Alahed
Le modèle d’Alep … Passerait-il à
Mossoul ?
Akil Cheikh Hussein
Jeudi 27 octobre 2016
Tout le monde est unanime à dire que
Mossoul est à considérer comme déjà
libérée et que les miliciens de «Daech»
quitteront la ville pour Raqqa en Syrie.
Cela peut être vrai. Mais il peut aussi
cacher une supercherie qui pourrait
causer à l’armée irakienne des dégâts
mortels.
Des mois après la chute de Mossoul aux
mains de «Daech» en 2014, et alors que
l’expansion de «Daech» se poursuivait à
grande vitesse dans les provinces de
Ninawa (Ninive), Salah ed-Din et Anbar
pour atteindre Fallouja et les banlieues
nord de Bagdad, la capitale, il ne fut
possible pour les Etats-Unis qui
dirigeaient et dirigent toujours
l’Alliance internationale contre «Daech»,
de renforcer leur présence militaire en
Irak et de donner à leur guerre
fallacieuse contre «Daech» un air de
légitimité et de loyauté qu’en parlant
de la libération de Mossoul qui était
devenue une véritable capitale de ce
qu’on appelle «Etat Islamique en Irak et
en Syrie».
Et comme cette dite «libération» ne
constitue qu’une partie de la
fallacieuse guerre étasunienne contre «Daech»
qui, selon de hauts responsables
politiques et militaires étasuniens,
pourrait continuer pour une longue
durée, trente ans, par exemple, elle (la
libération) était planifiée à son tour
pour prendre beaucoup de temps. Mais
pendant cette longue durée des
évolutions et des événements pourraient
intervenir et mettre le projet
libérateur aux oubliettes.
Duperie possible
Aujourd’hui et au moment du lancement du
plan de la libération de Mossoul, les
Etasuniens commencent à traduire sur le
terrain leur croyance pour laquelle «le
plan va un peu trop rapidement». Et ils
ne cachent pas leur désir de freiner
l’avancée de l’armée irakienne vers
Mossoul. Selon des responsables
irakiens, les avions étasuniens trainent
pour bombarder les positions de «Daech»
qui opposent une résistance farouche
face à l’avancée des forces irakiennes.
Rien d’étonnant donc si, pendant les
jours et les semaines à venir, nous
apprenons que les avions étasuniens
bombardent l’armée irakienne et les «les
Forces de la Mobilisation populaire»
(al-Hashd as-Sha’bi), et même
fournissent de l’aide à «Daech», s’ils
trouvent que le processus de libération
de Mossoul va un peu trop rapidement. Ou
s’il leur arrive de changer d’avis et ne
plus vouloir du tout libérer la ville.
Aujourd’hui, tant d’observateurs pensent
que les Etats-Unis sont sérieux quant à
l’action pour libérer Mossoul. Cela,
disent-ils, est une exigence de premier
ordre pour le président Obama qui est
particulièrement passionné de faire un
grand exploit avant son départ imminent
de la Maison blanche. Cela peut être
vrai. Mais il se peut également que la
libération de Mossoul et tout le bruit
qu’on fait à ce propos ne soient qu’une
mise en scène. Le but de celle-ci serait
de couvrir le transport des combattants
de «Daech» vers Raqqa et les régions
orientales et centrales de la Syrie pour
atteindre Tadmor (Palmyre) et peut-être
également les frontières jordaniennes et
le Golan occupé pour contribuer à servir
le projet israélien qui se veut une
riposte à la victoire attendue de
l’armée syrienne à Alep. On sait à ce
propos que les Israéliens souhaitent
installer dans cette région une zone
tampon qui s’étendrait jusqu’à Der’a.
Ce plan que tous les ennemis de la Syrie
et de l’Irak tiennent à mettre en
exécution doit être contré, au
lieu d’une tentative précipitée de
libérer Mossoul, ou parallèlement à une
telle tentative, par un rigoureux effort
militaire de la part de la Syrie, de
l’Irak et de leurs véritables alliés
visant à empêcher les combattants de
Daech d’atteindre le territoire syrien.
Expérience commune
C’est dans ce sens que le ministre russe
des affaires étrangères a affirmé que
son pays prendra des «mesures
militaires» pour empêcher cette
migration. Avec tout ce que cela ouvrira
comme perspectives supplémentaires en
matière de l’escalade des tensions entre
Moscou et Washington. C’est-à-dire entre
Moscou et ses alliés, d’une part, et
Washington et ses alliés qui manipulent
«Daech» et les autres organisations
terroristes, d’autre part.
Mais considérer les deux hypothèses
mentionnées plus haut comme des
évidences indiscutables peut pousser
l’armée irakienne encore en jeune âge
vers un piège qui pourrait lui causer
des dégâts beaucoup plus grands que ceux
consécutifs à l’avènement de «Daech» et
son occupation de Mossoul et tant
d’autres régions irakiennes.
Ne serait-il pas possible qu’une duperie
se cache derrière la promotion de
l’idée du transport des combattants de «Daech»
vers la Syrie, et ce dans le but de
semer chez les Irakiens l’illusion que
la libération de Mossoul sera une
opération facile, et que les combattants
de «Daech» déserteront dès le premier
coup de feu ?
Ne serait-il pas possible que les
fortifications et autres préparatifs
entrepris par «Daech» à l’intérieur de
Mossoul et aux alentours de la ville
soient l’expression d’une volonté des
Etats-Unis et de Daech de faire
embourber l’armée irakienne dans un
combat dont les frais pourraient être
très lourds autour et dans une ville
peuplée de plus d’un million de civils
qui constituent un bouclier humain
obligatoire pour quelque dix-mille
combattants daéchiens bien entrainés par
les forces spéciales étasuniennes,
israéliennes et atlantiques?
Des dizaines de siècles d’épreuves
communes ont fait de Mossoul et d’Alep
deux villes ayant une destinée commune.
La prudence exige aujourd’hui que
Mossoul ne goutte pas, peut-être pour
longtemps, à l’amère épreuve vécue par
Alep depuis cinq ans.
Source : French.alahednews
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