Palestine
Itay Tiran, le comédien et metteur en
scène de théâtre
n°1 d’Israël : BDS est
une forme légitime de résistance
BDS
Jeudi 6 septembre 2018
Ravit Hecht –
Haaretz – 5 septembre 2018 Tiran a insisté sur
le fait que la situation politique n’est
pas la raison principale pour laquelle
il quitte le pays, et qu’il ne se
considère pas comme un « exilé politique
».
« BDS est une forme
tout à fait légitime de résistance. Et
si nous voulons prôner un certain type
de débat politique qui ne soit pas
violent, nous devons renforcer ces voix,
même si c’est difficile », dit Itay
Tiran, largement considéré comme le
comédien et metteur en scène de
théâtre-phare d’Israël, dans une
interview à Haaretz à la veille de son
départ pour l’Allemagne.
« Je pense qu’une
gauche politique normale devrait
soutenir BDS » dit-il. Après tout, peu
importe ce que fera le Palestinien.
Quand il commet un acte terroriste, on
l’appelle un terroriste violent et
sanguinaire. Et quand il soutient BDS,
c’est un terroriste politique ».
« Si ce qui conduit
finalement à une solution ici est une
pression non-violente, réalisée en tant
que discours politique, alors pourquoi
ne pas la soutenir ? C’est une approche
humaniste et aussi pratique ; je pense
qu’elle empêchera les guerres à venir »
a-t-il dit.
Tira, qui a 38 ans,
et dont les déclarations de gauche ont
attiré l’attention par le passé, faisait
partie des premiers signataires de la
pétition de gens de théâtre israéliens
qui, en 2010 revendiquaient de ne pas se
produire dans le nouveau centre culturel
ouvert à Ariel.
Il quitte le
Théâtre Cameri après 16 années où il
était son principal acteur et il rejoint
une troupe au Théâtre d’État de
Stuttgart, après avoir déjà joué et mis
en scène en Allemagne. Il envisage aussi
la mise en scène, entre autres, au
Burgtheater de Vienne. Il a récemment eu
un rôle dans le film « Une araignée sur
le Web », une coproduction belgo-néerlando-israélienne
réalisée par Eran Riklis, dont Ben
Kingsley et Monica Belluci sont les
vedettes.
À propos de la
situation politique en Israël, il a dit
: « Je pense qu’on a touché le fond avec
l’assassinat de Rabin, qui a modelé ma
conscience politique d’enfant et le
dernier coup fut la guerre de 2014 à
Gaza. Et entre les deux, il y a plein
d’autres points. Vous vous levez le
matin, buvez votre café et lisez le
journal. Vous lisez un article et vous
dites : alors est-ce le moment où on est
devenus fascistes ou non » ?
Vous êtes seul et
vous jouez à un jeu, et peu à peu vous
vous rendez compte que tout ce que vous
faites est de continuer à vous poser
cette question et de jouer à ce jeu,
sans décider » a-t-il dit.
Pour autant, Tiran
a insisté sur le fait que la situation
politique n’est pas la raison principale
pour laquelle il quitte le pays, et
qu’il ne se considère pas comme un «
exilé politique ».
« Si la loi de
l’État-Nation est une référence à partir
de laquelle vous calculez où en est la
société israélienne, alors la loi est
clairement raciste, inégalitaire ; c’est
une nouvelle étape dans le tournant
nationaliste pris ici. D’un autre côté,
je dis qu’elle n’est pas seulement
mauvaise. Pourquoi ? Parce qu’elle
extirpe une sorte d’inconscient
collectif qui a toujours existé ici »
a-t-il dit.
« La Déclaration
d’Indépendance et le discours sur
l’égalité et les valeurs, tout ça
c’était l’auto-lissage d’une
fanfaronnade colonialiste d’un
libéralisme éclairé. Il y a des gens qui
se caractérisent encore par
«centre-gauche » et qui pensent toujours
que s’ils mettent le mot égalité dans la
loi, tout ira bien. Ce n’est pas mon
avis. Et vraiment, le contre-argument
justifié par la droite était : Attendez,
il y la Loi du Retour. Qu’est ce qui
fait que c’est seulement la loi de
l’État-nation qui vous rend fous ? »
remarque-t-il.
Donc vous dites
que le sionisme est un racisme, de toute
façon ?
Oui
Que le sionisme
est un racisme ?
Oui, exactement,
le sionisme est un racisme. Donc il nous
faut à tous regarder la vérité et
choisir son camp.
Traduction SF pour BDS France
Montpellier
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