De Gaza
La résistance par
la non-violence en Palestine:
Une stratégie efficace à soutenir
Ziad
Medoukh
Ziad
Medoukh
Jeudi 31 janvier
2013
Les récentes évacuations israéliennes
par la force de deux petits
rassemblements pacifiques dans des
tentes à Bab chams – la porte du soleil-
et à Karama- la dignité-, rassemblements
organisés par des dizaines de militants
palestiniens près de Jérusalem afin de
protester contre la construction des
colonies israéliennes sur des terrains
appartenant à des Palestiniens, montrent
que la lutte populaire pourrait réaliser
nos objectifs nationaux, et que la
non-violence pourrait toujours être une
stratégie efficace de combat contre
l’occupation israélienne de nos
territoires palestiniens.
L’aspect le plus important dans ces
évènements réside dans la détermination
de ces militants, qui, malgré la
brutalité des forces d’occupation, et
malgré leur évacuation sont revenus à
plusieurs reprises et par divers moyens
sur les lieux évacués. Ils y ont non
seulement accroché des drapeaux
palestiniens, mais ils y ont surtout
dressé des tentes. Ces moyens sont
restés non-violents malgré les
différentes attaques et arrestations
israéliennes, c’est un indice fort de la
capacité de ces Palestiniens à
développer leurs actions pacifiques
contre les forces de l’occupation et
contre la colonisation et la
confiscation de leurs terres.
Ces actions marquantes s’ajoutent aux
différentes actions organisées de façon
régulière par des dizaines de
Palestiniens, notamment en Cisjordanie,
près du mur d’apartheid et sur des
terrains confisquées par l’armée
israélienne. Ces actions sont moins
importantes dans la bande de Gaza, avec
seulement quelques manifestations contre
la zone tampon de sécurité imposée par
l’armée israélienne au nord de la bande
de Gaza.
Les médias y compris les médias
palestiniens, n’ont pas beaucoup parlé
de ces actions pacifiques, et les partis
et factions, voire les institutions
officielles palestiniennes n’ont pas
soutenu ce type d’actions.
Les médias ne s’intéressent pas à ce
type de résistance, ils recherchent la
guerre, les morts, et les actes de
violence, ils sont avides de telles
manifestations, on l'a vu lors des
récentes agressions israéliennes contre
la bande de Gaza en novembre dernier.
L’autorité nationale palestinienne est
très impliquée dans les négociations et
dans un processus de paix avec le coté
israélien, un processus en plein échec,
vingt ans après les accords d’Oslo.
Israël n’a jamais appliqué ni les
accords de paix, ni aucune résolution
internationale et cela devant le silence
complice d’une communauté internationale
souvent absente devant ces violations
israéliennes permanentes.
Les factions palestiniennes sont
divisées sur le choix unique d’une forme
de résistance armée, qui n’a pas de
consensus et d’autres formes qui ont
montré leurs inefficacités, sans oublier
le déséquilibre total entre les moyens
militaires israéliens, et les moyens
utilisés par ces factions.
Le problème est que la résistance par la
non-violence n’est pas soutenue, ni
encouragée par cette Autorité, et ces
factions, cette résistance se développe
suite à des initiatives citoyennes et à
un engagement individuel sans vraie
stratégie, ni planification ni
organisation à long terme. Les actions
non-violentes, malgré leur importance,
durent peu de temps et sont
occasionnelles.
Nous sommes occupés, et nous avons le
droit légitime de résister par tous les
moyens contre cette occupation qui
assassine, qui tue et qui colonise tous
les jours. Mais la résistance par la
non-violence pourrait aider les
Palestiniens à en finir avec cette
occupation coloniale.
La situation actuelle dans les
territoires palestiniens est marquée
notamment par l’absence de perspectives,
le désespoir total et la poursuite
d’installation de colonies israéliennes
.Un blocus inhumain est imposé depuis
plus de sept ans au million et demi
d’habitants de Gaza.
En Cisjordanie, un mur d’apartheid
sépare les Palestiniens de leurs
villages et de leurs terres, sans
oublier l’accélération de la
colonisation, les check points et les
mesures coercitives prises par
l’occupation.
Face à cette situation, dans leur lutte
contre l’occupation et la revendication
de leurs droits nationaux, les
Palestiniens, malgré leur détermination
et leurs différentes formes de
résistance, n’ont pas réussi à réaliser
leurs espérances : ils sont toujours
occupés et voient leur terre confisquée
par les colons.
Notre conjoncture est marquée par
beaucoup d’événements qui se passent
dans notre région et dans le monde, et
qui rendent la résolution du conflit
israélo-palestinien très difficile, cela
demande une réflexion réelle de la part
de toutes les organisations
palestiniennes afin de trouver une
solution durable à notre conflit avec
les Israéliens.
Nous, Palestiniens, devons nous
organiser, être à la hauteur de nos
espérances, à la hauteur des espérances
de tous ceux qui partout dans le monde
sont solidaires de notre cause. Nous
essayons de proposer une alternative par
la non-violence, même si l'occupation
israélienne poursuit sa politique
agressive et violente contre notre
peuple.
La résistance par la non-violence est ni
connue, ni approuvée par beaucoup de
Palestiniens, cette résistance est moins
médiatisée, elle n’est pas soutenue,
elle ne fait pas partie des priorités
pour l’Autorité et pour les factions,
néanmoins, elle a besoin d’être
organisée, et d’être pratiquée par les
citoyens palestiniens qui ne peuvent
rester indifférents à la confiscation de
leurs terrains et à leur souffrance au
quotidien.
C’est vrai, que les Palestiniens
résistent au quotidien par leur force et
l'attachement à leur terre en dépit de
toutes les agressions israéliennes. Mais
ils doivent développer la résistance
contre les colons et contre les soldats
israéliens qui viennent régulièrement
sur des territoires qui ne leur
appartiennent pas.
L'action non-violente, contrairement à
ce que la plupart des gens pensent,
c'est le choix le plus difficile, parce
qu’elle exige des techniques de
coordination , de coopération et une
vraie détermination pour être efficace
et donner des résultats plus utiles que
le recours à la violence. La
non-violence fait partie de la
mobilisation populaire qui fait
réellement peur aux occupants. Israël
préfère la lutte armée et les factions,
car c'est un prétexte pour bombarder,
attaquer, écraser les Palestiniens,
c’est précisément, le développement de
la lutte non-violente du peuple
palestinien qu’Israël redoute le plus
pour son image.
C’est pourquoi nous pensons que le défi
le plus important pour les Palestiniens
est de pratiquer la résistance
non-violente, car cette forme de
résistance, non seulement développe la
dignité humaine, mais garantit
l’indépendance et la capacité de ses
partisans à endurer les représailles et
à lutter contre toutes les formes
d’injustice.
L’option pour la non-violence demande
des sacrifices, certes, elle demande
aussi de la patience. Mais notre peuple
est connu pour sa capacité à endurer des
sacrifices pour la terre de Palestine.
Et surtout il est connu pour sa
patience. Depuis plus de 65 ans, notre
peuple souffre et malgré tout cela, il
résiste, il garde l'espoir. Oui, la vie
continue en Palestine.
Le plus important pour nous, maintenant,
est d'essayer de mobiliser l'opinion
publique dans le monde afin qu'elle soit
solidaire avec notre noble cause et pour
y arriver, il faut un changement dans
nos pratiques politiques, il nous faut
encourager la participation de toute la
société palestinienne à l'élaboration de
notre futur projet national.
Cela signifie que nous avons besoin de
mettre en lumière les actions
non-violentes organisées en Palestine,
afin que le monde entier sache que les
Palestiniens sont conscients de ce
concept civilisé, en tant que peuple
occupé défendant sa terre, sa liberté et
son indépendance.
Cela signifie enfin que le devoir de la
communauté internationale est de
soutenir le mouvement de la non-violence
en Palestine, pas seulement de faire
connaître les actions non-violentes,
mais surtout de boycotter les produits
israéliens dans une campagne
internationale citoyenne et
institutionnelle, de boycotter cet état
d’apartheid.
C’est pourquoi, le choix palestinien de
la résistance par la non-violence, avec
une stratégie efficace et bien définie,
avec une mobilisation populaire et un
soutien officiel d’une part, et un
boycott de l’extérieur, restera une
solution possible comme forme de
résistance à l’occupation israélienne
afin de réaliser nos objectifs nationaux
et nos espérances de vivre en liberté et
en paix sur notre terre.
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