Tunisie-Politique
C'est Ennahdha,
dos au mur, qui doit faire des
concessions
Zohra Abid
Vendredi 23 août 2013
Quoi
que disent ses dirigeants, toujours
prompts à prôner le contraire de ce
qu'ils manigancent, Ennahdha continue de
jouer la montre pour ne rien lâcher.
C'est lui pourtant qui a le dos au mur
et doit céder.
Par Zohra
Abid
Dès l'annonce de la vraie fausse
ouverture d'Ennahdha, cherchant à
diviser l'opposition et à gagner du
temps, des appels se sont multipliés sur
les réseaux sociaux pour venir nombreux
au coup d'envoi de la campagne Erhal
(Dégage), samedi, au Bardo.
Autant dire que la manoeuvre du parti
islamiste, affirmant avoir accepté
l'initiative de l'Union générale
tunisienne de travail (UGTT), avant de
se rétracter et de se perdre dans de
laborieuses explications, a fait
pschitt...
Diviser pour
régner
Les déclarations de Rached Ghannouchi,
jeudi, à l'issue de sa rencontre avec
Houcine Abassi, secrétaire général de
l'UGTT, à propos d'une soi-disant
acceptation de l'initiative de la
centrale ouvrière comme point de départ
pour la relance du dialogue national,
ont suscité une vague de commentaires,
aussi passionnés que contradictoires,
sur les réseaux sociaux.
Ghannouchi
croit pouvoir neutraliser Caïd Essebsi
et Nida Tounes pour isoler Hamma Hammami
et le Front populaire: sa manoeuvre,
très primaire, a fait pschitt!
Certains ont admis, assez rapidement
du reste, qu'Ennahdha est revenu
finalement à la raison et qu'il
conviendrait de le prendre au mot et de
se lancer rapidement dans les
discussions, car la situation de crise
dans le pays requiert un retour rapide à
la table des négociations.
D'autres, moins crédules, ont compris
le jeu d'Ennahdha qui, comme à son
habitude, cherche à diviser ses
adversaires pour gagner du temps et
faire surtout avorter la campagne Erhal
(Dégage), initiative du Front de salut
national (FSN), prévue entre le 24 au 31
août.
Ces derniers ont d'ailleurs rappelé
les précédentes manoeuvres d'Ennahdha,
qui a réussi à absorber la colère du
peuple au lendemain de l'assassinat de
Chokri Belaïd, en sacrifiant l'ex-chef
du gouvernement provisoire, Hamadi
Jebali, son secrétaire général, pour
faire revenir le processus politique
dans le pays à la case... Ennahdha.
Béji Caïd
Essebsi et Hamma Hammami, le tandem
gagnant du Front de salut national,
qui donne des cauchemars à Ennahdha.
Ennahdha a le
dos au mur
Ce ne sont pas les épisodes qui
manquent attestant de la propension du
parti islamiste (au pouvoir) à
privilégier ses intérêts sur ceux de la
Tunisie et des Tunisiens, qui comptent
si peu, à ses yeux, devant le grand
dessein des islamistes: le retour du
califat islamique.
Il est cependant à craindre que
l'opposition ne se laisse une nouvelle
fois berner et se retrouve au début
d'une nouvelle traversée du désert.
Il faut comprendre que c'est Ennahdha
qui est en position de faiblesse, car il
a mené le pays au bord de la faillite et
appréhende avec beaucoup d'inquiétude
les conséquences de la chute des
islamistes en Egypte.
Le regain d'agitation de Rached
Ghannouchi, pris par une crise de
bougeotte, est l'ilustration d'un
profond malaise que les dirigeants d'Ennahdha
essaient de noyer dans une loghorrée
légitimiste qui ne convainct plus
personne, en dehors de leurs troupes.
C'est donc à Ennahdha, condamné à
sauver sa mise, de faire les concessions
les plus douloureuses, et d'abord la
dissolution ou la démission du
gouvernement Ali Larayedh, responsable
de la crise actuelle dans le pays, pour
espérer redistribuer les cartes, se
reprendre et refaire le chemin perdu
dans l'exercice du pouvoir, en
perspective des prochaines élections.
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Publié le 23 août 2013 avec l'aimable
autorisation de Kapitalis
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