclaré : « les forces
de sécurité ont fait face à un incident
violent durant lequel des bouteilles
incendiaires et des pierres ont été
jetées sur des gardes frontières qui, se
sentant en danger, ont réagi comme elles
devaient le faire ». C’est-à-dire
en tirant uniquement des balles
caoutchoutées. Mais, la scène a été
enregistrée par plusieurs caméras de
surveillance d’un magasin voisin et on
constate qu’au moment où les deux
victimes se sont effondrées il n’y avait
pas trace de violence. La manifestation,
avec jets de pierres, était terminée.
Cela n’a pas empêché Yaalon de laisser
entendre que les vidéos avaient fait
l’objet d’un montage.
Un militaire des services du
porte parole de l'armée a tiré
Une version que les médias israéliens
ont diffusé quasiment sans hésiter, à
l’exception du quotidien Haaretz et de
la chaîne 10. La presse communautaire
francophone, sur le Web, et une chaîne
de télévision ont rappelé « la mise en
scène de la mort de Mohammed Al Dura le
30 septembre 2000 ». Détail : A Betunia
un cameraman de CNN, a filmé les images
d’un militaire israélien ouvrant le feu
à peu près à cet instant, avec un fusil
d’assaut équipé pour tirer des balles
caoutchoutées. Il s’agissait d’un soldat
appartenant aux services de presse. Il a
été suspendu.
Cela posé, il faut rappeler que, dans
l’affaire Al Dura, jamais les autorités
israéliennes n’ont accepté une enquête
en bonne et due forme, avec les
garanties de professionnalisme et
d’indépendance, comme celle qui se
déroule ces jours-ci au sujet des deux
morts de Betunia.
A l’heure actuelle, les avocats de
France 2 continuent de demander, comme
le prévoit la loi israélienne, tous les
éléments du rapport ministériel
unilatéral publié le 19 mai 2013
m’accusant et suggérant que Mohammed al
Dura était vivant au moment du tournage
de sa mort… Quel était le rôle officiel
de cette commission d’enquête ? Sur
quelles bases les experts ont –ils
travaillés ? Un journaliste de France
Télévision a-t-il apporté sa
contribution comme l’a révélé un de ses
auteurs, le docteur Yehouda David, le 21
mai 2013, à Radio J ? Les réponses
finiront bien par arriver..
Voir les articles suivants sur les
morts de Betunia:
http://www.jpost.com/Middle-East/Report-Autopsy-finds-live-fire-killed-Palestinian-teen-during-Nakba-Day-clashes-356036
http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-4529453,00.html
Publié le 13 juin 2014
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