54 patients sont
morts en attendant
l’autorisation
d’Israël de sortir de Gaza
Ali Abunimah
Les malades du
cancer prennent part à une manifestation
en décembre 2016 à Gaza ville
pour
réclamer qu’on les autorise à se
déplacer pour suivre leur traitement.
En
2017, 54 patients, dont la majorité
étaient des malades du cancer,
sont
morts à Gaza après qu’Israël a refusé ou
différé ces autorisations.
(Mohammed Asad / APA images)
Dimanche 18 février 2018
Cinquante-quatre
Palestiniens sont morts l’année dernière
en attendant les permis israéliens pour
quitter la Bande de Gaza pour traitement
médical.
L’une d’entre eux
était Faten Ahmed, jeune femme de 26 ans
atteinte d’une forme rare de cancer.
Elle est morte en août alors qu’elle
attendait un permis israélien pour aller
suivre une chimiothérapie et une
radiothérapie qui n’existent pas à Gaza.
Selon
l’Organisation Mondiale de la Santé,
elle avait déjà raté huit rendez-vous à
l’hôpital après qu’Israël a refusé ou
différé « l’agrément de sécurité ».
Faten Ahmed a été
l’une des cinq femmes mortes du cancer
durant ce seul mois, en attente d’une
autorisation israélienne qui n’est
jamais arrivée.
Globalement, 46 de
ceux qui sont morts l’année dernière en
attente de permis étaient des malades du
cancer.
Un nombre choquant
de décès
Ce bilan
impressionnant souligne l’impact du
siège israélien, toujours plus
étouffant, sur les deux millions de
personnes qui vivent à Gaza.
« Nous voyons
Israël refuser ou différer de plus en
plus l’accès à des traitements
potentiellement salvateurs contre le
cancer et autres maladies hors de Gaza
avec, pour conséquence, un nombre
effroyablement haut de patients qui
meurent, tandis que le système de santé
de Gaza – soumis à cinquante ans
d’occupation et dix ans de blocus – est
de moins en moins à même de faire face
aux besoins de sa population », a dit
mardi Aimee Shalan, PDG de l’Aide
Médicale pour les Palestiniens.
Sa fondation, avec
Amnesty International, Human Rights
Watch, le Centre Al Mezan pour les
Droits de l’Homme et Médecins pour les
Droits de l’Homme Israël, a envoyé un
appel urgent à Israël pour qu’il « lève
les considérables restrictions illégales
sur la liberté de circulation de la
population de Gaza, et plus
particulièrement sur ceux qui ont de
sérieux problèmes de santé ».
En 2017, les
autorités d’occupation israéliennes
n’ont satisfait qu’à 54 % des demandes
de permis pour sortir de Gaza pour des
rendez-vous médicaux, taux le plus bas
depuis que l’Organisation Mondiale de la
Santé a commencé à collecter les données
en 2008.
Israël a
dramatiquement resserré l’étranglement
meurtrier ; son taux de délivrance de
permis est tombé de 91 % en 2012 à 82 %
en 2014, puis 62 % en 2016, avant
d’atteindre son taux le plus bas l’année
dernière.
Les associations de
santé et de défense des droits de
l’Homme font remarquer que l’ONU et le
Comité International de la Croix Rouge
ont déclaré que le blocus par terre, par
mer et par air sur Gaza, qui empêche sa
population de circuler, est une
« punition collective » – un crime de
guerre.
« Les Palestiniens
de Gaza ont raté au moins 11.000
rendez-vous médicaux programmés en 2017
après que les autorités israéliennes ont
refusé ou n’ont pas répondu à temps aux
demandes de permis », déclarent ces
associations.
L’Egypte et
l’Autorité Palestinienne complices
Les associations
font également remarquer que l’Egypte et
l’Autorité Palestinienne basée à
Ramallah ont joué un rôle dans la
dégradation de la situation : « L’Egypte
a gardé le passage de Rafah presque
toujours fermé en 2013 pour la
population de Gaza, ce qui a contribué à
restreindre l’accès aux soins de
santé. »
« En tant qu’Etat
voisin d’un territoire qui subit une
crise humanitaire prolongée, l’Egypte
devrait faciliter l’accès humanitaire
pour cette population », ont-elles
déclaré. « Néanmoins, la responsabilité
ultime demeure dans les mains d’Israël,
puissance occupante. »
L’Autorité
Palestinienne a aussi sérieusement
réduit ses autorisations financières
pour les traitements médicaux hors de
Gaza dans le cadre de ses sanctions qui
visent à obliger le Hamas à transmettre
le contrôle sur la gouvernance de Gaza.
Ces restrictions de
l’AP ont causé au moins un décès, selon
les associations. Mais les autorités
médicales de Gaza ont dit que plus d’une
douzaine de personnes, dont une petite
fille de 3 ans souffrant d’un problème
cardiaque, sont mortes en attendant
l’autorisation de paiement par Ramallah.
Tout ceci se passe
en pleine crise induite par le siège
continu qui a provoqué l’effondrement de
parties essentielles du système de
santé.
« Avec la pauvreté
et le chômage largement généralisés, au
moins 10 % des jeunes enfants souffrent
de retards dus à une malnutrition
chronique, jusqu’à la moitié de tous les
médicaments et articles médicaux à Gaza
sont complètement épuisés ou le seront
dans moins d’un mois, et les coupures
chroniques d’électricité ont amené les
fonctionnaires à couper dans les
services de santé ou autres services
essentiels », ont déclaré les
associations médicales et de défense des
droits.
Mettre fin au siège
Au début du mois,
les hôpitaux de Gaza ont commencé à
fermer parce que les groupes
électrogènes de secours n’étaient plus
alimentés en fuel, obligeant le report
de centaines d’opérations.
Mercredi, RT a
envoyé de Gaza ce rapport sur la
condition des malades du cancer. La
correspondante Anya Parampil a parlé à
Zakia dont le mari est mort après avoir
été maintes fois empêché d’aller à
Jérusalem pour une opération
chirurgicale.
La chaîne a
également diffusé un rapport sur
l’aggravation de la situation dans les
hôpitaux du territoire.
A la suite des
mises en garde de l’ONU sur l’imminence
d’une catastrophe, le Qatar et les
Emirats Arabes Unis ont engagé la
semaine dernière, 11 millions $ de
financement à court terme pour prévenir
une catastrophe encore pire dans les
quelques mois à venir.
Cependant, comme le
font remarquer les associations de
défense des droits de l’Homme, il n’y a
pas d’autre solution à long terme que de
mettre fin au siège.
« Les restrictions
imposées par le gouvernement israélien
sur la circulation sont directement
liées à la mort des patients et aux
souffrances qui en découlent, alors que
les malades cherchent un permis », a dit
Issam Younis, directeur d’Al Mezan.
« Ces pratiques
constituent une partie du régime
d’enfermement et de permis qui empêche
les malades de vivre dans la dignité et
viole le droit à la vie. »
L’Aide Médicale
pour les Palestiniens basée au
Royaume-Uni appelle le public à
contacter les législateurs du parlement
britannique et à « leur demander
d’exhorter le gouvernement britannique à
intervenir pour sauver des vies à
Gaza ».
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