Alahed
Quand l’allié faible se sent puissant
parce qu’il est espionné du plus fort!
Akil Cheikh Hussein
Photo:
D.R.
Vendredi 3 juillet 2015
Que
personne ne s'attende à ce que les
révélations concernant les écoutes de la
NSA visant des responsables européens
poussent ces derniers à s'engager dans
une action sérieuse en vue d'obliger
Washington de ne pas dépasser ses
limites. Le problème n'aura très
probablement des répercussions
fâcheuses au niveau des rapports entre
Paris et Washington, surtout en ce qui
touche leur guerre, fausse contre le
terrorisme, mais plus que sérieuse
contre les pays des Arabes et des
Musulmans.
Qu'un pays espionne un autre c'est
assurément un acte d'agression. Il
suffit pour provoquer des suites dont
les moindres consistent, pour
l'agresseur, de faire des excuses auprès
de l'agressé, alors que, poussées à
l'extrême, elles peuvent --au cas où les
conditions ne permettent pas de
déclencher une guerre- pousser le pays
agressé à rompre ses relations
diplomatiques avec le pays agresseur.
Faillite morale
Tout cela peut donc avoir lieu si les
relations entre les deux pays concernés
sont sous leur forme normale. Mais si
ces deux pays sont deux alliés membres
d'un seul et même front depuis plus d'un
demi-siècle contre des adversaires comme
le fascisme, le nazisme, le communisme
et le terrorisme, le fait que l'un d'eux
espionne l'autre ajoute au problème une
dimension dramatique qui traduit la
faillite morale subie par les relations
entre des alliés dont chacun d'eux est
prêt à mordre l'autre rien que parce
qu'un grand ou un petit intérêt
l'exigerait.
De toute façon, des observateurs ont
prédit que les réactions françaises à
cette affaire d'espionnage de la part de
la NSA qui a ciblé les trois derniers
présidents français dont le président
actuel François Hollande ne seront pas
aussi violentes qu'une tempête dans un
verre d'eau. Et Il en était ainsi et
même plus pitoyable: Une tempête dans un
verre d'eau n'a même pas été aussi
faible.
Le Conseil militaire français s'est
réuni à la hâte et la déclaration finale
de la réunion a condamné des
«agissements inacceptables» et a proféré
des menaces comme quoi la France ne
tolérera (c'est-à-dire à l'avenir, ce
qui équivaut à pardonner les agissements
passés et actuels), aucun agissement
mettant en cause sa sécurité. Aucune
expression n'aide à identifier
l'agresseur.
Le fait de ne pas mettre à l'index les
Etats-Unis en tant que coupable ayant
commis les agissements inacceptables
traduit certainement une mauvaise
intention. La majorité des Français ne
consacrent à la politique que le temps
mis par leur maître de pensée, René
Descartes, pour étudier la théologie
rationnelle, à savoir «fort peu d'heures
par an». Ce qui veut dire que l'idée
qu'ils se feront à partir de la vague
déclaration du Conseil militaire sera du
genre avec lequel on fourre, depuis des
années, les cerveaux des gens en France
et en Occident au sujet de ceux qu'on
accuse perfidement de menacer la
sécurité de la France et du monde.
Même lorsqu'on leur dit qu'il s'agit de
«Daech» ou d'al-Qaïda, ils ne dénotent,
car très pris par les occupations de
leur vie quotidienne, qu'un sens
unique: Les Arabes et les Musulmans.
Le comble d'insolence
Le manque d'audace, côté français,
d'opposer à Washington une riposte du
même calibre, a encouragé les Américains
à aller plus loin dans l'insolence:
Malgré les documents solides et dignes
de foi publiés par deux médias français
bien connus, Libération et Mediapart,
les Etats-Unis n'ont pas fait des
excuses aux Français. Pire encore. La
Maison Blanche a au début refusé de
faire des commentaires sur le sujet
avant d'affirmer que Washington n'écoute
pas les conversations téléphoniques de
François Hollande. Sans toutefois
évoquer ses deux prédécesseurs.
De son côté, Ned Price, le porte-parole
du Conseil de sécurité nationale (NSC)
des États-Unis, a fait une déclaration
analogue mais il a donné à la France une
sorte de consolation en négligeant tout
le problème en question et en insistant
sur l'importance de la coopération entre
les deux partenaires, américain et
français, dans les domaines ayant des
dimensions internationales dont, en
première place, la guerre, fausse contre
le terrorisme, mais plus que sérieuse
contre les pays des Arabes et des
Musulmans.
Selon une caricature parue dans un
quotidien à Paris, les Français
devraient être heureux car les
Américains écoutent leurs
communications, ce qui veut dire qu'ils
ne sont pas moins importants que les
Allemands (allusion faite au scandale
lié aux écoutes américaines du téléphone
d'Angela Merkel en 2013).
L'histoire, on le sait, ne s'arrête pas.
Son mouvement finit toujours par tout
éclairer: Cette histoire d'écoute a
rapidement été écartée dès que le
terrorisme a pris la parole à Sousse,
une ville tunisienne, arabe et musulmane
(avec l'exécution de plusieurs dizaines
de touristes européens sur les sables
chauds des côtes tunisiennes) Mais aussi
à Lyon, une ville française (avec une
tête coupée et une écriture arabe sur le
corps de la victime).
C'est que le terrorisme qui, par le
passé, a prouvé sa capacité de frapper
aux Etats-Unis et en Europe est revenu
pour prouver qu'il est toujours disposé
à le faire. Et c'est ainsi qu'aucune
voix ne doit s'élever au-dessus de celle
du combat faux contre le terrorisme,
mais plus que sérieux contre les pays
des Arabes et des Musulmans.
Source: french.alahednews
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