Tunisie
Tunisie. Des
Salafistes fâchés contre le drapeau
national
Zohra
Abid
Mercredi 8 mars
2012
On a imaginé le pire
avec ces Salafistes qui se moquent
royalement des lois et du monde. Mais
qu’ils touchent à notre sacré drapeau,
là, ça fait trop. Inadmissible. La
présidence de la République est sortie
de son silence et a violemment réagi.
Par Zohra Abid
Mais côté gouvernement, c’est le
silence total. Des ténèbres. Un silence
qui ne peut être que «complice» ou
«coupable». Car, on continue de laisser
faire ces extrémistes et on fait
semblant de ne rien voir, rien entendre
et en agissant jamais contre leurs
«chers» salafistes.
Un drapeau ou
un torchon?
Mercredi matin, le drapeau tunisien,
hissé à l’entrée de la faculté des
lettres de la Manouba, était comme un
torchon entre les mains des salafistes
qui l’ont remplacé par le leur. Les
forces de l’ordre étaient, certes, sur
place, mais comme si elles étaient
absentes. Juste pour le décor. Ni leur
uniforme ni leur présence n’effraient
plus ces hors la loi. D’ailleurs, de
leur hiérarchie, elles n’ont pas reçu
l’ordre d’intervenir. Donc, pas le droit
de leur en vouloir.
Interrogé à 13h30 par Kapitalis à
propos du silence des autorités,
l’attaché de presse du ministère de
l’Intérieur n’était même pas au courant
de ce qui s’est passé. Au téléphone, il
nous a dit qu’il était en réunion et
qu’il vient d’être informé. Or, sur les
ondes, l’information fait du bruit.
Toutes les radios en parlent. A l’appui,
des vidéos, avec image et son, circulent
à la 5ème vitesse. Toute la
Tunisie est au courant. Sauf… le
ministère de l’Intérieur. Bizarre.
Comme si rien
ne se passait…
Pas la peine de s’interroger sur le
sujet de cette réunion. Inutile.
Passons. Ca ne sert à rien de s’arrêter
sur ce point. Le moment est grave.
Au moment où une foule de salafistes
fait la loi, agressant tous ceux qui ne
partagent pas avec elle son idéologie,
tout le monde (en tant normal) doit se
mobiliser et agir. Là rien de rien… Ni
ministres, ni représentants du
gouvernement, ni porte-parole de X ou de
Y… Sans commentaires.
Sur un autre plan, tous les
évènements de la journée de moindre
importance (et moindre gravité) ont été
publiés par l’agence officielle Tap.
Sauf l’événement de la faculté de la
Manouba. Il a fallu attendre 15h46 pour
voir une première réaction émanant de la
présidence de la République. Suivie, une
heure après, d’une brève reprenant
quelques extraits d’un communiqué de la
faculté de la Manouba où l'on reproche
l’absence flagrante de la sécurité. Une
brève d’une rare indifférence. Pas plus
plat. Ainsi, on éviterait les reproches
et on pourrait dire qu’on l’a fait. Mais
où est passé le patriotisme? Un drapeau,
c’est à défendre jalousement. Là, rien
de rien. Mais bon sang, combien de
martyrs sont tombés, rien que pour
hisser ce drapeau?
Plus tard, l’agence Tap a publié ce
qui suit: «Des affrontements ont eu lieu
mercredi à la faculté de la Manouba,
entre des étudiants salafistes qui
portaient des armes blanches et d’autres
étudiants dont certains appartiennent à
l’Union générale des étudiants tunisiens
(Uget)… Suite à ces accrochages, 5
étudiants ont été victimes d’acte de
violence dont 2 ont reçu les premiers
secours sur place et 3 autres ont été
transportés d’urgence à l’hôpital
Mohamed Kassab… Les agents de l’ordre
sont intervenus pour faire sortir les
étudiants de l’Uget bloqués à l’Ipsi et
des renforts sécuritaires sont arrivés».
Les salafistes armés, quant à eux, sont
restés sur place. Ils règnent en maitres
des lieux. Intervention (dites-vous !)?
La présidence
brise le silence
C’est donc un peu après 15h que la
présidence a publié sur sa page facebook
officielle un communiqué. Pour dénoncer
ce qui s’est passé. Pour dire aux forces
de l’ordre d’intervenir… avec FORCE.
Pour interpeler les hommes de la justice
afin qu’ils appliquent les lois.
Selon le communiqué, le drapeau est
le symbole national qui rassemble toutes
les couleurs : le symbole du sang des
martyrs, le symbole de l’islam, symbole
de la tolérance et de la paix… Ce que
les salafistes n'ont pas compris.
Dans l’après-midi, Hatem Farhat,
avocat à Mahdia, a porté plainte auprès
du procureur de la République appelant à
l’application de l’article 129 du Code
pénal qui condamne tous ceux qui portent
atteinte aux symboles de la patrie.
Ça bouillonne
de partout, le couvercle de la cocotte
risque de sauter
Sur sa page facebook, le parti
Ettakatol de Mustapha Ben Jaâfar
(président de l’Assemblée de la
constituante) a publié, lui aussi, un
communiqué condamnant les pratiques de
certaines personnes qui portent atteinte
à notre drapeau national et qui ne
respectent pas les règlements intérieurs
de nos universités… Le parti appelle à
punir ceux et celles qui nuisent à la
sécurité des citoyens. Un peu après,
vers 18h30, le Pdp a de son côté exprimé
sur sa page facebook son indignation. Le
Cpr, a quant à lui, réagi autrement. Le
logo a été remplacé par le drapeau en
rappel des paroles de l’hymne national.
Les autres partis ne vont
certainement pas se taire. Des
communiqués vont suivre dans les heures
qui viennent.
Sur les réseaux sociaux, les
internautes sont actuellement bombardés
de photos datant d’une trentaine ou
d’une quarantaine d’années en provenance
d’Afghanistan ou d’Iran… Avant la prise
du pouvoir par les islamistes
extrémistes. Car, si on se laisse faire,
la Tunisie risque de basculer dans le
noir. A méditer.
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Publié le 8 mars 2012 avec l'aimable
autorisation de Kapitalis
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