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Gaza
JE SUIS LIBRE malgré
l'occupation
Ziad Medoukh
Ziad Medoukh
Mercredi 6 octobre 2010
En lisant cet article, bien des gens seront
probablement étonnés de son contenu, d’autant plus étonnés que
son auteur est un Palestinien vivant sous occupation, un Gazaoui
enfermé par un blocus inhumain imposé de façon illégale par des
occupants qui ne veulent pas la paix, qui détestent la paix.
L’auteur est un Palestinien qui vit comme son peuple une vie
anormale provoquée par l’occupation israélienne dont les mesures
défient le droit international.
Mais, cela peut sembler paradoxal,
la vérité est que je me
sens libre dans la bande de Gaza en dépit de la violation
israélienne des droits des Palestiniens, et du droit
international.
Aujourd’hui, la situation en Palestine est
difficile à tous les niveaux à cause des mesures de
l’occupation, qui séparent Gaza de la Cisjordanie, qui empêchent
les Palestiniens de mener la vie de tout le monde. Malgré cela,
nous nous sentons beaucoup plus libres que les occupants qui
essaient de nous encercler, de nous enfermer, avec leurs
barrages, leur check-points, leurs colonies et leur mur.
En Cisjordanie, les Palestiniens souffrent de
ces barrages, de ces check-points, de la construction illégale
de ce mur qui sépare les villageois de leur village, les élèves
de leur école, les paysans de leur terre, les familles de leur
famille. Ils souffrent de l’accélération de cette colonisation
qui n’a jamais cessée, même en pleines négociations de paix
entre Palestiniens et Israéliens.
Deux années
presque se sont écoulées depuis la fin de l’agression
israélienne contre sa population civile et Gaza est toujours
sous blocus. Rien
n’a changé à Gaza : les frontières sont toujours fermées et les
passages qui la relient à l’extérieur s’ouvrent une ou deux fois
par semaine pour permettre à quelques camions d’y acheminer une
petite quantité de
médicaments et de produits alimentaires bien en deçà des besoins
de la population ; par ordre militaire israélien, beaucoup de
produits sont interdits d’entrée à Gaza, en particulier les
matériaux de construction qui permettraient de rebâtir les
maisons détruites fin 2008, début 2009, ce qui laisse les
habitants dans une précarité extrême ; mais le plus grave pour
les Gazaouis, c’est l’absence de perspective d’avenir, en raison
du blocus d’une part, et du maintien de la division d’autre part
.
L’occupation
m’empêche de me déplacer, de sortir de mon pays, d’y revenir le
cas échéant, de mener la vie normale de tout citoyen, mais JE
SUIS LIBRE.
Oui, JE SUIS LIBRE malgré l’occupation, je
suis bien plus libre que les soldats israéliens qui contrôlent
les Palestiniens aux barrages et aux check-points, bien plus
libre que les militaires israéliens qui tuent et blessent mes
compatriotes avec leurs balles et leurs bombes, bien plus libre
que les politiques israéliens qui décident chaque
jour de continuer de
construire des colonies nouvelles sur nos terres au mépris du
droit international et des droits des Palestiniens.
C’est vrai, il est difficile d’aller d’un
village à un autre, d’une ville à une autre dans les territoires
palestiniens, mais JE SUIS LIBRE.
Les provocations israéliennes, les attaques,
les bombardements, les incursions, les raides, se poursuivent,
mais malgré tout cela, JE SUIS LIBRE.
La souffrance fait partie de notre quotidien,
mais JE SUIS LIBRE
Je vis dans un grand territoire divisé, mais
JE SUIS LIBRE
Je
vis dans une grande prison appelée Gaza, mais JE SUIS LIBRE.
JE SUIS LIBRE comme tout mon peuple est
libre.
C’est le courage, la patience, la
détermination, la résistance qui nous rendent libres, qui me
rendent libre, mais c’est surtout l’espérance en un lendemain
meilleur, mon espérance en un lendemain de liberté et de paix !
Par elle, je suis libre dans ma pensée, dans ma conscience, et
dans mon esprit, JE SUIS LIBRE
dans mon cœur.
JE SUIS LIBRE malgré l’occupation.
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