Ecologie
Les engagements de
François Hollande
face au changement climatique: chiche ?
Alternatiba
Vendredi 4 octobre 2013
A l'occasion de la Conférence
environnementale, François Hollande
s'est engagé à ce que la France divise
par deux sa consommation d’énergie d'ici
à 2050. Alors que le GIEC vient
d'annoncer une révision à la hausse de
ses prévisions en termes d'élévation de
la température moyenne de la Terre, le
gouvernement français ira-t-il au bout
de cet engagement ?
Nous sommes pour l'instant encore
bien loin d'une cohérence des politiques
nationales en la matière... Plutôt que
d'investir dans la construction d'un
nouvel aéroport à Notre-Dame des Landes
ou dans des lignes à grande vitesse -
utilisées par une « élite circulatoire »
pour reprendre le terme de la SNCF -, la
priorité ne devrait-elle pas être
d'investir dans les transports publics
pour les rendre plus efficaces et plus
abordables pour tous ? Au lieu de
financer des projets contestés – mines,
grands barrages, centrales à charbon -
les fonds publics – comme ceux de la
Banque Européenne d'Investissement -
devraient être mobilisés aujourd'hui
dans une perspective de transition
écologique pour financer, par exemple,
un grand plan de rénovation thermique
des logements ou encore favoriser la
production d'énergies renouvelables.
L'ampleur du mouvement contre les gaz
et les huiles de schistes, ou encore la
résistance contre l'aéroport de
Notre-Dame des Landes, ont montré qu'il
était possible pour les citoyens de
faire irruption dans le jeu politique et
d'exiger cette cohérence qui fait tant
défaut. En interdisant la fracturation
hydraulique par la loi, la France a créé
un précédent. Ce signal reste hélas pour
l'instant au rang du symbole. Plutôt que
de s'appuyer sur cette décision pour
concrétiser au plus vite un cadre
juridique international visant à laisser
les ressources fossiles dans le sol, le
gouvernement hésite. Et comme nous le
rappelle avec force la publication du
nouveau rapport du GIEC, c'est
maintenant qu'il faut agir pour éviter
de dépasser des seuils de concentration
de gaz à effet de serre qui conduiraient
à un emballement de la machine
climatique. En 2050 il sera trop tard.
Diviser par deux la consommation
d'énergie en France d'ici à 2050, c'est
accepter de modifier en profondeur nos
modes de vie, de transport, notre
alimentation, notre habitat. Une
transformation de la société si profonde
qu'elle n'est possible qu'en amorçant
dès aujourd'hui une transition qui la
rende socialement non seulement
acceptable, mais surtout désirable. Or,
depuis que les enjeux écologiques sont
en haut de l'agenda politique, les
annonces de ce type se multiplient et se
succèdent, sans que de réels changements
ne s'amorcent.
Mais partout, dans le monde et dans
nos territoires, les expériences et les
projets se multiplient à l'initiative de
citoyens, d'entreprises ou de
collectivités locales pour imaginer et
expérimenter des sociétés du
« bien-vivre » où les excès de
consommation et le productivisme font
place à la satisfaction des besoins
fondamentaux de tous. Ce qui était
marginal il y a encore quelques années,
comme la place du vélo en ville ou le
soutien à l'agriculture biologique se
transforme en boîte à outils
incontournable des politiques
territoriales. Les expériences
pionnières, telles que le soutien à des
circuits de production et de
consommation de proximité à travers le
développement des monnaies locales,
essaiment ; d'autres, comme les
écomatériaux, se structurent en filière.
Favoriser la multiplication de ces
alternatives au niveau des territoires,
en les rendant accessibles à tous et
réappropriées par chacun, les rendre
visibles, c'est ce que nous ferons à
Alternatiba le 6 octobre à Bayonne avec
le « Village des alternatives ». Et cela
afin de faire bouger les lignes, et donc
les engagements politiques, afin
d'engager une véritable transition
écologique.
Signataires :
- Jon Palais, Bizi!
- Sylvain Angerand, Amis de
la Terre
- Maxime Combes, Attac
- Josian Palach,
Confédération Paysanne
- Didier Aubé, Solidaires
Publié le 2 octobre sur les
blogs de Mediapart
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