Alahed
Le Sud-Soudan dans son «Printemps»
ensanglanté
Akil Cheikh Hussein
Samedi 23 juillet 2016
A peine le Soudan du Sud poussé par les
puissances hégémoniques a-t-il pu se
séparer du Nord pour fonder son Etat
indépendant, ces mêmes puissances l’ont
précipité dans une guerre civile
destructrice sur la voie de sa
transformation en terre brûlée afin de
faire main basse sur ses richesses en
matière d’eau, de pétrole et autres
ressources.
Le Soudan du Sud a, lui
aussi, son Printemps. Celui-ci a débuté
avec le référendum de janvier 2011,
lorsque ses habitants ont massivement
voté pour la séparation d’avec le Nord.
Les fleurs de ce Printemps ont éclaté de
toute leur splendeur avec l’indépendance
en juillet de la même année. Et la
naissance a eu lieu de la «République du
Soudan du Sud» avec son drapeau dans
lequel -puisque la révolution fut, dans
une grande mesure, une révolution de
couleur- rayonnent sept couleurs autour
d’une étoile jaune.
Larges espoirs
Les deux premières années
de l’âge de cette république sont
passées sans problèmes au milieu de
l’euphorie des cercles impérialistes et
israéliennes et l’allégresse des régimes
et des institutions arabes qui tournent
dans l’orbite du Royaume saoudite et des
autres régimes du Golfe. Rien de plus
normal, car le régime d’Omar el-Bachir
fut encore proche de l’axe de la
Libération et de la Résistance…
Sans bien sûr oublier les
larges espoirs des Sudistes qui étaient
certains de leur procession vers un
avenir brillant dans une atmosphère de
prospérité économique, de liberté et de
démocratie parmi d’autres acquis promis.
Les deux ans sont passés
sans que l’allégresse et l’euphorie de
croitre car tout allait au Sud-Soudan
conformément aux désirs des puissances
hégémoniques et à leur plan infernal
visant, après la mise en pièce du
Soudan, faire subir un sort pareil au
Sud-Soudan.
C’est ainsi qu’en juillet
2013, le président du Sud-Soudan,
Salva Kiir Mayardit, fait démettre de
ses fonctions le vice-président,
Riek Machar, avec un grand nombre de
dirigeants de premier rang du
«Mouvement Populaire de Libération du
Soudan».
Tout alors était prêt à
l’éclatement de la guerre qui a divisé
le Sud-Soudan en deux camps opposés, et
ce à partir de décembre 2013. Le
Printemps du Soudan du Sud s’est ainsi
transformé en une saison sombre et
peuplé de cadavres, des couleurs du sang
et de destruction et de drames.
Des dizaines de milliers de
morts et des centaines de milliers de
réfugiés. Voilà l’un des résultats des
affrontements qui ont eu lieu entre les
deux plus grands dirigeants du Mouvement
Populaire et de son bras armé connu sous
le nom de «l’Armée Populaire pour la
Libération du Soudan». Cette armée
avait, durant une vingtaine d’années,
combattu l’armée soudanaise dans le
cadre de sanglantes tentatives
séparatistes encouragées par les
britanniques depuis les années
cinquante, c’est-à-dire juste avec
l’indépendance, en 1956, du Soudan
vis-à-vis de la colonisation
britannique.
Une Nouvelle guerre
Les confrontations armées
ont duré pendant un an et demi pour se
terminer en août 2015 avec un
cessez-le-feu signé à Khartoum.
Conformément à l’accord, Machar regagna
Juba aussi bien que son ancien poste en
tant que vice-président. Un gouvernement
d’unité nationale fut par la suite
formé.
Pourtant, cela n’était pas
suffisant pour le retour de la stabilité
au Soudan du Sud. Au début de ce mois de
Juillet, un accrochage a eu lieu à Juba
entre des militaires partisans de Salva
Kiir d’un côté et de Machar de l’autre
dans lequel des dizaines de soldats ont
été tués. Les affrontements ont
rapidement gagné d’autres localités,
alors que des instances internationales
demandaient l’arrêt des hostilités et
accusaient les belligérants de perpétrer
des crimes de guerre.
Les informations qui
arrivent maintenant du Soudan du Sud
affirment qu’un cessez le feu a été
signé et que le calme règne dans la
capitale. Mais il est clair que cet
accord, comme tant d’autres accords
signé par le passé, ne sont que des
tentatives pour reprendre les souffles
dans l’intention de ne pas tarder à
recommencer le combat. Les raisons sont
bien la lutte ouverte pour le pouvoir
entre des dirigeants qui subissent deux
sortes de pressions : Intérieures
émanant de chefs qui contrôlent des
dizaines de milices qui constituent les
corps de l’armée. Et extérieures émanant
des cercles hégémoniques internationales
et régionales, dont l’entité sioniste et
les monarchies du Golfe et visant à
servir des objectifs stratégiques en
liaison avec les richesses du Sud-Soudan
en matière de pétrole, des eaux, des
terres agricoles, des forêts et des
mines…
Certes, les cercles
hégémoniques qui attisent ce genre de
conflits dans la région sous des
appellations confessionnelles et
ethniques imputent ce qui se passe au
Soudan du Sud à des rivalités entre des
dizaines de tribus qui constituent le
tissu démographique du pays. Elles
occultent ainsi le fait qu’il arrivait
parfois à ces tribus -dont les
membres parlent des centaines de
langues et de dialectes différents- de
se quereller pour d’innombrables
raisons, mais qu’elles étaient unies
tout au long des décennies durant
lesquelles les complots internationaux
et régionaux s’occupaient de semer la
discorde entre le Soudan et le Sud
Soudan. Mais dès la réalisation de
l’objectif séparatiste, les efforts
hégémoniques ont été centrés sur le
démantèlement du Sud, chose qui parait
évoluer avec succès vers l’objectif
recherché.
Ce n’est pas par hasard que
les forces chinoises travaillant dans le
cadre de la force internationale soient
visées par un bombardement qui a fait
des morts et des blessés. En effet, les
cercles hégémoniques qui cherchent à
faire du Sud-Soudan et d’autres régions
africaines des terres brûlées craignent
particulièrement l’élargissement de
l’influence de Pékin dans le continent,
surtout que les investissements chinois
sont les plus souvent recherchés par les
Africains du fait que
l’exploitation et la rapacité sont des
caractéristiques essentiels des
investissements occidentaux.
Source :
French.alahednews
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