Opinion
La cause de la montée de l’extrême
droite,
la dépendance de l’UE vis-à-vis des
politiques US
Akil Cheikh Hussein
Photo:
D.R.
Mercredi 11 juin 2014
Les politiques de l’extrême
droite dans les pays occidentaux ne
peuvent aucunement être plus hostiles
aux intérêts des peuples au Tiers-monde
et dans le monde arabe que celles des
gouvernements actuels.
Les victoires remportées par les partis
d’extrême droite aux élections du
parlement européen sont une réponse aux
grandes crises qui frappent les pays
occidentaux. Elles annoncent des
événements futurs qu’il est encore tôt
d’en discerner les répercussions
négatives ou positives.
Choc, séisme, chose regrettable,
surprise… C’est avec des expressions de
ce genre que les élites dirigeantes en
Europe ont accueilli l’éclatante
victoire remportée, dans la plupart des
pays européens, par les partis de
droites qu’on taxe habituellement
d’extrémistes, de racistes et de
fascistes, dans les élections
européennes qui se sont déroulées entre
le 22 et le 25 juin.
Percée
foudroyante
Ces partis ont remporté 130 sièges
sur 750, ce qui constitue un grand
progrès par comparaison avec les 40
sièges qu’ils avaient remportés dans
les européennes de 2009. Mais le
progrès qui est encore plus grand
est que plusieurs de ces partis
occupent dorénavant la première
place dans des pays de première
importance comme la Grande
Bretagne où le parti «Indépendance du
Royaume Uni» (Ukip) (33%) des votes, et
la France où le Front national a
remporté 25% des votes. Quant aux partis
qui n’ont pas occupé la première place
dans leurs pays, ils ont -pour la
plupart- fait des grands pas en avant.
On s’attend à ce que ces avancées se
reflètent au niveau des prochains
processus électoraux, municipaux,
législatifs et présidentiels, et ce sur
la voie d’un virement général vers la
droite des pays européens, ce qui
entraînera sans doute de grands
changements non seulement sur le plan
européen, mais aussi sur le plan
international.
Il va de soi que les forces politiques
qui se réclament de la droite modérée ou
de la gauchevont hausser le ton de leurs
discours fondés sur la diabolisation de
l’extrême droite qu’elles considèrent à
l’origine de tous les maux. Pourtant,
cette diabolisation qui n’a pas, par le
passé et actuellement, freiné
l’accroissement de la popularité de
l’extrême droite ne parait pas à même
d’atteindre ses objectifs dans un proche
ou lointain avenir.
La raison en est l’échec des politiques
officielles, dont celles de la gauche
socialiste au pouvoir dans des pays
comme la France, quant à trouver des
solutions aux problèmes économiques,
sociaux et politiques, en dehors de
celles qu’imposent le marché libre et
les intérêts des grands capitalistes
nationaux et internationaux. Les mesures
d’austérité qui engloutissent ce qui
reste des acquis réalisés sous
l’Etat-providence, les délocalisations,
l’énormité des dettes souveraines ont
conduit à la hausse des taux de chômage
et de la pauvreté et ont placé la
plupart des pays européens au bord de la
faillite.
Cela signifie que ces politiques sont le
premier responsable de la hausse de
popularité de l’extrême droite qui
brandit des slogans qu’on accuse d’être
démagogiques et populistes. Mais ils
restent, du moins théoriquement, plus
sensibles aux problèmes des classes et
des catégories qu’écrase la machine du
néolibéralisme et du capitalisme
sauvage, à un moment où les partis de
gauche se sont transformés en outils au
service de l’économie du marché.
Droite extrémiste, mais d’un discours
libérateur!
Que peut-on attendre par exemple d’un
électeur français qui vote
habituellement à gauche (La majorité de
ceux qui ont voté pour le FN sont des
ouvriers, des étudiants et des chômeurs
parmi lesquels on trouve même des
immigrés de la deuxième et la
troisième génération censés être les
plus menacés par la montée de l’extrême
droite), que peut-on attendre de lui
sinon de donner sa voix à l’extrémiste
de droite qui se présente comme le
défenseur de l’indépendance nationale et
des droits des plus déshérités?
Comment cet électeur ne pourrait-il pas
voir dans le Front national le meilleur
représentant de ses aspirations, surtout
que le Front propose un programme fondé
sur la sortie de l’Union européenne
devenue une institution au service des
élites capitalistes au détriment des
peuples d’Europe? Ou sur l’opposition à
une zone de libre échange
transatlantique qui n’est qu’une
«machine de guerre ultralibérale,
extrémiste, antidémocratique et
antisociale» dirigée par les Etats-Unis?
Ou sur la condamnation des firmes
multinationales responsables de
l’approfondissement du gouffre entre les
revenus de 10 % de la population
mondiale qui détiennent 90 % des
richesses de la planète, et ceux de 90 %
de la population qui se partagent le 10
% de ces richesses?
Des slogans qui sont peut-être
opportunistes, démagogiques et
populistes, mais qui s’attirent le
soutien grandissant de la rue
européenne. Même s’ils s’avèrent
trompeurs après avoir porté l’extrême
droite au pouvoir, ils ne pourront pas
causer aux peuples d’Europe et du monde
des dégâts aussi grands que ceux que
leur causent les gouvernements actuels.
Quant aux politiques extérieures, celles
de la droite extrémiste -cela est maints
fois prouvé- ne pourront être, quoique
racistes et fascistes, plus extrémistes
que celles des «modérés» responsables
des maux et des guerres qu’ils ont faits
et font toujours subir aux peuples du
Tiers-monde et du monde arabe tout
particulièrement.
Source: french.alahednews
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