De Gaza
Entre trois
projets opposés
Les Palestiniens ne déclencheront pas
leur troisième Intifada
Ziad
Medoukh
Ziad
Medoukh
Mardi 8 octobre 2013
Alors que les Palestiniens célèbrent ces
jours-ci, le 13ème anniversaire de
leur deuxième Intifada, déclenchée fin
septembre 2000, alors que les accords
d’Oslo signés il y a vingt ans ne sont
qu’illusion, alors que les forces
d’occupation israélienne poursuivent
leur politique agressive envers les
Palestiniens en Cisjordanie et dans la
bande de Gaza, politique qualifiée
d’apartheid vis-à-vis des Palestiniens,
et tandis que les négociations de paix
n’avancent pas à cause de l’attitude du
gouvernement israélien qui ne veut pas
la paix, sous le silence complice de la
communauté internationale officielle et
avec l’impunité d’Israël, un Etat hors
la loi, qui ne respecte pas les accords
signés, alors que les colons israéliens
protégés par les soldats de l’occupation
encerclent et asphyxient les
Palestiniens de la Cisjordanie, alors
que la colonisation se poursuit et ne
laisse presque rien aux Palestiniens,
malgré la tension, avec quelques
affrontements entre les jeunes
palestiniens et soldats israéliens
notamment à Jérusalem et dans quelques
camps et villes de Cisjordanie,
affrontements qui ont fait des morts et
des blessés , beaucoup d’observateurs
ont évoqué la possibilité de déclencher
une troisième Intifada dans les
territoires palestiniens, notamment en
raison de la déception totale des
Palestiniens et de l’absence de
perspectives pour un vrai changement de
leur situation si délicate.
Ces observateurs affirment que
le recours à un soulèvement contre
l’occupation serait
un message clair : la situation actuelle
ne pourra durer, avec toutes ces
agressions israéliennes et avec l’échec
total de toutes les initiatives de paix
proposées.
Il est difficile de mener une troisième
Intifada et d’assurer sa continuité dans
la conjoncture actuelle de la Palestine
où règne la
division et dans cette région marquée
par l’instabilité et le changement
permanent du pouvoir qui ne font pas toujours
du soutien à
la cause palestinienne une priorité
Et le plus difficile est de savoir
quelle forme prendrait cette Intifada
pour affronter les soldats et les colons
israéliens. Un affrontement militaire,
des actions non-violentes, ou d’autres
formes ?
Il y a actuellement trois projets
opposés en Palestine pour affronter la
réalité dure de l’occupation, pour
récupérer les droits fondamentaux des
Palestiniens et afin de libérer nos
territoires toujours occupés.
Le premier est un projet de négociation
de paix.
Le deuxième est pour une résistance
militaire.
Le dernier est pour la non-violence
comme forme de résistance.
Malheureusement, il n’y a pas de
consensus sur la forme unique de
résistance qui est pour les Palestiniens
d’affronter leur dure réalité marquée
par l’occupation, la colonisation et
l’humiliation.
Dans
la bande de Gaza, les factions observent
les événements d’
Egypte, et ne peuvent pas lancer de
missiles contre les villes israéliennes
voisines, car en dehors de la trêve
respectée par ces factions et jamais par
l’armée israélienne, la tension avec le
nouveau pouvoir militaire en Egypte, la
fermeture du passage de Rafah, et la
destruction des tunnels rendent
leurs actions très prudentes, sans
oublier leur intérêt de ne pas
dramatiser la situation d’une population
déjà en crise et sous pression.
En Cisjordanie, malgré quelques
affrontements entre soldats israéliens
et jeunes palestiniens, l’autorité
palestinienne très impliquée dans un
processus de paix qui n’a pas donné de
fruits, ne veut pas d’une militarisation
de cette Intifada et désire donner une
chance aux négociations.
Des comités populaires et des
activistes, notamment en Cisjordanie,
optent pour la non-violence, en tant
que stratégie
pour affronter la colonisation et les
agressions israéliennes contre les
villages et terrains palestiniens au
travers d’ actions pacifiques, mais le
problème est qu’il n’y a pas de
coordination entre les différents
comités sur le terrain, et que ces
actions, malgré leur importance, ne sont
pas organisées , sans oublier qu’elles
ne sont pas non plus permanentes, elles
se produisent seulement quand l’armée
israélienne évacue des maisons ou
détruit un quartier ou des villages. Un
autre problème freine
ces actions : le manque de soutien
officiel et l’absence d’un soutien
populaire plus large.
Le
problème est aussi que chaque partie
défend son projet et prétend qu’il est
le meilleur et le plus efficace, sans
penser aux autres projets sur le terrain
et sans prendre en considération les événements qui
s’y déroulent, la nécessite de s’y
adapter et surtout d’avoir une
concertation avec les autres tendances
de la société palestinienne.
Dans un état de discision et de
fragmentation, avec deux gouvernements
rivaux, et trois projets de résistance,
les Palestiniens ne pourront pas
déclencher leur troisième Intifada, même
si les choses se radicalisent sur le
terrain. Il serait difficile d’assurer
une vraie organisation de cette nouvelle
révolte contre les forces de
l’occupation.
Lors de deux premières Intifadas, la
première en 1987, non-violente -la
révolte des pierres- la
deuxième en 2000, celle-là militaire, il
y avait un seul mot d’ordre respecté par
tous les partis politiques et toutes les
tendances qui existaient sur le terrain,
il y avait un Conseil suprême pour gérer
et organiser toutes les actions
proposées et respectées par tout le
monde .
Actuellement, et avec la division, les
trois projets ont montré leur
inefficacité, par manque de coordination
et sur le terrain rien n’a changé,
l’occupation est toujours là, les colons
sont toujours présents. Au contraire,
les Palestiniens voient leurs
territoires disparaître au profit de ces
colons.
La seule résistance qui fonctionne et
qui a prouvé son efficacité, c’est la
résistance au quotidien, c’est la force
des Palestiniens, qui ont décidé de
rester , de ne pas partir, c’est
l’attachement à la terre de ces femmes,
ces jeunes, ces pêcheurs, ces étudiants,
ces paysans ,ces familles et toute une
société civile, qui, en dépit de toutes
les agressions israéliennes et de toutes
les difficultés sur place, a décidé
d’affronter la réalité dure par la
volonté, la patience et la résistance
sur le terrain.
Une Intifada, un soulèvement, une
révolution devront toujours
passer par une unification de toutes les
forces et tendances sur terrain, mais,
avant tout, par l’unité nationale
palestinienne.
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