Al-Ahednews
Sommets de Pékin et de Brisbane: Pas
lieu de stopper la percée réalisée par
les forces opposées à l’hégémonie US
Akil Cheikh Hussein
Jeudi 27 novembre 2014
Il semble
que le dénouement des conflits en cours
au Moyen-Orient et sur les frontières de
la Russie dépende dorénavant de la
situation qui aura lieu à l'Est et au
Sud-ouest asiatique et de l'orientation
de la politique chinoise. Mais tout
particulièrement de la perception par la
Chine des griffes qui se cachent sous
les doux gants américains.
Ce qui, le plus, a attiré l'attention
des observateurs dans les deux sommets
de Pékin pour le Forum de coopération
économique Asie-Pacifique (Apec), et de
Brisbane pour le Groupe des Vingt (G20),
est l'effort effréné déployé par les
Etats-Unis en vue d'augmenter la
pression sur la Russie, d'une part, et
d'insister sur la communauté espérée des
intérêts de la Chine et de l'Occident,
d'autre part. Mais cette entreprise
visant, à rompre l'alliance
russo-chinoise dans l'espoir d'affronter
chacune de ces deux puissances après les
avoir séparées l'une de l'autre ne
semble pas assez intelligente et capable
d'aboutir.
Obama, des triomphes illusoires
Le président américain peut se vanter du
torrent de défis et d'«insultes» qu'il a
lancé lui et ses alliés à Brisbane au
président russe Vladimir Poutine
auxquels ce dernier n'a répliqué qu'avec
un silence presque absolu tout en
quittant le sommet avant la clôture de
ses travaux.Mais il est certain qu'Obama
ne pouvait qu'être fortement anxieux
devant ce que Poutine avait signifié en
affirmant que les sanctions imposées sur
la Russie par les pays occidentaux ne
feront qu'approfondir la crise des
alliés européens des Etats-Unis et, tout
particulièrement, du gouvernement de
Kiev.
Il peut se vanter également des dizaines
d'accords qu'il a signés avec le
président chinois Xi Jinping dans les
secteurs du commerce, de l'armement, de
la santé, des
infrastructures et de la lutte contre le
terrorisme. Pourtant, cela ne fera que
fragiliser ses positions dans la mesure
où, d'après tous les observateurs, tous
ces accords sont plus avantageux pour la
Chine que pour les Etats-Unis et leurs
alliés.
Il est indéniable que la signature de
quelques accords commerciaux avec la
Chine peuvent, s'ils sont avantageux
pour les Etats-Unis, consolider les
positions d'Obama après le contrôle par
les Républicains des deux chambres du
Congrès. Mais cela ne changera en rien
la réalité que représente le passage,
ces dernières années, du centre de
gravité mondial vers l'Extrême-Orient et
tout particulièrement vers la Chine. Ce
passage constitue en effet une grande
percée sur le plan de l'unification de
la plus grande partie de l'Eurasie
-allant des côtes du Pacifique à l'est
jusqu'à l'Europe centrale à l'ouest-
sous les deux bannières de la Chine et
de la Russie. De plus, une telle
évolution ouvre de véritables
opportunités pour la poursuite de cette
avancée vers les côtes de l'Atlantique
dans les conditions de l'isolement accru
des Etats-Unis et une Europe occidentale
écrasée sous des crises multiformes et
acculée de s'adapter avec les nouvelles
donnes stratégiques.
Parmi ces nouvelles donnes, on signale
que la Russie, la Chine et les autres
pays du BRICS qui se contentent
actuellement de revendiquer un monde
multipolaire qui réduit considérablement
l'hégémonie des Etats-Unis en tant que
pôle unique, ont fait des progrès qui
suscitent la peur de l'Occident du
moment où ils ont décidé de remplacer
par d'autres monnaies le dollar utilisé
depuis des décennies comme monnaie
unique dans les transactions mondiales
qui ont permis aux Etats-Unis de vivre
aux dépens des peuples du monde.
Vers un monde nouveau
Cela veut dire que le pouvoir du dollar,
de l'Euro et des monnaies annexes ne
s'exercera plus sur 60 pour cent du
marché mondial, et que la Banque
mondiale et le Fond monétaire créés
dernièrement par les pays du BRICS sont
en mesure de supplanter la Banque
mondiale et le Fond monétaire
international qui, depuis la fin de la
Seconde guerre mondiale ont détruit les
économies des pays du Tiers-monde et
plongé ces pays dans de gigantesques
dettes qui bloquent toute possibilité de
véritable développement.
Dans le même contexte, et au moment où
la Russie marque des points au niveau de
l'usage du gaz comme moyen de fonder des
relations amicales avec l'Europe
occidentale, points que la Chine ne
manque pas de marquer de son côté en
consolidant sa coopération même avec des
alliés des Etats-Unis comme le Japon et
la Corée du Sud, les efforts se dirigent
actuellement vers un projet d'une zone
de libre échange réunissant la plupart
des pays de l'APEC, ce qui réduira
considérablement les capacités du projet
américain concernant les deux rives de
l'Atlantique, projet qui, de plus, ne
jouit pas de l'appui d'une grande partie
de la rue en Europe occidentale.
De son côté, la nouvelle «Route de soie»
qui, à travers deux routes, une
terrestre et une autre maritime, reliera
la Chine à l'Europe en passant par la
Russie et les autres pays du Traité de
Shanghai, est d'une importance politique
qui dépasse son importance économique
dans la mesure où elle constitue un
levier de stabilité en Asie centrale et
au Moyen-Orient, tous les deux visés par
les plans de subversion américains.
Toutes ces évolutions signifient que la
Russie et la Chine ont fait beaucoup de
progrès au niveau du traçage d'une
nouvelle carte d'un monde débarrassé de
l'hégémonie américaine.
D'où, en recentrant 60 pour cent de
leurs forces aériennes et navales en
Asie-Pacifique, les Etats-Unis ne font
que brandir inutilement la menace
guerrière dans une tentative de changer
les rapports des forces économiques et
politiques qui penchent au profit des
forces anti-impérialistes.
Source: french.alahednews
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