Beaucoup l’avaient déjà
enterré – des sondages
pré-électoraux montraient son
parti, le Likoud, à la traîne
derrière l’Union centriste
prétendument du centre gauche,
dirigée par Yitzhak Herzog et
Tzipi Livni.
Mais je gardais à l’esprit
l’élection de 1996 où Netanyahu
était universellement considéré
comme le perdant bien après que
les bulletins eurent été
déposés.
À la suite de l’assassinat du
Premier ministre Yitzhak Rabin,
on s’était attendu à ce que son
successeur « pacifiste » Shimon
Peres, qui avait lancé une
invasion sanglante contre le
Liban quelques mois plus tôt en
espérant prouver à l’électorat
sa compétence musclée en matière
de « sécurité », gagne
facilement.
Mais le soir de l’élection,
Netanyahu a dit à ses partisans,
« Il est encore trop tôt, et la
nuit est longue ». Pendant qu’on
comptait les bulletins de vote,
il avait pris de l’avance et il
a battu Peres, assurant son
premier mandat comme Premier
ministre.
Netanyahu a recommencé mardi.
Alors que pratiquement tous les
bulletins étaient comptés, le
Likoud obtenait 30 sièges,
l’Union sioniste 24 et la Liste
commune composée essentiellement
de partis arabes se trouvait en
troisième place avec 14 sièges.
C’est quasiment certain,
Netanyahu va conserver son poste
de Premier ministre d’Israël et
il va diriger un autre
gouvernement fanatiquement à
droite.
La vérité dans
l’étiquetage
Permettez-moi d’être clair :
je ne suis pas heureux de la
victoire de Netanyahu en tant
que telle. Netanyahu est un
tueur couvert de sang. Il faut
le traduire en justice et le
faire juger pour ses multiples
crimes, depuis les vols
incessants de la terre
palestinienne jusqu’au massacre
de l’été dernier dans Gaza – et
j’attends ce jour avec
impatience.
Mais en se complaisant dans
l’assassinat de Palestiniens et
en appelant cela de
l’« auto-défense », il ne
diffère à peine de ses rivaux.
Livni, suspectée de crimes de
guerre et fuyant la justice, a
été l’un des artisans, fiers et
sans remords, du massacre par
Israël à Gaza en 2008-2009, qui
a indubitablement servi de
modèle à Netanyahu.
Herzog, le partenaire de
Livni, a reproché à Netanyahu de
ne pas attaquer Gaza assez
méchamment.
L’incitation risquée de
Netanyahu, le jour de
l’élection, disant « les Arabes
sont en train de s’avancer vers
les urnes » a montré une fois de
plus qu’il pense véritablement
que les citoyens palestiniens
d’Israël ne sont pas des
citoyens légitimes méritant tous
les droits. Mais Tzipi Livni a
fréquemment, elle aussi, exprimé
ce même point de vue.
Et si Netanyahu est
résolument engagé dans le vol et
la colonisation de la terre
palestinienne occupée, cela ne
le distingue pas davantage de
ses prédécesseurs se disant
pacifistes.
Un article de fond interactif
publié par le New York Times
montre que les constructions de
colonies israéliennes en
Cisjordanie occupée (hors
Jérusalem occupée) ont été, et
de loin, souvent beaucoup plus
importantes sous les
gouvernements prétendument en
quête de paix d’Ehud Barak et
Ehud Olmert.
Par contre, ce qui distingue
Netanyahu, c’est qu’il annihile
toute possibilité pour la
soi-disant « communauté
internationale » de cacher sa
complicité avec les crimes
effroyables d’Israël derrière la
mascarade d’un « processus de
paix ».
En outre, l’alliance ouverte
de Netanyahu avec les éléments
les plus racistes, les plus
convaincus d’une suprématie
blanche, les plus islamophobes
et doctrinaires des droites
nord-américaines et européennes
– son discours au Congrès en
début de mois en est la
manifestation – cette alliance
place Israël dans le camp
idéologique convenable. Israël
ne peut plus à la fois pratiquer
l’apartheid chez lui, et en même
temps se présenter
fallacieusement comme un
flambeau du libéralisme à
travers le monde.
Bref, la réélection de
Netanyahu, c’est comme la liste
des « valeurs nutritives » sur
une boîte d’aliments
industriels : elle vous
renseigne sur les ingrédients
toxiques qui sont à l’intérieur.
Aucun État
palestinien
La déclaration claire de
Netanyahu la veille du vote,
selon laquelle il ne permettra
aucun État palestinien, n’a été
qu’une affirmation de ce que
furent les véritables politiques
de chacun des gouvernements
israéliens depuis 1967, à
laquelle Herzog et Livni
auraient adhéré.
Herzog et Livni n’auraient
pas autorisé un État palestinien
digne de ce nom. Au contraire,
avec le soutien international,
ils auraient tenté de faire
revenir les Palestiniens dans
des « négociations » pour ce qui
serait tout au plus un
bantoustan/ghetto, dans le but
de légitimer le vol par Israël
de vastes étendues de terre, son
annexion de Jérusalem et son
abrogation des droits des
réfugiés palestiniens. (L’analyse
de Ben White de cet
effroyable projet d’apartheid
permanent est à lire
absolument).
Herzog lui aussi a promis de
continuer la construction de
colonies sur la terre
palestinienne accaparée. Mais il
cacherait cette politique
expansionniste derrière l’un de
ces « gels » superficiels et
fallacieux durant lesquels la
colonisation se poursuit sans
relâche.
Si l’Union sioniste avait
gagné, il aurait existé un très
grave danger que les
Palestiniens soient entraînés à
nouveau dans une décennie de
« négociations » stériles du
style Oslo, qui auraient servi
de couverture pour la poursuite
de l’assujettissement et de la
colonisation.
De telles négociations ont
fourni la principale excuse à ce
que l’on appelle la communauté
internationale pour différer
sans fin la mise en
responsabilité d’Israël, ne
serait-ce que très légèrement.
Le refrain de ces officiels
sans courage est
systématiquement une version du
« oui, n’est-ce pas épouvantable
ce qui se passe, mais il y a un
processus de paix, et nous
soutenons ce processus de
paix ».
Le seul résultat positif de
l’élection en Israël, c’est que
cette voie-là semble être
fermée.
Intensifier le BDS
Nous devons nous faire aucune
illusion, avec la réélection de
Netanyahu, les gouvernements
européens, nord-américains et
arabes ne vont pas soudainement
mettre fin à leur complicité
avec Israël.
Il y a tout lieu de croire
que l’Administration Obama, par
exemple, continuera sa campagne
incessante d’opposition aux
droits des Palestiniens et ses
efforts pour qu’Israël ne soit
tenu responsable dans aucun
forum.
Mais le choix du public juif
israélien de réélire Netanyahu
doit bien faire comprendre aux
peuples du monde entier
qu’Israël ne recherche pas la
paix et qu’il n’est pas en quête
de justice. Il va poursuivre son
oppression et son nettoyage
ethnique des Palestiniens tant
qu’il ne sera pas arrêté.
Négocier avec un tel régime
est inutile quand son pouvoir
sur ses victimes reste étendu et
hors contrôle. Le message que
nous devons retirer est simple :
le traitement qui convient pour
un régime politique engagé dans
une occupation, un apartheid et
une suprématie ethno-raciale,
c’est son isolement jusqu’à ce
qu’il admette qu’il doit
abandonner ces engagements.
C’est ce que les Palestiniens
ont demandé au monde à travers
le Boycott, Désinvestissement et
Sanctions (BDS). Avec Netanyahu,
c’est un peu plus facile, aussi
il est temps de faire passer le
BDS au niveau supérieur.
Ali Abunimah
Traduction : JPP pour
l’Agence Média Palestine
source :
http://electronicintifada.net/blogs/ali-abunimah/why-im-relieved-netanyahu-won