Alahed
La famine… rareté de nourriture ou
extermination systématique ?
Akil Cheikh Hussein
Lundi 6 juin 2016
Loin d’être une conséquence des
changements climatiques, les famines ne
sont plus un produit exclusif du pillage
colonial et de l’ajustement structurel.
Elles sont devenues maintenant une forme
efficace d’extermination visant à
réduire la population mondiale de
quelques milliards à quelques millions.
L’Observer britannique a
publié, le 22 mai, un rapport sur la
famine. Selon ce rapport, des dizaines
de millions d’Africains sont menacés de
mourir de faim en raison de la rareté
des produits agricoles et des
changements climatiques.
Critiques et propositions pour faire
diversion
Cette information a été
relayée par d’autres mass-médias et
étayée par davantage de chiffres sur les
nombres galopants des affamés, et de
photos présentant des affamés
transformés en squelettes, ainsi que de
foules qui concurrencent et se bagarrent
devant un camion d’aides humanitaires
chargé de pain sec.
Mais dans le but de
répandre une fausse prise de conscience
au sujet du problème et, par conséquent,
pour éloigner ce dernier de toute
solution possible, des discours
enflammés ont hypocritement critiqué les
Etats donateurs qui traînent pour ne pas
fournir suffisamment d’aides aux
affamés. En même temps, elles ont salué
les initiatives humanitaires
visant à collecter de l’argent ou
d’autres dons à cet effet.
Personne n’a pourtant
attribué des causes à ce phénomène en
dehors de la rareté des nourritures et
des changements climatiques.
Si certains ont osé
signaler des causes politiques,
celles-ci ont été trouvées dans des pays
pauvres et chez des responsables
politiques corrompus que les cercles
hégémoniques autorisent leur mise à
l’index pour les renverser non parce
qu’ils sont corrompus, mais parce que
les intérêts géopolitiques de ces
cercles l’exigent.
Certaines idées
«audacieuses» au sujet des causes de la
famine ont fait leur apparition, par
exemple, lors du Sommet Mondial de
l’Action Humanitaire qui, pendant deux
jours, s’est tenu au début de la semaine
à Istanbul. L’une de ces idées est
inspirée de l’anecdote du «poisson et de
l’hameçon» : Elle rejette le fait de
fournir des aides financières qu’elle
considère responsables de la
pérennité de la famine dans la mesure où
les affamés vivent pour attendre les
aides. D’autre part, elle demande une
approche de la question dans le cadre de
la recherche de solutions liées au
développement. Bien sûr, on ne peut pas
considérer les partisans de cette
opinion comme exempts d’hypocrisie car
le développement qui attire beaucoup
d’attention apparente et pour lequel se
tiennent beaucoup de conférences et de
sommets mondiaux n’a jamais constitué
une solution au problème de la
faim, car il s’est révélé lui-même un
moyen d’enrichissement des entreprises
occidentales et de leurs agents dans les
sociétés locales.
Personne n’a évoqué les
véritables causes de la famine.
C’est-à-die le pillage colonial qui a
été pratiqué durant des siècles dans les
pays du Tiers-monde et les opérations
d’ajustement structurel qui ont conduit
à l’appauvrissement de ces pays en y
détruisant les secteurs agricoles et
productifs.
Repas chauds
Personne n’a non plus
évoqué la famine en tant que domaine
lucratif de l’investissement
capitaliste. Par exemple, des instances
influentes ont donné l’occasion à des
entreprises occidentales de faire des
gains faramineux en inventant une
solution de la famine dans un pays
pauvre en lui fournissant, pour un jour
ou deux, des repas chauds préparés en
Europe.
Dans le même sens, des
dissensions ont éclaté, dans le sommet
précédemment mentionné, entre des
organisations non-gouvernementales,
d’une part, et des Etats, d’autre part,
pour le partage de fonds destinés aux
affamés et aux sinistrés dans le monde.
Le fait même d’évoquer la
famine en tant que conséquence du
pillage colonial et des ajustements
structurels n’est plus significatif,
bien qu’il soit vrai, lorsqu’on entend
répandre une prise de conscience du
problème et des formes de luttes
nécessaires pour l’affronter. Quand une
cinquantaine d’âmes humaines meurent
annuellement de faim dans le monde, la
famine devient une forme efficace
d’extermination massive et sciemment
préméditée et planifiée.
A côté des guerres,
de la culture des maladies, de
l’industrie agro-alimentaire, des
pesticides agricoles et des catastrophes
climatiques issues de la sauvagerie de
la civilisation industrielle et
consommatrice, la famine participe dans
le génocide d’un grand nombre d’humains.
Cela se fait conformément à des plans
diaboliques qui visent à réduire la
population de la planète de quelques
milliards à quelques millions de nantis
qui désirent vivre sans qu’ils ne soient
concurrencés pour les sources -qui ont
commencé à se tarir à des vitesses
vertigineuses- de la nourriture,
de l’eau et de l’air …
La nouvelle prise de
conscience est nécessaire plus que
jamais pour faire face à la conscience
intoxiquée qui s'est répandue avec
beaucoup d’efficacité par les cercles
hégémoniques.
L’un de ceux qu’on présente
en tant qu’experts ou spécialistes donne
une définition de la famine comme étant
l’incapacité d’ «acheter» la nourriture.
Une telle définition signifie que la
seule solution du problème est la
possession de l’argent pour «acheter».
A la place d’une telle
conscience intoxiquée qui force les gens
à accepter le statut de consommateur et
de mendiant condamné à mourir de faim en
fin de compte, il faut agir pour une
conscience nouvelle qui pousse les gens
à rechercher leur salut et leur
véritable liberté en recouvrant leur
fonction en tant que producteur de la
richesse et de la nourriture et, par
conséquent, comme constructeurs de pays
indépendants, libres et dignes.
Source :
French.alahednews
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