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« Feu et Furie » : La collusion entre
Trump et Israël
Ali Abunimah
Mercredi 24 janvier 2018
Par Ali Abunimah (revue
de presse : Electronic Intifada –
5/1/18)*
Depuis l’excommunion
de Steve Bannon par Trump, après les
commentaires provoqués par le livre
« Feu et Furie… dans la Maison-Blanche
de Trump», les médias ne parlent de
rien d’autre.
Pour le président
Trump, son ancien stratège et directeur
de l’organe d’extrême-droite,
Brietbart, a perdu « la tête »
pour avoir déclaré qu’une réunion entre
D. Trump junior, son fils, et son gendre
Jared Kushner, avait eu lieu au cours de
la campagne électorale de 2016 en
présence d’un parlementaire russe, et
que c’était une « trahison ».
La discorde a remis
au goût du jour les allégations fausses,
douteuses, sans fondement mais
spectaculaires des médias américains de
« piratage » et de
« collusion » entre la Russie et
Trump pour voler l’élection à Hilary
Clinton. Aussi étrange que cela puisse
paraître, le « Russigate » reste
l’élément principal de la
« résistance » conçue par les
Démocrates et les progressistes.
Cependant, Robert
Mueller, conseiller spécial, a apporté
la preuve d’une collusion certaine entre
l’équipe de Trump et un pays étranger,
Israël.
Au cours de la
transaction pénale, le mois
dernier, à propos de ses fausses
déclarations au FBI, Michaël Flynn
admettait qu’il avait contacté certains
gouvernements étrangers pour tenter de
saboter le vote des Nations unies
condamnant les colonies israéliennes.
Cette initiative de dernière minute,
sans base juridique, pour miner la
politique de l’administration sortante,
avait été entreprise par Kushner à la
demande du premier ministre israélien,
Netanyahou.
Les experts n’en
eurent cure, de même qu’ils
manifestèrent peu d’intérêt pour les
récentes révélations parues dans le
livre de Wolff, à savoir l’existence de
ce que l’on pourrait appeler un « Israëlgate ».
Loin de la folie
entourant le livre, j’ai voulu y voir
clair.
Donald
Trump, Jared Kushner, Benjamin
Netanyahou
Il en ressort que
le « Feu et Furie » apporte la
preuve que la politique de Trump n’est
pas l’Amérique d’abord, mais Israël
d’abord. Wolff rappelle que, lors d’un
dîner à New York, début janvier 2017,
Bannon et le chef déchu de Fox News,
Roger Aisles, ont évoqué les « élus »
du Cabinet.
Bannon remarqua
qu’ils n’avaient pas de « bonnes
pioches », mais les deux hommes
s’accordèrent sur l’intégriste
pro-israélien, John Bolton, en disant
qu’il était une bonne « recrue »
en tant que conseiller à la sécurité
nationale. « C’est un lanceur de
bombes » dit Aisles de Bolton et
« un étrange petit connard. Mais, on en
a besoin. Qui d’autre est bon pour
Israël ? »
« Le jour 1,
nous transférons l’ambassade US à
Jérusalem et Netanyahou est totalement
pour » dit Bannon confirmant que le
millionnaire et propriétaire de casinos,
anti-palestinien, Sheldon Adelson, était
aussi de la partie.
« Que la
Jordanie s’empare de la Cisjordanie, et
l’Egypte de la bande de Gaza.
Laissons-les se débrouiller » a
proposé Bannon, « Les Saoudiens sont
dans l’expectative. Les Egyptiens aussi,
tous sont morts de peur devant la
Perse ».
Aisles a demandé à
Bannon : « Est-ce que Trump le
sait ? ». Ce dernier a
simplement souri.
La position de
Bannon est le reflet de la « nouvelle
pensée de Trump » sur le
Moyen-Orient. « Il y a en fait quatre
joueurs » écrit Wolff « Israël,
l’Egypte, l’Arabie Saoudite et l’Iran.
Les trois premiers pensent s’unir contre
le quatrième ». L’Egypte et l’Arabie
saoudite « auront ce qu’ils
veulent » en fonction de l’Iran et,
en contrepartie, « feront pression
sur les Palestiniens pour conclure un
accord ».
Une autre relation
d’importance pour l’administration Trump
s’appelle Mohamed Ben Salman, dit MBS,
l’imprudent prince héritier et seul
pouvoir en Arabie Saoudite qui s’est
montré partisan du plan par un
rapprochement avec Israël.
Selon Wolff, le
manque d’éducation de Trump et de MBS en
font des égaux, étrangement à l’aise
l’un avec l’autre.
Trump, ignorant et
constamment flatté par des dirigeants
régionaux, semble naïvement, convaincu
qu’il pourrait obtenir « la plus
grande percée dans les négociations
israélo-palestiniennes jamais obtenue
par le passé ».
Bannon :
antisémite et pro-israélien virulent
Le livre prétend
que les tensions récentes entre Kushner
et sa femme, Ivanka Trump d’un côté et
de l’autre, Bannon sont nées de la
réflexion de Kushner que Bannon était
anti-sémite. Mais cet antisémitisme n’a
pas empêché Bannon de poursuivre un
agenda viscéralement pro-israélien,
l’ironie étant que Bannon accusait « Kushner
de n’être pas assez déterminé dans sa
défense d’Israël », alors que la
famille avait contribué par des
donations à soutenir les colonies.
L’allié de Bannon,
hors de la Maison-Blanche - dont
l’influence en son sein est donc
primordiale - était Adelson, qui a
financé la campagne de Trump à hauteur
de 25 millions de dollars. Raison pour
laquelle Bannon évince Kushner, sur la
droite d’Israël. Adelson a même dit à
Trump que Bannon était la seule personne
en qui on pouvait avoir confiance en ce
qui concerne Israël.
Cette influence ne
s’est pas évanouie avec le départ de
Bannon, confirmée par les rapports qu’Adelson
a poussé Trump à prendre cette fatale
décision, de reconnaître Jérusalem comme
la capitale d’Israël, éliminant par
là-même, les quelque chances d’avancer
un plan de paix.
Kushner s’est senti
diminué par la manière dont le
président « avait affirmé, jubilant,
à tous, que Jared pouvait résoudre le
problème du Moyen-Orient parce que les
Kushners connaissaient tous les voyous
de ce pays ».
Les preuves
abondent qu’Adelson, principal financier
de Netanyahou, qui a toujours placé les
intérêts de ce pays avant tout, a
beaucoup plus d’influence à la
Maison-Blanche que la Russie puisse
rêver.
Le livre de Wolff
confirme que la présidence de Trump aide
à ressusciter l’alliance historique
entre les antisémites et les sionistes
pour mettre en œuvre un programme
d’extrême-droite pro-israélien. Malgré
cela, les politiques, les enquêtes du
Congrès et les experts demeurent sans
curiosité dans cette affaire.
Ali Abunimah a
cofondé le site The Electronic
Intifada. Il est l’auteur de
The Battle for Justice
in Palestine.
*Version
originale :
Electronic Intifada
Traduction :
Xavière Jardez
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