Opinion
Le spectre de la famine globalisée hante
le monde
Akil Cheikh Hussein
Photo:
D.R.
Samedi 26 avril 2014
Le
sentiment général du danger que
représente la faim galopante nourrit, de
nos jours, des formes horribles de lutte
dont le but est d’obtenir une part des
miettes. Il permet aux forces
hégémoniques d’enrôler, parmi la
jeunesse désœuvrée et privée de tout
horizon ouvert à la vie, des armées de
«briseurs de révolutions»!
Le genre humain n’a jamais été si proche
du danger de l’extermination massive
comme il l’est actuellement. La
possession par les hommes d’une quantité
d’armes nucléaires suffisante pour
détruire la vie sur terre des milliers
de fois et l’une des sources du danger.
Mais elle n’est pas la plus dangereuse,
car il existe des chances de contenir,
d’une façon ou d’autre, la guerre
nucléaire.
Cependant, le danger qui semble ne pas
susciter une véritable peur et, par
conséquent, inciter les hommes à agir
pour l’affronter est celui du danger de
mourir de faim. En fait, ce danger ne
semble pas prêt à être contenu dans le
cadre des modes de vie qui prospèrent
sous la civilisation en vigueur.
Il est vrai qu’on entend quotidiennement
beaucoup de bruit au sujet du
tarissement croissant des sources de la
nourriture, tarissement qui s’ajoute à
la pollution pour détruire l’eau et
l’oxygène. Mais aussi pour martyriser
les terres agricoles sous les coups de
la désertification, de la hausse du
niveau des mers, et de l’usage des
moyens «scientifiques modernes» dans
l’agriculture. Pourtant, ce bruit ne
s’accompagne pas d’une action efficace
et responsable pour faire face à ce
problème.
Tout à fait au contraire. Ce danger
devient une opportunité pour
l’investissement et le gain. Et en même
temps pour pousser davantage l’humanité
vers l’avenir néfaste. Un seul exemple :
Le gigantesque développement des
industries agro-alimentaires qui
constituent d’ores et déjà la source
exclusive de la nourriture d’au moins 85
% des habitants de la planète.
On sait que ces industries requièrent de
fortes capacités financières,
scientifiques et techniques du genre qui
n’est à la disposition de l’agriculteur
qui, aux Etats-Unis, produit de la
nourriture pour 30 mille personnes, ou
en Europe, qui la produit pour 12 mille.
De la sorte, ces industries mettent la
majorité écrasante des hommes en dehors
de toute participation à la production
de la nourriture. En raison de leur
entassement -par millions et dizaines de
millions- dans des mégapoles dont les
subsistances leur arrivent d’endroits
qui se trouvent à des centaines ou des
milliers de kilomètres. Cela ne doit-il
pas inciter à réfléchir au sujet de ce
que peuvent devenir, au cas où, pour une
raison ou une autre, ne sont plus
approvisionnés quotidiennement en
nourriture et en eau, les habitants de
Tokyo (35 millions d’âmes), de New York
(20 millions) du Caire (25 millions) ou
même dans le plus petit village qui n’a
plus d’agriculture traditionnelle?
Si, dans les conditions de la hausse
permanente des prix et de
l’accroissement rapide du nombre de ceux
dont les revenus se limitent à un dollar
par jour, les industries
agro-alimentaires procurent une
protection contre le fait de mourir de
faim à la minorité en mesure de pouvoir
payer leurs produits, elles les
rapprochent de la mort par d’autres
voies. En effet, l’obésité frappe 25 %
des habitants des Etats-Unis et une plus
forte proportion parmi les populations
du Golfe. De leurs côté, les maladies du
cœur font rage de nos jours pour des
raisons dont certaines sont dues à cette
nourriture.
Dans les deux cas, il est d’ores et déjà
connu que l’élite mondiale dite «Maître
du Monde» en est arrivée à mettre la
grande majorité des hommes entre deux
choix: Mourir de faim (40 millions de
personnes en meurent chaque année et le
chiffre progresse en
permanence), ou mourir sous l’effet des
poisons que contiennent la nourriture
industrialisée.
Mais pourquoi cette élite
s’acharne-t-elle à vouloir créer cette
situation? C’est la hantise de
l’accroissement de la reproduction
humaine et la diminution des ressources,
entre autres, alimentaires. Cette
hantise est à l’origine des appels qui,
depuis quelques décennies, prônent le
«planning familial» et notamment la
réduction de la reproduction pour
prendre, de nos jours, la forme d’un
projet soutenu par des politiques et
personnalités influentes, surtout aux
Etats-Unis, et visant à réduire les
populations sur la planète à 500
millions âmes.
Avec ce projet, le monde d’aujourd’hui
n’est plus à l’heure des problématiques
traditionnelles que représentaient le
colonialisme, l’esclavagisme ou le
pillage des biens des peuples. Il doit
d’ores et déjà faire face à une nouvelle
problématique qu’est ce projet
d’extermination universelle.
En vérité, ce projet est en train de
réaliser, dans le monde d’aujourd’hui,
des succès foudroyants grâce aux
manipulations génératrices de guerres,
de crises financières et sociales, de
désastres climatiques et leurs
répercussions destructrices au niveau de
la «sécurité alimentaire»…
Ceci étant, l’action de la grande
majorité des humains visant à
«promouvoir leurs situations» à partir
de la lutte et des révolutions du genre
traditionnel est vouée à l’échec. Plus
encore, l’élite mondiale en est arrivée
même à mettre les luttes et les
révolutions traditionnelles, ainsi que
les slogans de liberté, de démocratie,
des droits de l’homme, de la femme, de
l’enfant, des handicapés et des animaux
au service de son plan d’extermination.
Il est vrai qu’un important front
mondial prouve aujourd’hui sa capacité
d’affronter les traditionnels projets
d’hégémonie dirigés par les Etats-Unis
et leurs alliés. Mais l’affaiblissement
de l’Etat américain et de la majorité
écrasante des autres Etats face aux
nouvelles formes de pouvoir que
représentent les institutions
financières et les firmes
multinationales, et en premier lieu
celles qui contrôlent la nourriture et
les sources de la nourriture, requiert
de nouvelles formes de lutte.
Le sentiment de plus en plus général de
ce danger qu’est la faim nourrit de nos
jours des formes horribles de lutte dont
le but est d’obtenir une part des
miettes. Ceci explique la facilité avec
laquelle les forces du mal enrôlent des
armées de « briseurs de révolutions »
parmi les millions de désœuvrés privés
de tout horizon ouvert à la vie. Ce fait
troublant a de tout temps entravé la
marche de la libération des hommes.
Pourtant, il ne doit pas écarter la
possibilité de lancer des luttes en
mesure de faire face à ce nouveau et
universel génocide… Se diriger
sérieusement et fermement vers
l’indépendance alimentaire, au niveau
des individus, des groupes et des
nations!
Source: french.alahednews
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