Le refus israélien de laisser entrer un
ministre sud-africain est un coup de
pouce à la campagne de boycott
Adri Nieuwhof
Le Dr
Blade Nzimande, ministre sud-africain de
l'Enseignement supérieur
Dimanche 26 avril 2015
Le refus israélien de laisser entrer
en Cisjordanie un ministre du
gouvernement sud-africain a déclenché
tout un tapage diplomatique et a donné
un sacré coup de pouce à la campagne de
boycott, désinvestissement et sanctions
(BDS).
Peu de temps avant que Blade Nzimande,
ministre sud-africain de l'Enseignement
supérieur, ne doive diriger une
délégation censée visiter l'Université
de Birzeit, près de Ramallah, et
discuter de la coopération académique
avec l'Autorité palestinienne,
l'ambassade d'Israël à Pretoria a refusé
de lui accorder un visa.
« Le gouvernement israélien
essaie par tous les moyens de cacher les
atrocités qu'il fait subir au peuple
palestinien et de réduire le plus
possible le nombre de personnes pouvant
se rendre compte réellement de ce qui se
passe sur le terrain », a expliqué
Nzimande jeudi sur Independent
Media, un site sud-africain.
Un porte-parole du ministère
sud-africain de l'Enseignement supérieur
a déclaré qu'Israël avait refusé
d'accorder un visa à Nzimande parce
qu'il était « l'un des ministres les
plus critiques et les plus entendus à
l'encontre d'Israël ».
L'incident a créé un « grave
problème diplomatique », a ajouté
le porte-parole.
Le boycott
académique
En réponse,Nzimande
invite instamment toutes les universités
et collèges sud-africains à rompre leurs
liens avec les institutions académiques
israéliennes, rapporte Independent
Media.
Israël essaie de « subvertir la
liberté académique, ce qui ne peut être
toléré », a ajouté Nzimande.
Ces quelques dernières années, le
gouvernement sud-africain, le Congrès
national africain (ANC) au pouvoir et
son partenaire le Parti communiste
sud-africain (dont Nzimande est
secrétaire général) ont intensifié leurs
pressions sur Israël.
En 2012, l'ANC a adopté l'appel
palestinien aux BDS en tant que
politique officielle.
Le gouvernement a également décidé que
les produits des colonies israéliennes
en Cisjordanie occupée, qui sont
illégaux aux yeux des lois
internationales, devraient être
étiquetés comme originaires des « territoires
occupés par Israël » et non plus « Made
in Israel ».
Le vice-ministre des Relations
internationales, Ebrahim Ebrahim, a
également dissuadé les Sud-Africains de
se rendre en Israël « en raison des
traitements et des mesures infligés par
Israël au peuple palestinien ».
Dernièrement, plusieurs hauts
responsables du gouvernement, dont
Nzimande, ont exprimé publiquement leur
soutien à la campagne contre le géant de
la distribution Woolworths du fait qu'il
vend des produits originaires d'Israël.
« Pire
que l'apartheid sud-africain »
Le soutien de
Nzimande à la lutte palestinienne n'est
pas seulement enraciné dans les
expériences communes aux Sud-Africains
de couleur et aux Palestiniens résistant
à leurs colonisateurs. En 2002, lors de
la seconde Intifada, le ministre a été
témoin de près de l'impact de
l'occupation sur les Palestiniens en
Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
« À bien des égards, j'ai
ressenti que l'apartheid israélien était
pire que l'apartheid sud-africain »,
a rappelé Nzimande au cours d'un forum
public en août dernier, lors de
l'agression israélienne contre Gaza qui
a tué plus de 2 200 Palestiniens.
S'exprimant en compagnie de
l'historien israélien Ilan Pappe et du
vétéran sud-africain de
l'anti-apartheid, Farid Esack, Nzimande
a ajouté : « Nous sommes outrés, en
tant que Parti communiste sud-africain
et en particulier en tant que
gouvernement, par la véhémente campagne
menée en permanence par l'État d'Israël
contre le peuple palestinien qui a
manifestement été massacré en raison du
crime consistant à réclamer le retour
dans ses terres ainsi que son
autodétermination. »
Nzimande a également réclamé
instamment que l'Afrique du Sud rappelle
son ambassadeur à Tel-Aviv et qu'elle
expulse l'envoyé d'Israël à Pretoria.
Pendant ce temps, une large coalition
sud-africaine pour la Palestine,
rassemblant des partis politiques, des
syndicats, des groupements de
solidarité, des associations d'étudiants
et des organisations de croyants,
continue à promouvoir le boycott, le
désinvestissement et les sanctions.
La résiliation par une vingtaine de
sociétés sud-africaines des contrats
avec G4S, qui tire des profits immoraux
de son rôle dans les prisons et la
sécurité d'Israël, et des violations des
droits de l'homme, constitue leur succès
le plus récent.
L'appel adressé par Nzimande aux
universités sud-africaines pour qu'elles
rompent leurs liens avec les
institutions académiques israéliennes
donnera certainement un important coup
de pouce à la campagne.
Vidéo : Le Dr Blade
Nzimande sur la Palestine (en
anglais)
Publié sur
The Electronic Intifadah, le 25
avril 2015.
Traduction pour le site de la
Plate-forme Charleroi-Palestine : JM Flémal.
Adri Nieuwhof est
une avocate des Droits de l'Homme,
installée en Suisse et
collaboratice de l'Electronic
Intifadah.
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