Iran
Du retrait américain de l’accord
nucléaire
au soulèvement du peuple iranien
Antoine Charpentier
Jeudi 28 novembre 2019
Après leur retrait illégal de l’accord
nucléaire avec l’Iran, les États-Unis
ont usé et usent toujours de plusieurs
stratagèmes afin de soumettre l’Iran à
leurs inadmissibles conditions.
Cependant l’Iran a bien honoré tous ses
engagements vis-à-vis de l’accord 5+1.
Un plan B a été exécuté se traduisant
par les sanctions économiques les plus
dures depuis 40 ans. Subséquemment les
États-Unis et leurs alliés au
Proche-Orient ont bien compris que la
stratégie des sanctions économiques ne
donnera pas les résultats escomptés et
qu’un affrontement militaire avec l’Iran
ne sera pas en leur faveur, un plan C a
été mis en place consistant à agiter la
rue iranienne en essayant de pousser le
pays au chaos. Cette carte utilisée par
les États-Unis est la preuve par
excellence de l’échec des stratégies
américaines fomentées contre l’Iran et
ses alliés dans la région. Toutefois, il
est nécessaire d’observer quels sont les
pays confrontés en ce moment à des
soulèvements similaires à celui de
l’Iran. Nous retrouvons parmi eux le
Liban et l’Irak, deux acteurs principaux
de ce qui est connu par l’axe de la
résistance.
Le président américain Donald Trump
s’est précipité pour déclarer son
soutien aux manifestants iraniens,
oubliant que par le passé, il a déjà
traité officiellement le peuple iranien
de terroriste. Donald Trump soutient les
manifestations en Iran tout en imposant
des sanctions illégales selon le droit
international au peuple iranien pour
l’affamer et le mettre à genoux. De ce
fait, nous déduisons que le soutien
américain aux contestataires iraniens
n’est qu’une opération d’hypocrisie et
une nouvelle tentative d’ingérence. La
politique américaine vise à opposer les
iraniens les uns aux autres dans une
ambiance de guerre civile, ce qui lui
permettrait d’intervenir pour ruiner
l’Iran et ses alliés tout en déployant
le minimum d’efforts. L’immaturité
politique se traduit par l’attitude des
manifestants iraniens qui croient encore
aux déclarations de Donald Trump, sans
effectuer aucune lecture historique de
la politique américaine au
Proche-Orient.
Lors des
manifestations en Iran, le ministre des
affaires étrangères américaines Mike
Pompeo a publié un tweet dans lequel il
invitait les manifestants iraniens à
filmer ce qu’il a nommé comme étant des
bavures des forces de l’ordre à leurs
égards, de lui envoyer les données,
ainsi que des photos et des rapports
afin de faire condamner les autorités
iraniennes. La tromperie est de taille
puisque Mike Pompeo sait pertinemment
qu’il ne pourra rien, que face à l’Iran
les États-Unis sont en échec total et ne
savent plus comment manœuvrer, d’où la
stratégie d’attiser la rue, en formulant
des promesses qui ne seront évidemment
pas tenues, puisque Mike Pompeo n’a pas
les moyens de ses ambitions.
L’Europe a
également réagit, mettant en garde
l’Iran au sujet du respect des droits de
l’Homme. Toutefois, le camp occidental
refuse toujours de voir le soutien de la
majorité du peuple iranien à leur
gouvernement, à l’instar de la majorité
silencieuse du peuple libanais, qui
s’accroche à son destin, à la culture de
la résistance et à la souveraineté
nationale face à ce qu’il se passe dans
la rue. Encore une fois, les États-Unis
abattent une carte contre l’Iran et
cette dernière parvient à résorber la
situation et à maîtriser les choses sans
tomber dans le piège.
Aujourd’hui l’Iran
possède plusieurs cartes de force. Elle
persiste dans son retrait progressif de
l’accord nucléaire, tout en montrant des
preuves de bonne foi, accordant des
délais aux européens afin d’honorer
leurs engagements, dans l’objectif
d’empêcher l’effondrement de l’accord
5+1 de Vienne. La force militaire de
l’Iran et ses alliés dans la région
constitue une carte clé dans
l’affrontement avec le camp occidental.
Les dernières manœuvres militaires et
l’entrée en service du système Kardad 15
en sont la preuve. Il convient de
préciser que sans le soutien du peuple
iranien à son gouvernement, les
autorités iraniennes auraient beaucoup
de difficulté à se maintenir face aux
offensives occidentales.
De nos jours l’Iran
est devenu un acteur incontournable au
Proche-Orient. Cela a des effets
positifs sur les différentes factions de
la résistance dans la région. Cette
résistance qui s’oppose à la politique
américaine au Proche-Orient, qui combat
le terrorisme créé pour détruire les
pays et les peuples, qui s’oppose à
l’occupation de la Palestine et au «Deal
du Siècle». Une grande partie de ce
qu’il se passe en Iran aujourd’hui ainsi
que dans d’autres pays comme le Liban ou
encore l’Irak vise à appliquer la
stratégie du chaos afin d’épuiser les
mouvements de la résistance. L’Iran subi
également la concurrence économique,
financière et pétrolière des pays du
Golfe sur fond de lutte fantasmée entre
sunnisme et chiisme. Cette théorie ne
sert encore une fois que les dirigeants
occidentaux, leur permettant de piocher
dans tous les râteliers et de mettre la
main sur les richesses du Proche-Orient.
Enfin, ce qu’il se passe en termes de
stratégie de chaos au Proche-Orient est
surtout pour empêcher la montée de
l’Iran, saboter son soutien aux
mouvements de la résistance, sur fond de
spoliation des richesses de la région.
Reçu d'Antoine Charpentier pour
publication
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