PALESTINE
Les Pays-Bas protestent contre la
saisie par Israël
de panneaux solaires financés par eux en
Cisjordanie
Amira Hass
Lundi 3 juillet 2017
Le ministère des Affaires étrangères des
Pays-Bas a demandé à Israël de restituer
le matériel qu’il a confisqué et qui est
évalué à plus de 40 000 euros ; Israël
aurait dû remettre préalablement les
ordres de démolition, ce qu’il n’a pas
fait. Le
gouvernement néerlandais a déposé une
protestation auprès d’Israël contre la
confiscation de matériels donnés pour le
système hybride photovoltaïque (diesel
avec batterie solaire) du village
palestinien de Jubbet Adh-Dhib, indique
une déclaration écrite du ministère des
AE néerlandais adressée à Haaretz par le
bureau des Pays-Bas à Ramallah.
Le gouvernement
néerlandais a fait un don de 500 000
euros pour ce projet d’électrification
situé au sud-ouest de Bethléhem en
Cisjordanie, dont 350 000 euros pour
l’électrification de Jubbet Adh-Dhib. Le
ministère des AE a prié Israël de
restituer le matériel et il « étudie en
ce moment les autres mesures pouvant
être prises » dit-il.
Une source proche
des diplomates néerlandais en
Cisjordanie a fait savoir à Haaretz que
sous ces déclarations formulées à mots
mesurés couvait une colère du
gouvernement des Pays-Bas, qui est un
ami proche d’Israël, et ce au détriment
du projet humanitaire.
Mercredi matin, des
responsables de l’Administration civile
(l’organisme israélien qui gouverne la
Zone C en Cisjordanie) ont confisqué 96
panneaux solaires et l’équipement
électronique du système électrique de
Jubbet Adh-Dhib. Le système a été
installé par l’organisation
israélo-palestinienne Comet-ME il y a
neuf mois, et il est financé par les
Pays-Bas.
Selon Comet-ME, qui
installe les systèmes hydriques et
énergétiques pour les Palestiniens, le
matériel qui n’a pas été confisqué lors
du raid israélien a été endommagé. Le
coût du matériel confisqué et endommagé
est évalué à 40 000 euros, toutefois les
dommages matériels et sociaux sont
beaucoup plus importants car cette
saisie entraîne immédiatement la perte
de l’électricité pour les 30 familles du
village et ses bâtiments publics.
Les ordres d’arrêt
des travaux et de démolition n’ont pas
été remis aux habitants antérieurement
au raid, comme l’exige la législation
relative à l’urbanisme et à la
construction. Les ordres pour l’arrêt de
la construction et ceux pour la
confiscation n’ont été remis aux
habitants que lors du raid lui-même.
S’ils avaient été remis à l’avance, le
village et ses représentants auraient pu
engager une action administrative ou
juridique.
Jubbet Adh-Dhib a
été créé en 1929. Il est situé dans ce
que les Accords d’Oslo désignent comme
la Zone C, et se trouve donc sous le
contrôle administratif et militaire
d’Israël. Depuis 1988, le village
demandait à l’Administration civile de
le connecter au réseau électrique, mais
cela lui était refusé. En 2009,
l’Administration civile a confisqué son
système d’éclairage public à énergie
solaire. Depuis, le village a reçu deux
générateurs d’organisations
humanitaires, bruyants et polluants et
qui ne fournissent de l’électricité que
trois heures chaque jour. Un certain
nombre d’avant-postes israéliens, non
autorisés, ont été installés près du
village et profitent d’une connexion au
réseau électrique et de l’accès aux
autres infrastructures.
Comet-ME est une
organisation israélo-palestinienne qui
fournit les services de base pour
l’électricité et l’eau potable aux
collectivités hors réseau, en utilisant
des méthodes durables sur le plan
environnemental et social. Comet-ME
affirme que son initiative à Jubbet Adh-Dhib
constitue l’un des projets les plus
ambitieux de l’organisation. Un projet
qui a été mis en œuvre avec l’aide d’un
comité de 160 femmes habitant le
village. Un village dont l’économie
était autrefois basée sur l’agriculture
et l’élevage et qui est aujourd’hui
largement dépendant des salaires de la
plupart des hommes qui l’habitent, et
qui travaillent en Israël. Les femmes du
comité ont dit à Comet-ME qu’elles
espéraient faire revenir au village ceux
qui l’avaient quitté à cause de ses
conditions de vie difficiles en raison
du manque d’électricité et de permis de
construire, et qu’elles voulaient
utiliser l’électricité pour élever le
niveau de l’éducation et de
l’apprentissage dans leur communauté.
L’avocat Michael
Sfard, conseiller juridique de Comet-ME,
a déclaré à Haaretz que cette
confiscation constituait « une
violation caractérisée du droit
international qui interdit aux
puissances occupantes d’endommager les
installations humanitaires sans fournir
de solutions de rechange ».
Le porte-parole du
Coordinateur des activités
gouvernementales dans les Territoires a
publié une réponse qui déclare :
« (Mercredi) des panneaux solaires et
des panneaux électriques qui étaient
installés sans avoir obtenu au préalable
les autorisations adéquates ont été
confisqués à Jubbet Adh-Dhib. En outre,
il a été remis aux détenteurs des
panneaux un ordre pour l’arrêt des
travaux dans une pièce électrique
illégale dans ce lieu », évoquant ainsi
probablement les générateurs du village.
Amira Hass pour
Haaretz |Traduction JPP pour
l’AURDIP
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