De Gaza
N'oubliez pas la Cisjordanie,
n'oubliez pas Jérusalem
Ziad Medoukh
Ziad Medoukh
Lundi 25 janvier 2010
"Gaza, on n'oublie pas !", ce cri
repris par des milliers de voix partout dans le monde et par les
marcheurs de la liberté au Caire, certes, nous touchent ! Mais,
qu'il ne nous fasse pas oublier les autres territoires
palestiniens et le sort de leurs habitants.
Que ce soit à
Gaza ou en Cisjordanie, la situation actuelle des Palestiniens
est dramatique à tous les niveaux.
Israël poursuit
ses plans de colonisation , ses mesures de coercition et ses
attaques violentes contre la population. Israël refuse
d’appliquer les accords de paix , continue de réduire les
Territoires palestiniens et d’y enfermer de plus en plus leurs
habitants.
Il s’agit d’une politique coloniale bien
organisée qui occasionne beaucoup de souffrance pour les
Palestiniens et leur interdit de vivre en paix et en liberté.
Pour moi,
palestinien de Gaza , malgré toutes les difficultés , notamment
le blocus, la fermeture permanente des frontières, et les
attaques israéliennes contre les habitants de
la bande de Gaza, je
pense que la situation est tout autant dramatique en
Cisjordanie, et en particulier, à Jérusalem, avec les mesures
israéliennes qui visent à expulser de plus en plus de
palestiniens de leurs habitations et de leur ville et rendent la
création d’un état palestinien viable de plus en plus
irréaliste.
Pour nous
Palestiniens, nous ne devons pas tomber dans le piège israélien
qui tend à focaliser l’attention sur
la Bande de Gaza pour
accélérer la colonisation de la Cisjordanie.
Depuis l'application du plan de retrait
israélien unilatéral de Gaza en 2005 tous les yeux sont tournés
vers la bande de Gaza à la suite des événements marquants qui
s’y sont déroulés : les élections législatives, les
affrontements et les division inter palestiniens, le blocus
israélien et le boycott international et surtout la dernière
agression massive d’Israël contre Gaza et sa population fin
2008.
Pendant que les yeux étaient
tournés vers Gaza, les différents gouvernements israéliens ont
pu plus librement poursuivre leurs mesures de spoliation des
Palestiniens à Jérusalem et en Cisjordanie.
La Cisjordanie
et Gaza forment une unité démographique et géographique unie que
les Israéliens veulent séparer avec une stratégie, bien précise
et étudiée de longue date, pour réaliser cet objectif.
L’occupation implacable continue et s’étend . Israël méprise
toutes les conventions , ignore les objurgations internationales
qui lui demandent de geler la construction des colonies en
Cisjordanie et de mettre fin aux expulsions des Palestiniens et
à toutes les mesures oppressives, injustes et violente ,
exercées contre eux.
En Cisjordanie,
les mesures israéliennes brutales contre les droits humains de
Palestiniens et à l’encontre de toutes les conventions
internationales, sont nombreuses et sont pratiquées par
l’occupation pour rendre la vie quotidienne de plus en plus
difficile à supporter.
- Le plan
d’épuration ethnique pour une colonisation accrue se poursuit.Il
faut savoir que le ministère de l’Habitat israélien a préparé
des plans de colonisation intensive visant à quasiment doubler
le nombre de colons en Cisjordanie occupée.Ces plans prévoient
la construction de 73.000 logements pour les colons juifs dans
les prochaines années, dont 5.700 dans des quartiers de
Jérusalem-est annexée.Au total, les constructions dans les
implantations de la Cisjordanie occupée
pourraient accueillir au moins 280.000 habitants.
Font
partie de ce plan, surtout actuellement à Jérusalem, la
destruction des demeures appartenant aux Palestiniens, sous
prétexte d’absence de permis de construction dont la délivrance
leur est systématiquement refusée, ou l’expulsion des familles
de leurs maisons, qui sont immédiatement occupées par des
colons. Le nombre des familles palestiniennes sans abri à
Jérusalem augmente chaque jour.
Ailleurs, la destruction des maisons, activité banalisée de
l'armée d'occupation, peut prendre la forme de "punitions
collectives" dans la traque et la répression des activistes,
"d'impératifs de sécurité", notamment pour la construction du
mur d'apartheid et d'annexion de plus de terre palestinienne
etc. L'armée d'occupation n'a pas besoin de toujours
s'embarrasser de justifications ou de prétextes, pour la
destruction des biens et des ressources palestiniennes....
- Le mur
d'apartheid ! Une enquête menée par le Bureau Central des
Statistiques palestinien a révélé que son impact
démographique avait doublé au cours des trois dernières années :
il a entraîné le déplacement de près de 3.880 familles
palestiniennes composées d'environ 28.000 personnes, sans
oublier la spoliation des terres agricoles, la destruction des
puits et le déracinement des oliviers qui sont un symbole de
paix partout dans le monde ; symbole en sens
inverse, terrible, de l'occupant israélien qui arrache ces
arbres de paix, en même temps que sa ressource première, de la
terre palestinienne.
La "barrière de
sécurité", comme l'appelle l'occupant, n'empêche pas l'armée
israélienne de quadriller l'espace clos, de plus en plus
restreint, réservé aux Palestiniens en Cisjordanie par un
infinité de check points destinés à empêcher leur libre
circulation.
- Il y a plus de
128 check points dans les différentes régions de la Cisjordanie encerclées
par le Mur. Ces check points renforcent l'isolement des villes
et des villages palestiniens. Les Palestiniens n'ont pas la
liberté de se déplacer sur leur propre territoire ; ils font la
queue des heures et des heures dans des conditions humiliantes
et très pénibles pour pouvoir passer d'une ville à une autre,
quand ils n'en sont pas empêchés ; les habitants des villages
environnants, étudiants pour accéder aux écoles et aux
universités, malades pour se faire soigner, travailleurs pour se
rendre sur leurs lieux de travail, agriculteurs sur leurs
terres, et... en revenir.
Les
Palestiniens doivent toujours être en attente d'une permission
des soldats israéliens pour pouvoir étudier, se soigner, aller
travailler, cultiver leurs terres, même faire des courses,
simplement... vivre au quotidien ! Traités comme des suspects,
parce que Palestiniens, par l'armée étrangère qui occupe leur
territoire, ils doivent en permanence présenter leurs papiers
d'identité et des autorisations en règle. Tel est l'abus, le
premier enfer quotidien inhumain de l'occupation. En bref, le
Palestinien doit avoir une autorisation pour rentrer et sortir
de sa propre ville, contrainte humiliante et négation flagrante
d'une liberté élémentaire.
Il ne faut pas
non plus oublier, que pour les croyants, musulmans ou chrétiens,
ces check points rendent l'accès aux lieux saints très
difficiles.
Jérusalem, la Ville Sainte des
Palestiniens, musulmans ou chrétiens, leur est maintenant
interdite d'accès s'ils n'en possèdent pas la carte de résident,
dont la délivrance par Israël est de plus en plus restreinte.
Il y a,
- Les raids,
"incursions", contre les villes et camps de réfugiés sous
autorité palestinienne avec leur lot d'arrestations, de blessés,
de morts, de destructions et de vie sous terreur, surtout pour
les familles des camps;
-Les arrestations
quotidiennes arbitraires des Palestiniens partout en
Cisjordanie.
- Les assassinats
des militants et des activistes
- La
répression violente des manifestations populaires
pacifiques contre le Mur, comme à Bilin, Nilin et Al-Massadah.
Des blessés et des morts sont à déplorer. Les arrestations et
emprisonnements des responsables et des villageois sont de plus
en plus fréquents. Cette répression n'épargne pas les amis
solidaires de l'international qui viennent soutenir les
Palestiniens et que l'occupant veut décourager.
Toutes ces
mesures font partie du projet israélien qui vise à rendre
impossible la création d'un état palestinien libre et
indépendant. L'occupation s'accroît et remet en cause l'idée
même d'un processus de paix.
Le blocus de Gaza
est terrible pour ses habitants, mais le vrai danger pour un
futur Etat palestinien se situe en Cisjordanie et à Jérusalem,
qui de destructions en destructions, d'expulsions en expulsions,
de colonies en colonies, sont entrain de perdre le paysage de
la Palestine arabe.
Nous devons
tous être vigilants et attentifs à ce plan israélien,
- les
Palestiniens d'abord qui sont tombés malheureusement dans le
piège israélien de la division. Ils doivent surmonter leurs
divisions et trouver une stratégie unie et efficace dans leur
lutte et leur résistance contre l'occupation ;
- la communauté
internationale ensuite, qui a la responsabilité de faire
stopper toutes les mesures illégales de l'occupation
israélienne afin d'ouvrir le chemin à un réel
processus de paix.
Gaza ou
Cisjordanie, nous affrontons tous la politique coloniale
meurtrière d'Israël. Toutes les exactions israéliennes contre
les populations civiles de la bande de Gaza et de la Cisjordanie
doivent être dénoncées.
La souffrance et
la résistance palestinienne à la spoliation et à l'occupation
sont Une, quel que soit le territoire. En font également partie
nos frères et soeurs exilés, réfugiés, partout dans
le monde, qui, pas plus que les habitants de Gaza et de
Cisjordanie, doivent être oubliés.
Les
analyses et poèmes de Ziad Medoukh
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