Tunisie
De la conférence des amis de la Syrie
à la criminalisation du Hezbollah
Abdessalem Larif
Lundi 7 mars 2016
Le Terrorisme s’en prend à la vie, en
parler demande du sérieux surtout quand
on a la charge de le combattre et donc
d’être attentif à n’en point laisser
s’installer dans l’opinion publique une
image fluctuante ou induire une
définition déviante.
Comme pour conserver à notre pays
dans l’esprit de ses dirigeants une
exemplarité de plus en plus fallacieuse
depuis une certaine conférence des amis
de la Syrie réunie à Gammarth par
l’inénarrable Marzouki et au prix d’une
inexplicable confusion d’ordre moral,
son adhésion à la résolution du conseil
des ministres arabes de l’intérieur
proclamant le Hezbollah organisation
terroriste est une faute politique
désastreuse dont personne n’est dupe
mais dont il convient de tirer, parmi de
nombreux enseignements, ceux qui ont
laissé le goût le plus amer.
1- La Tunisie n’avait pas besoin de se
fourvoyer dans un jeu mortel où
certaines monarchies éminemment
terroristes distribuent les cartes. En
abritant la conférence et alors que la
résolution en question avait
nécessairement été négociée d’avance,
Tunis, a servi de décharge, de dépotoir,
à une vilénie diplomatique que les
tunisiens vomissent du reste. Notons
bien que la consolation nous vient de
Hassan Nasrallah, au nom de la partie
lésée !
2- La crédibilité de l’Etat sur la scène
politique internationale s’en trouve
ruinée puisque, en l’absence de nul fait
avéré ou de notoriété pouvant laisser
supposer que Hezbollah ait versé de
quelque façon dans le terrorisme, la
position prise par le ministre de
l’intérieur en son nom est manifestement
gratuite, en tous cas, pas dans le sens
où l’on comprendrait sans contrepartie.
3- En essayant de justifier dans une
intervention radiophonique le vote de la
résolution par un lien peu subtil entre
la préservation réussie d’intérêts
nationaux et le souci de ne mécontenter,
ou plus explicitement selon ses propres
termes, de n’encourir la colère d’aucun
des autres pays participants, le
ministre des affaires étrangères a en
toute simplicité avoué que la Tunisie a
cédé à un chantage.
4-Par mauvais calcul ou forfaiture, la
diplomatie tunisienne nous cherche de
nouveaux ennemis.
5-Dans une vaine tentative de sauver les
apparences, le Chef de l’Etat, dont
personne ne doute que cette position
injuste et inopportune ait pu être prise
par un autre que lui, a commis un
mensonge d’état en faisant tardivement
mine de la désapprouver devant une
opinion publique perplexe. Comble de
l’outrage, il ne nous manquait que
l’entrée en scène d’un sauveur de la
dignité présidentielle en la personne du
chef du mouvement ennahdha pour nous
apprendre que Hezbollah avait quand même
du sang sur les mains, exactement comme
on l’aurait fait pour excuser un gamin
surpris le doigt dans le pot de
confiture.
Abdessalem Larif
Tunis 07/03/2016
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