BDS
Des groupes du lobby pour Israël
concoctent un plan de division de la
gauche
Ali Abunimah
Israël et ses
lobbyistes voient la solidarité entre
les Palestiniens et d’autres groupes
opprimés,
en particulier les Noirs aux
États Unis, comme une menace majeure. (Johnny
Silvercloud)
Jeudi 18 juillet 2019 ALI ABUNIMAH – THE
ELECTRONIC INTIFADA – 15 JUILLET 2019
Des groupes de
lobby influents d’Israël proposent des
« règles » sur la façon dont des
organisations juives locales peuvent
diviser la gauche et casser des
coalitions intersectionnelles
émergentes.
Ils argumentent
aussi en faveur de la « délégitimation »
des Juifs jugés comme soutenant trop les
droits des Palestiniens.
Israël et ses
lobbyistes voient le renforcement de la
solidarité entre les Palestiniens et
d’autres groupes opprimés, en
particulier les Noirs aux États Unis,
comme une menace majeure et ils sont
déterminés à la combattre.
L’an dernier, le
documentaire clandestin dévoilé par Al
Jazeera,
The Lobby–USA a bien sûr
révélé comment le gouvernement israélien
et son lobby
ont oeuvré à déstabiliser le
mouvement Black Lives Matter, en
représailles de la solidarité des Noirs
avec la Palestine.
Le terme
intersectionnalité a été inventé par la
scientifique Kimberley Crenshaw en 1989
pour avancer une perspective féministe
qui explique comment les individus ou
les groupes font l’expérience de
systèmes d’oppression qui se
chevauchent, fondés sur le genre, la
race, l’ethnicité et d’autres facteurs
socioéconomiques.
Dans les dernières
années, l’intersectionnalité est devenue
une ligne directrice pour les
responsables d’organisations, dans la
construction de coalitions inter
communautaires plus puissantes, pour
combattre la suprématie blanche,
l’incarcération de masse, la violence
policière, les inégalités économiques et
les politiques anti migrants.
Mais dans un
nouveau rapport, L’Institut
Reut d’Israël et le Conseil
Juif pour les Affaires Publiques
des États Unis avertissent que l’intersectionnalité
« affaiblit les programmes des
communautés juives », dont le soutien à
l’État d’Israël.
Le rapport met en
avant, avec déplaisir, comment
l’attaque israélienne de 2014 sur Gaza, qui
a tué plus de 2200 Palestiniens, dont
550 enfants, a coïncidé avec le
soulèvement de
Ferguson,
dans le Missouri, après le meurtre du
jeune Michael Brown par la police.
Cela a généré des
expressions de solidarité symbolisées
par le hashtag #Palestine2Ferguson.
Cela a aussi
renouvelé l’attention portée à des
similitudes, par exemple des
connexions concrètes tels les
entraînements conjoints entre les
forces israéliennes qui tuent
quotidiennement des Palestiniens et la
police étatsunienne qui perpétue les
meurtres de Noirs.
Des coalitions
militantes ont remporté des victoires
notables, dont la décision de la
ville de Durham en Caroline du Nord
d’interdire l’entraînement de sa
police par des militaires étrangers.
Le soulèvement de
2014 à Ferguson était, selon ce rapport,
« un marqueur stratégique de l’évolution
de programmes anti- Israël dans des
espaces intersectionnels ».
Critique de la
« Corbynisation »
Le « défi de l’intersectionnalité »,
déclare le rapport, se compose
d’un certain nombre d’évolutions
politiques dont ce qu’il nomme « corbynisation »
– la banalisation d’un « nouvel
antisémitisme » comme ce qui est
prétendu se passer dans le parti
travailliste britannique.
Ce « nouvel
antisémitisme » est explicitement
assimilé par les auteurs du rapport à
l’antisionisme.
Le sionisme,
l’idéologie de l’État israélien, est raciste
parce qu’il garantit
des droits supérieurs aux Juifs inscrits
dans des
dizaines de lois israéliennes et
maintient que les Palestiniens chassés
et exilés de leur patrie ne devraient
pas être autorisés à y revenir,
uniquement et exclusivement
parce qu’ils ne sont pas juifs.
Donc l’antisionisme
n’est pas un préjugé contre les Juifs,
comme le prétendent Israël et ses
groupes de lobbying.
L’antisionisme,
fondé sur les principes universels des
droits humains, est de l’antiracisme.
Il n’empêche : le
brouillage des cartes par de fausses
équivalences est au cœur de la stratégie
du lobby d’Israël, et en fait partie
depuis plusieurs années la
campagne qui a inventé que le
Labour, dirigé par Jeremy Corbyn qui a
milité toute sa vie pour la solidarité,
est institutionnellement antisémite.
Le rapport prétend
que « la « corbynisation se
répand dans des secteurs de la gauche
politique » et que des groupes anti
Israël du Royaume Uni ont inspiré des
cercles de l’élite libérale et
progressiste dans le monde.
Cela explique
pourquoi Israël et ses lobbyistes voient
le fait de jeter le discrédit sur Corbyn
et de l’éliminer comme la priorité
des priorités.
La « corbynisation »
affecte apparemment le Parti Démocrate
étatsunien, où les auteurs du rapport se
plaignent du « grand déclin » du soutien
à Israël
observé depuis longtemps.
Le débat sur la
position sur Israël du parti
démocrate, mené par les progressistes,
constitue une « menace pour l’avenir du
soutien traditionnel bipartisan
étatsunien envers Israël », note le
rapport.
Israël et
l’extrême droite
D’autres vents
contraires auxquels les défenseurs
d’Israël ont été confrontés intègrent,
selon le rapport, « l’identification
croissante d’Israël à la droite
politique » illustrée par l’alliance du
premier ministre d’Israël, Benjamin
Netanyahou, avec des dirigeants qui sont
des
suprématistes blancs et des antisémites
comme le président des États Unis,
Donald Trump et le premier ministre
hongrois,
Viktor Orban.
Ces alliances « ont
conduit des progressistes et des jeunes
Milléniaux à se demander si les
liens traditionnels avec Israël sont
mérités ou bénéfiques » concède le
rapport.
Ces affinités ont
été mises en relief pendant le weekend
par les attaques racistes de Trump sur
quatre membres du Congrès :
Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan
Omar, Rashida
Tlaib and Ayanna S. Pressley
Trump a requis de
ces élues de couleur qu’elles
« retournent » dans leurs pays, en
faisant d’elles des étrangères et non
des Américaines.
Il a prétendu que
les quatre nouvelles venues
progressistes dans le Congrès « haïssent
Israël avec une véritable passion
débridée », une accusation qui ne
contribuera guère à rendre Israël cher
au grand nombre de gens qui expriment
leur dégoût face à ses attaques et leur
solidarité avec les femmes qu’il cible.
Le rapport des
groupes de lobbyistes pour Israël, comme
Trump, accuse « des démocrates
progressistes fraîchement élues » de
promouvoir des « programmes anti
Israël » et d’agir ainsi sur un mode
tendance pour briser des tabous.
Traduction SF pour
la Campagne BDS France Montpellier
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