Palestine
Barbarie industrielle et barbarie
artisanale
Ahmed Halfaoui
Gaza 10 juillet 2014
Mardi 18 novembre 2014
Les horribles
vidéos d’exécutions d’otages, par les
groupes islamistes armés, pour odieuses
qu’elles sont, s’inscrivent dans une
stratégie qui ne peut connaître de
succès que par l’écho médiatique
escompté. Pour ce faire, la gigantesque
machine médiatique occidentale répond
idéalement aux vœux des assassins. Pour
peu qu’ils en aient l’occasion, qu’ils
mettent la main sur un quidam, victime
du hasard du lieu où il se trouve,
ressortissant des Etats-Unis de
préférence, du Canada, d’Europe de
l’Ouest ou d’Australie, quelques
individus peuvent acquérir une notoriété
internationale. En un clic, l’Occident
est mis en émoi. Le mode opératoire est
savamment rodé. La scène doit être
suffisamment choquante pour susciter
l’effroi, le dégoût ou l’indignation. La
malheureuse victime est parfois poussée
à s’exprimer, afin d’accroître l’impact
sur les opinions publiques. « Pourquoi
cette vidéo ? (la vidéo montre un
Français et un Néerlandais, enlevés au
Mali). Est-ce pour participer à cette
espèce de montée dans l’extrême horreur,
comme en Syrie ? Ou veulent-ils rappeler
qu’ils détiennent ces deux personnes
pour souligner leur valeur ? », a dit le
président français, François Hollande,
le 18 novembre dernier. Il résume la
problématique qui allie l’horreur et la
mise en valeur des auteurs. Mais
l’horreur ne vaut-elle que lorsqu’elle
est mise sous le regard ?
N’existe-t-elle pas autrement et à une
échelle industrielle ? Et si des caméras
pouvaient filmer le détail des corps
d’enfants ghazaouis en train de voler en
éclats sous les bombes sionistes. Si
l’on mettait, sous les yeux des
téléspectateurs, le déroulé du processus
de leur exécution par le phosphore
blanc. Seconde par seconde, à partir de
l’instant où les projectiles les
atteignent, en passant par la dissection
des chairs, de leur sang qui gicle,
jusqu’à leur mort. Peut-être, sera mis
en évidence, qu’en matière d’horreur les
tueurs de Daech ou d’Al Qaida sont
plutôt des artisans. En prime, on a vu,
il faut le rappeler, que le président
français avait soutenu et encouragé le
premier ministre sioniste à bombarder
Ghaza. Ce n’est qu’après quelques
centaines de cadavres mutilés qu’il
s’est mis à « appeler à la retenue ».
Les termes utilisés sont toujours
étudiés de façon à ne pas qualifier le
crime. A l’inverse, dans un communiqué
de l’Elysée, « Le Président de la
République dénonce avec la plus grande
force l’odieux attentat perpétré ce
matin (mardi dernier) dans une synagogue
de Jérusalem ». On aura beau chercher
des mots de dénonciation d’une telle
violence du massacre à ciel ouvert
contre les Palestiniens, on en aura pour
sa peine. Le fait est qu’il ne doit y
avoir qu’une seule barbarie qui vaille.
Celle qui justifie déjà et justifiera
encore la mission que s’est donnée
l’OTAN de « démocratiser » le monde.
Daech et autres feront en sorte que les
peuples visés présentent tous les traits
d’une barbarie qui ne laissent aucune
place à la compassion. Une barbarie fort
utile du reste, que les services
étatsuniens ont mis tout le soin requis
à promouvoir, en Afghanistan d’abord, en
Irak, en Libye et en Syrie ensuite.
Ahmed Halfaoui
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