Tunisie
Tunisie : Annahdha
met Jebali sur orbite
pour remplacer Marzouki
Zohra Abid
Samedi 23 février
2013
Le plébiscite du
chef du gouvernement provisoire Hamadi
Jebali par l'opposition et sa démission,
acceptée avec joie par Ennahdha, ne
seraient-ils qu'un scénario pour lui
baliser la voie vers le Palais de
Carthage.
Par Zohra
Abid
Hamadi Jebali est le candidat
favori d'Ennahdha pour la présidence de
la république. Ses camardes, presque
unanimes, jugent qu'il est le meilleur
profil pour conduire bientôt les
affaires de l'Etat. Sahbi Âtig,
président du bloc parlementaire d'Ennahdha,
l'a bien confirmé aujourd'hui sur
ExpressFM.
«On vous a
tous roulés dans la farine!»
Les Tunisiens ayant suivi, au détail
près, les évènements de ces derniers
jours (discours, réactions, accolades,
applaudissements...) l'ont aussi
compris.
«Hamadi a devant lui un radieux
avenir, je veux dire un avenir
politique», a déclaré aux médias
Rached Ghannouchi, avec un sourire
narquois – l'air de dire: «On vous a
tous eus!» –, le jour même où le
président du gouvernement provisoire
présentait sa démission et que le
Conseil de la Choura d'Ennahdha se
réunissait pour lui choisir un
successeur.
Et si l'initiative de Jebali,
annoncée le soir même de l'assassinat du
dirigeant de gauche Chokri Belaïd, le 6
février, appelant à la constitution d'un
gouvernement de technocrates
indépendants des partis, était une
simple manœuvre pour amortir le choc de
cet assassinat dont la responsabilité
politique a vite été attribuée à
Ennahdha, leurrer l'opposition – très
forte quand il s'agit de tomber dans le
panneau –, donner à Jebali la stature
d'un homme d'Etat plébiscité par tous
les Tunisiens, le remplacer au passage
par un autre homme de l'appareil
nahdhaoui, le très mauvais ministre de
l'Intérieur Ali Lârayedh, le laisser
quelques temps en réserve de la
république, tout en le préparant à
remplacer le «tartour»
(guignol) de service, Moncef Marzouki,
président provisoire de la république,
jugé très imprévisible et, parfois,
incontrôlable?
Ce scénario, monté à Montplaisir,
quartier d'affaires de Tunis où se
trouve le siège d'Ennahdha, a été
exécuté jusque là avec succès par les
Nahdhaouis, Jebali compris.
Jebali à
Carthage pour remettre sa démission à
Marzouki:
cherchez les dindons de la farce!
Le temps du
partage du pouvoir est fini
L'opposition d'Ennahdha à Jebali ne
serait donc qu'une tromperie, et les
opposants sont tombés dans ce piège les
pieds joints.
Le baiser posé par Jebali, avant-hier
soir, sur le front de Rached Ghannouchi,
lors de la réunion du Conseil de la
Choura d'Ennahdha vaut donc son pesant
de... promotions à venir.
Les cris «Jebali Li-Arriassa»
(Jebali président), lancés hier matin,
par des groupes d'individus, lors de la
visite du chef du gouvernement de
gestion des affaires courantes au marché
de gros de Bir El Kassaâ, au sud de la
capitale, seraient, selon certaines
sources, commandités par la direction d'Ennahdha
(voir les banderoles préparés à
l'avance). Un evisite loin d'être
inopinée.
C'est là, on s'en doute, un message
envoyé à qui veuille bien comprendre,
parmi les alliés comme les opposants,
que le temps du partage du pouvoir est
fini et que le parti islamiste entend
exercer seul désormais son ministère
divin dans une république islamiste en
marche forcée.
Bientôt, donc, sur les écrans de
Tunis, le nouveau film d'Ennahdha:
'' 6e Calife: le Retour''!
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Publié le 23 février 2013 avec l'aimable
autorisation de Kapitalis
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