BDS France 34
L’UE s’abstient d’un avertissement à
Israël
sur l’annexion de la Cisjordanie
Ali Abunimah
Le Haut
représentant de l’Union Européenne pour
les affaires étrangères, Josep Borrell a
dit
en février que l’annexion par Israël
de la Cisjordanie « ne pourrait pas se
faire sans contestation ».
Mais il
paraît maintenant avoir reculé.
(Parlement Européen)
Samedi 25 avril 2020 Ali Abunimah –
Electronic Intifada – Power Suits – 23
avril 2020
L’Union Européenne
a apparemment reculé quant à sa menace
d’imposer des conséquences à Israël s’il
allait jusqu’à annexer plus de terres de
la Cisjordanie.
Le Premier ministre
Benjamin Netanyahou et le dirigeant du
parti Blanc Bleu, Benny Gantz, sont
parvenus à un accord pour former une
coalition après un an d’impasse
politique et trois élections générales.
L’accord de
coalition comporte un engagement du
gouvernement israélien et du parlement à
organiser, à partir de juillet, des
votes pour annexer de grandes parties de
la Cisjordanie.
Selon le Times
of Israel, de telles mesures ont de
bonnes chances de passer.
Jeudi, le Haut
représentant de l’UE pour les affaires
étrangères, Josep Borrell, a renouvelé
la position du bloc des 27 nations selon
laquelle « toute annexion constituerait
une grave violation du droit
international ».
« L’Union
Européenne continuera à suivre de près
la situation et l’ensemble de ses
implications et agira en conséquence » a
ajouté Borrell.
Certes, « agir en
conséquence » pourrait bien signifier ne
rien faire.
Un langage
édulcoré
Vu comment les
diplomates de l’UE sont adaptés aux
subtilités de langage – et leur penchant
pour plus ou moins de copié-collé
d’anciennes déclarations – il faut noter
que Borrell n’a pas répété une ligne
beaucoup plus forte d’une déclaration
faite juste quelques mois plus tôt.
Au début de
février, Borrell a réagi au plan du
président Donald Trump – communément
appelé le Deal du siècle – qui endosse
l’annexion par Israël de grandes parties
de la Cisjordanie, avec un avertissement
rare, sinon sans précédent, disant
qu’Israël ferait face à des
conséquences.
« Des pas en
direction de l’annexion, s’ils sont
entrepris, ne pourraient pas avoir lieu
sans contestation » avait dit Borrell à
ce moment-là.
Comme je le notais
alors, il y avait peu de chances que
l’UE change effectivement son approche
de longue date de soutien inconditionnel
à Israël tandis qu’il commet violation
après violation, et crime après crime.
Je notais aussi
qu’Israël a déjà annexé Jérusalem Est
occupée en 1967 et le plateau du Golan
en 1981 – de graves violations du droit
international qui n’ont rencontré que
des décennies de récompenses prodiguées
par l’UE à Israël.
Cela contraste
fortement avec la façon dont l’UE a
imposé des sanctions à la Russie pour sa
prise de contrôle de la Crimée contre
l’Ukraine en 2014. En janvier, l’UE a
ajouté des mesures de rétorsion en
sanctionnant des représentants officiels
de la Russie qui aidaient à
l’organisation d’élections en Crimée.
Israël a
régulièrement des élections en
Cisjordanie au cours desquelles seuls
les colons israéliens peuvent voter.
L’UE célèbre habituellement ces
élections ségréguées dans les colonies
construites illégalement sur un
territoire occupé.
En reculant par
rapport à sa déclaration de février,
déjà contraignante au minimum, Borrell
envoie encore à Israël le message qu’il
n’a rien à craindre de Bruxelles.
Dans sa dernière
déclaration, Borrell promet que l’UE est
« disposée à coopérer avec le nouveau
gouvernement dans le combat contre le
coronavirus ».
Il ajoute que « la
coopération technique est en cours et se
renforcera sur tous les aspects de la
pandémie ».
Une telle
« coopération renforcée » signifie, en
toute probabilité, plus d’avantages pour
l’industrie de guerre israélienne.
Le feu vert de
Washington
L’administration
Trump a parallèlement donné clairement
le feu vert à l’annexion.
Mercredi, le
Secrétaire d’État, Mike Pompeo, a
confirmé que les USA voient cette
question comme relevant de « la décision
d’Israël ».
Cela rend
particulièrement significative toute
avancée possible de l’UE qui prendrait
le contre pied du soutien américain
inconditionnel.
Mais l’UE, le plus
important partenaire commercial
d’Israël, manque de la volonté et de la
crédibilité pour agir.
Au début de la
semaine, il est apparu que des
représentants de l’UE avaient mis en
garde Gantz contre le fait de donner sa
signature à une intention du
gouvernement d’annexer.
« Ces officiels
sont dits avoir averti que toute
démarche en ce sens par un possible
gouvernement d’unité endommagerait les
relations d’Israël avec l’UE et
provoquerait une réponse ferme », selon
le Times of Israel.
Gantz n’en a tenu
aucun compte, sans doute confiant que
l’UE poursuivrait sa politique de
déploration sur les actes d’Israël tout
en l’inondant de petites gâteries.
Traduction SF pour
Campagne BDS France Montpellier
Le
dossier BDS
Le sommaire d'Ali Abunimah
Les dernières mises à jour
|